1974-2024 : BON ANNIVERSAIRE LE PUNISHER !

J’ai longtemps pensé que le premier contact de John Buscema avec le Punisher datait du cross-over « Suicide Run », et donc de Punisher War Zone #23 à 25 (avec un étrange encrage par Val Mayerick, qui renouvelle le trait de Buscema, extirpant son énergie et son sens de la caricature : c’est pas magnifique, mais c’est tendu, nerveux, crispé).

En fait, la vraie rencontre remonte à Punisher War Zone Annual #1, daté de 1993 (« Suicide Run » est daté du début 1994). Sous une couverture de Michael Golden, le sommaire présente trois histoires, Big John se chargeant de la première.

Le récit s’ouvre sur une énième intervention de Frank Castle contre des yakuzas. Parallèlement, on découvre un inventeur altruiste, un certain Cord, qui travaille à une armure à toutes épreuves. L’inventeur destine sa création aux pompiers, aux policiers, aux différents services d’intervention sauvant des vies. On devine, à la tronche de sournois que Buscema dessine à son financier, que l’affaire ne sera pas aussi simple.

Et en effet, au fil des scènes du récit, qui voient Frank Castle retrouver Mickey, le personnage qui le connaît sous le nom de Johnny Tower, puis affronter la mafia russe, on comprend que le milieu criminel bruit d’une rumeur étrange : des enchères vont avoir lieu dans un complexe de conférence.

Bien entendu, Frank, Mickey et Micro (avec qui le premier s’est rabiboché) sont sur le coup, surveillant les intervenants et identifiant les invités aux enchères. Castle se sent comme un chasseur devant patienter alors que la chasse est désormais ouverte.

De son côté, Cord a identifié l’un des commanditaires susceptibles d’acheter des exemplaires de son invention et donc de financer la suite de ses travaux : un mafieux provenant d’un petit pays appelé le Bosqueverde.

Dès lors, les choses se mettent en branle. Tandis que le Punisher planifie son attaque, Cord tente de convaincre son mécène de renoncer aux enchères. Mais bien entendu, la parfaite petite vie américaine que Cord connaît avec son épouse aux yeux verts et son bambin apprenant à se servir d’un cuiller est menacée par son investisseur.

Quand le Punisher passe à l’attaque, Cord décide aussi de jouer le tout pour le tout. À eux deux, ils liquident les mafieux (Chuck Dixon signe quelques remarques cyniques impliquant des grosses munitions qui abattent plusieurs hommes d’un coup : les munitions, ça coûte cher, faut rentabiliser) et se retrouvent face à face.

Castle finit par convaincre Cord qu’il a déjà une cible tracée sur sa tête, et toutes les mafias du monde sur le dos.

Le récit se conclut sur une note assez triste : l’homme quitte sa femme, inventant un mensonge sordide, dans l’espoir de protéger sa famille.

Le deuxième récit, réalisé par Steven Grant et Bill Marimon, implique une course-poursuite qui se conclut dans un cimetière. Le Punisher traque sa victime au milieu des tombes, et ce n’est qu’à la fin qu’on comprend l’endroit où se déroule l’action.

Le bandit meurt sur la tombe de Maria Castle, l’épouse du justicier. Je ne savais pas que l’identité des tueurs ayant participé à la fusillade qui a coûté la vie à la famille de Castle avait fait l’objet d’un récit. Il n’est pas étonnant que ce soit Grant, l’un des artisans du personnage, qui signe ce petit récit court.

Le dernier récit fait le portrait de Tracy, une call-girl qui sert également d’informatrice à un certain « Frank ». Le lecteur devine aisément de qui il s’agit, mais la jeune femme l’ignore. Et elle tombe amoureuse de son mystérieux mécène.

Ce court récit de George Garagonne et Louis Williams, assez inhabituel, dévoile à la fois les méthodes et le petit réseau qu’entretient le justicier, mais aussi une étincelle d’humanité en lui.

Et aux sentiments qu’elle éprouve à son endroit répond une froide commisération de la part du justicier, à l’opposé de l’agressivité haineuse qu’il nourrit à l’encontre de la racaille.

Jim

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