PUNISHER : BLOODY VALENTINE
En avril 2006, soit un peu plus d’un an plus tard, la paire Gray/Palmiotti remet le couvert avec Frank Castle, toujours dans la collection Marvel Knights. Et on peut dire qu’ils ont de la suite dans les idées…
Alors que le Punisher traquait des voleurs de bijou, un peu trop suréquipé à son goût pour ce genre d’activité, il se retrouve nez à nez avec ce qui ce qui pensait être une morte : Suspiria.
En fait, tous les deux traquent les mêmes personnes, mais pour des raisons différentes. l’Italienne a besoin d’info, car le même gang est spécialiste de rapts, et elle a besoin de remonter la chaîne de leur fournisseur d’arme allemand et de son associé sicilien, avec qui elle a un compte personnel à régler.
Le justicier qui y voit aussi un intérêt, accepte de l’accompagner dans son repère, en Italie. Sauf qu’elle est attendu par ses ennemis et est obligée de faire exploser sa somptueuse villa afin de leurrer son ennemi … qui est en fait l’assassin de son mari, le kidnappeur de sa fille, et pour lequel a été obligé de travailler pour la survie de sa progéniture.
Le plan est donc d’investir un casino à Rome … bien évidemment, ils sont vite repérer et ça vire au carnage. Suspiria récupère des infos sur sa fille, non sans avoir mutilé le vieux Sicilien.
Reste le trafiquant allemand, qui tente de s’enfuir en avion, avec de quoi assouvir ses penchants pédophiles … il prendra quand même l’avion, mais à la manière de Suspiria…
Gray et Palmiotti fournissent un récit bien enlevé, très rythmé, tout en s’assurant d’être suffisamment compréhensibles. Pas besoin de complexifier l’intrigue : deux anti-héros, deux (bien) vilains avec un antagonisme simple et efficace. Cette caractéristique correspond bien au récit car en 3 pages sans bulles, ils donnent les origines de Suspiria avec des scènes marquantes, en mettant en parallèle à la suite, celles du Punisher (en deux pages). les personnages ont donc des points communs, et comme le titre l’indique, une idylle va se former (juste le temps du week-end, pour s’accorder un peu de bon temps). Je n’ai pas le souvenir d’avoir lu le Punisher s’exprimer sur le physique des gens (excepter peut être sur le Caïd), même en off, comme ici, et encore moins pour complimenter celui d’une femme. Un détail, mais c’est une autre manière d’écrire sur le personnage, qui ne reste pas insensible, ce qui était un peu perceptible sur le one-shot précédent.
L’autre aspect intéressant est qu’ici, Frank Castle ne semble pas être le personnage principal. C’est Suspriria qui mène la danse, et même à la fin, dans l’avion, afin d’éviter que le Punisher fasse peur aux enfants en éclatant la cervelle de l’Allemand, elle préfère assommer son homologue américain. Elle se charge elle-même de la manière de se débarrasser du pédophile. Cela montre bien que les auteurs ont la volonté de ne pas faire un Punisher au féminin, de montrer qu’elle peut aussi avoir d’autres méthodes. En tout cas, on sent bien que Gray/Palmiotti ont pour volonté de mettre en avant les femmes, avec également les 3 acolytes italiennes de Suspiria. C’est assez raccord, là aussi, avec ce qu’ils peuvent produire par la suite, en dehors de chez Marvel et DC, notamment.
Je suis généralement assez fan des auteurs qui poursuivent leurs idées d’une série à une autre, et ici, cela s’y prête plutôt bien, avec une logique et efficacité indéniable. Et puis aussi, comme je suis assez fan de Paul Gulacy, cela ne gâche rien. L’encrage de Jimmy Palmiotti assagit un peu ses exagérations classiques, je trouve. Cela donne un rendu peut être plus commercial, mais on reconnait quand même tout de même bien le style du dessinateur au premier coup d’œil. Il a quelques scènes marquantes, avec des gros plans qui font leur office (notamment la scène où Suspiria met un flingue sur la tempe du Sicilien, qui est très forte). Et le travail sur les ombres donne un rendu par moment très intéressant et assez immersif.
A noter que la toute dernière page sonne comme une fin à la James Bond …
Je ne sais pas si Suspiria reviendra, mais le Punisher, oui, c’est sûr !