1974-2024 : BON ANNIVERSAIRE LE PUNISHER !

PUNISHERMAX #6-11 : BULLSEYE

Le Caïd se retrouve, un peu devant le fait accompli, à embaucher le tueur à gage s’appelant Bullseye, pour tuer le Punisher. Après une première escarmouche à distance sur le toit du building du chef de la pègre, l’assassin professionnel s’échine à vouloir rentrer dans la tête de son idole en occupant une ancienne de ses planques, en portant ses t-shirts à tête de mort, en dormant à côté de la tombe de sa famille, en martyrisant et tuant violemment le médecin et vieille connaissance de Castle, en comprenant sa logique de localisation de ses planques et donc en les découvrant toutes, … il va même jusqu’à reproduire le drame du pique-nique en faisant tuer plusieurs famille tout en se prenant pour lui. Mais rien n’y fait, il ne ressent rien.
Parallèlement, apprenant que la mort de son doc passe pour un suicide malgré les preuves contraires, le Punisher tue le flic qui rencardait Fisk. A partir de ce moment, le NYPD se met en chasse, et le Caïd leur donne même la carte de toutes ses planques. Blessé, affaibli, sans moyen, Castle décide de prendre quand même l’initiative, s’introduit dans l’immeuble de Fisk et s’attaque à Bullseye… qui a fini par comprendre la logique de Castle, et sa manière de pensée. Et surtout comment, un soldat aussi affûté a pu être pris dans une fusillade ayant entraîné la mort de ceux qu’il chérissait le plus.
Et au moment fatidique, il va se servir de ce qu’il a compris pour faire perdre les moyens du Punisher… mis à l’arrêt. Fisk va en profiter pour faire tomber les deux combattants de plusieurs mètres, désormais aux mains du NYPD…

Et Jason Aaron sait maintenir le suspense avec cette dernière image, parce qu’on ne sait pas ce qu’a dit Bullseye au Punisher, et on se demande vraiment pas ce qu’il va arriver par la suite, tant on n’a jamais vu (de mémoire) le justicier être dans un tel état de surprise, quasi horrifié et presque catatonique.
Entre temps, il a un peu joué avec les personnages. Si Bullseye est toujours aussi peu scrupuleux avec la vie humaine, sa folie est légèrement différente que celle de celui de la Terre 616. Ici, il cherche absolument à comprendre comment fonctionne son idole, les raisons qu’ils l’ont amené à être ce qu’il est. Indirectement, Aaron explore un même sujet qu’Ennis avec Born, mais via un œil extérieur, un naïf, qui n’est pas parti pris, tout en respectant le travail de l’Irlandais. Et puis ça permet d’avoir des scènes cocasses, mais également violentes. A noter qu’il n’a pas les mêmes capacités, qu’il ne peut pas tuer avec une simple carte par exemple, ce qui est clairement dit par l’auteur dès le début. Là aussi, on est complètement en respect de l’univers d’Ennis (bon, dommage qu’il y ait le tatouage en cible sur le front, je trouve pas cela très utile, ni véritablement exploité). Et histoire d’enfoncer le clou, il est affublé d’un nom différent de celui du Tireur.
Toute cette violence va être de trop pour Fisk, qui supporte modérément cette folie, et encore plus les tueries des familles innocentes, au point d’essayer de la tuer, de ses propres mains. il est intéressant de voir un Caïd pas si physiquement omnipotent, et avec un caractère loin d’être si placide. D’autant plus qu’on le voit attaqué au couteau par sa femme (qui lui en veut toujours pour la mort de son fils), lors d’une scène de sexe. Je trouve vraiment qu’Aaron profite bien du label Max, avec un certain dosage (même quand il y a une attaque de vomi), et aussi de la liberté d’exploiter des personnages classiques à sa guise.
Alors, peut être que les scènes de moments de réflexions mentales de Bullseye auraient pu être réduites… peut être. Mais l’effet aurait-il été le même ?

Et le Punisher dans tout ça ? Aaron exploite totalement la vieillesse du personnage. La présence du médecin dans les deux premiers épisodes permet à l’auteur d’en montrer encore plus à ce sujet avec une liste non exhaustive des maux, et pas que liés à ses blessures. Castle n’est qu’un homme, qui pourrait être grand-père, et cela commence à se sentir.
Mais le médecin parle aussi du mental du personnage, de ce qu’il a été avant d’être celui qu’il est, et finalement, en deux ou trois récitatifs, Aaron prépare son prochain arc.

Quand je lisais, je me disais que Steve Dillon était en mode automatique, comme si le crayon dessinait tout seul, tellement il tient son personnage. Et puis il y a cette fameuse scène en fin d’album, et je me rends compte que quand il s’agit de travailler l’expressivité, même du Punisher qui est pourtant monofacial de bout en bout (enfin presque), il sait faire.

Je vous laisse, j’ai hâte de savoir ce que Bullseye a pu dire à l’oreille du Punisher…

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