1974-2024 : BON ANNIVERSAIRE LE PUNISHER !

Le premier arc de la série Punisher War Zone, par Chuck Dixon et John Romita Jr, mettait en scène la famille mafieuse Carbone. Parmi elle, le tonton, Sal, connaissait un sort funeste : laissé pour mort par Frank Castle, il réapparaissait à la dernière page, dans un état mental dégradé, mais bien décidé à ne pas en rester là.

Le personnage réapparaît dans Punisher War Zone Annual #2, à l’occasion d’une nouvelle histoire là encore écrite par Dixon. Cette fois, le scénariste est épaulé par un jeune Dale Eaglesham, pas encore en mode culturiste, et dont le style s’avère assez fluctuant sur ce long récit, mais loin d’être inintéressant.

L’histoire s’ouvre avec la réapparition de Sal Carbone, qui ne se souvient plus de son nom véritable et se fait appeler Thorn. On est en droite ligne du premier arc, et c’est la voix off du personnage que l’on va suivre. Dans les premiers numéros de la série mensuelle, Dixon s’amusait à croiser quelques voix off différentes, mais cette fois, c’est seulement celle de Sal que l’on est en mesure de suivre.

Dans un état mental délabré, Sal Carbone intercepte un trafic d’armes et, au volant d’une Cadillac bourrée d’armes, remonte jusqu’à New York, lieu attaché à ses vagues et derniers souvenirs. Il espère y retrouver ceux dont il ne se rappelle pas le nom mais qu’il associe à son état actuel. Et premièrement, il retrouve Mickey, le fameux informateur qui avait permis à Johnny Tower d’infiltrer la famille Carbone.

Comme il l’espère, les fusillades à répétition attirent donc Johnny Tower, alias qui-vous-savez, et ça défouraille à tout va. Eaglesham déploie, dans les scènes d’action, un style qui n’est pas sans rappeler le Rick Leonardi de l’époque, avec des personnages athlétiques aux positions tordues et un brin maniéré.

Les séquences d’action représentent un Sal Carbone impassible, comme privé d’émotion, avançant à la manière d’un robot au milieu des balles qui fusent des voitures qui se télescopent. Il y a dans la gestuelle raide du tueur quelque chose d’un Terminator ou d’un Robocop, qui ne se tourne pas obligatoirement vers sa cible avant de tirer.

En plus de canaliser Leonardi, Eaglesham bâtit des anatomies déjà solides, évoquant les muscles surnuméraires des personnages de Simon Bisley. Et les vitres brisées, restituées en multiples tessons aux contours tordus comme des confettis, rappellent le traitement du verre dans certaines représentations de Frank Miller.

Le scénario présente donc un Sal Carbone impassible, comme vide, exempt de tout sentiment. La description de son périple dans les quartiers malfamées évoque un reflet déformé du Punisher lui-même, comme un double négatif, une version « pire ».

Contre toute attente, le personnage survit à sa rencontre avec Johnny Tower / Frank Castle / Punisher, ce « stonefaced one » qui le hante. Le justicier le balance d’un échangeur autoroutier, espérant qu’il finisse sous les roues d’une voiture, mais la chance veut que Sal atterrisse sur le toit d’un camion en direction du New Jersey, où il doit encore se trouver, Marvel n’ayant pas, à ma connaissance, fait revenir le personnage depuis lors.

Mais Dixon prend le temps de nous montrer que Sal, toujours amnésique et gravement atteint, est encore vivant, errant comme un fantôme vidé de toute énergie. Et la dernière page explicite le parallèle entre l’ancien tueur et le justicier, sous-entendu dans tout l’épisode : ils sont tous deux « déjà morts ».

Le sommaire comprend deux autres histoires. La première, écrite par Ralph Macchio, permet de retrouver Roc, un colosse aperçu dans le deuxième arc de Punisher War Zone. Cela donne l’impression que cet Annual sert à ranger les jouets, donnant des conclusions à plusieurs intrigues en cours.

Le dessin est assuré par Dave Ross, qui livre des planches pleines d’action, d’autant que l’adversaire de Castle refuse de mourir durant toutes les pages que dure le duel, après plusieurs tentatives bien vicieuses de la part du héros de la série.

Le troisième récit, ne faisant intervenir le Punisher que de loin, est écrit par Steven Grant. Il s’agit d’une sorte de suite de dominos qui s’écroulent les uns après les autres, les personnages s’entretuant jusqu’à ce qu’il ne reste qu’une cible pour Castle.

Le dessin est joliment assuré par Alberto Saichann, que je ne connais pas, et qui oscille entre un Russ Heath et un Eduardo Risso. Anecdotique, mais bien ficelé.

Jim

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