1974-2024 : BON ANNIVERSAIRE LE PUNISHER !

Petit retour sur « Jigsaw Puzzle », une saga trépidante qui a marqué son époque.

La saga est publiée durant l’été 1990, selon le rythme bimensuel propre aux séries qui marchent, un procédé appliqué à Amazing Spider-Man, Uncanny X-Men ou encore Captain America. L’histoire commence comme bien des aventures de Frank Castle : un plan mûrement préparé contre une organisation. En l’occurrence un entrepôt de drogue.

Le premier épisode, dans Punisher #35, est illustré, d’assez belle manière, par Bill Reinhold. Frank Castle surgit comme une furie dans l’entrepôt et met le feu. Littéralement. Mais dans l’action, il découvre que le trafic est organisé par son vieil ennemi Jigsaw. Le héros redevient obsédé par son adversaire, dont il pensait s’être débarrassé.

Dans ce premier chapitre, on découvre que la drogue est un puissant produit stérilisant (et donc Frank envisage de décoller pour le Venezuela afin de mettre un terme à cela). Mais on apprend également que Jigsaw est en cheville avec une sorte de gourou qui tire son pouvoir des assassinats qu’il commet. Ça promet.

Dès le deuxième chapitre, dessiné par Mark Texeira (c’est daté d’août 1990, donc légèrement avant ses épisodes de Punisher War Journal), Frank prend Jigsaw en chasse et se retrouve mêlé à une guerre des gangs dans un quartier défavorisé, à l’une des factions de laquelle Jigsaw fournit des armes. Bien sûr, ça mitraille. On sent l’épisode de remplissage, même si les chargeurs se vident très vite.

Mike Baron nous montre un Frank Castle qui prépare minutieusement son attaque, mais qui, ensuite, fonce dans le tas, presque à l’aveugle. Au limite du suicidaire, le personnage se réjouit des fusillades, savourant l’action et affichant un sourire sadique. C’est presque une forme de synthèse que Baron parvient à créer ici.

Le troisième chapitre, également illustré par Texeira, montre le héros récupérer un van gadgetisé. On sent là encore le remplissage et le plaisir des auteurs à raconter des scènes superflus, à l’exemple de la lutte entre Frank et un robot gardien trop bien programmé par Microchip. La voix off, très ironique, signale un recul du scénariste par rapport à son personnage, une ironie évidente. Qui fait mouche surtout autour de la scène du van volant, summum jamesbondien (ou fantomassien) dans la saga.

Les personnages se retrouvent donc au Venezuela. L’esprit jamesbondien plane toujours, puisque Castle, sans changer de nom, réserve une chambre dans un grand hôtel avec piscine, se fait passer pour un botaniste et fait de charmantes rencontres, dont Joy Adams, qui reviendra plus tard dans les aventures du personnage.

Le quatrième chapitre est illustré par Bill Reinhold, et permet de confronter le Punisher à Jigsaw. Castle découvre que le Venezuela, c’est un peu comme le New Jersey, tout le monde tire sur tout le monde. Mais bon, Joy Adams embrasse bien. Sacré James. Pardon : sacré Frank.

Capturée, Joy fait la rencontre du gourou associé à Jigsaw. Ce révérend est Samuel Smith, un vieux personnage de la série, puisqu’on l’a vu dans Punisher #4, où Castle l’avait abandonné dans la jungle. Prêt à se couper la main pour l’offrir au démon qu’il vénère, c’est un décalque fictionnel de Jim Jones, le gourou meurtrier mort au Guyana en 1978 avec près d’un millier de fidèles.

Le cinquième épisode, illustré par Jack Slamn, n’est pas aussi enthousiasmant que les précédents, mais il propose quelques idées sympas. Par exemple, parmi les pouvoirs accordés à Samuel Smith par son démon, il y a celui de guérir les blessures : il efface donc la cicatrice qui tracasse tant Joy. De son côté, Frank Castle, perdu dans la jungle et soigné par un ermite, ressemble de plus en plus à son ennemi Jigsaw.

C’est au début du sixième et dernier chapitre qu’on découvre qui est le démon que Smith vénère : Belasco. L’épisode est rapide, plein d’action, avec un duel entre le Punisher et Jigsaw qui met en avant la haine redoutable qu’ils éprouvent l’un pour l’autre.

À la fin du récit, seul le révérend disparaît. Jigsaw, dont le visage avait été guéri un temps, retrouve ses cicatrices et sa haine, et c’est reparti pour un tour. La saga a les qualités et les défauts des récits de Mike Baron, dont une rapidité frénétique, sans doute héritée de son travail sur la série Badger. Et il y a un mauvais esprit qui rend la saga bien amusante.

Jim

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