Les deux derniers épisodes de Punisher War Journal, les 28 et 29, que dessine Mark Texeira confrontent le Punisher au Ghost Rider : deux vedettes musclées du début des années 1990, qui marquent le triomphe de l’expression la plus violente du fameux « grim & gritty » qui aurait définitivement marqué la décennie précédente.
Tout commence sur le périphérique où Frank Castle assiste à la combustion spontanée d’un motard. Surgit alors le Ghost Rider. Dans la conversation, le flingueur apprend du motard que la victime utilisait des drogues en provenance de la Roaring Island, sur la trace de laquelle notre héros va se lancer.
Cette « Île Rugissante » est une légende urbaine, un véhicule composite semblable à un énorme bus équipé de canon, et cachant selon toute vraisemblance un laboratoire clandestin. Traçant sur les routes, l’engin semble indétectable (on comprendra que c’est en partie dû au fait que les parties qui en composent le tout se séparent régulièrement).
Avec l’aide de Microchip puis après avoir enquêté sur un concert d’un groupe dont le meneur est un drogué notoire (Baron fait feu de tout bois et aligne quelques clichés sur le monde du spectacle, abattant plein d’idées sans réellement les creuser, se montrant pour le coup trop généreux), le Punisher parvient à retrouver l’étrange véhicule.
Beaucoup de poursuites dans cet épisode, où Texeira déploie son sens des traits de vitesse dans une émulation évidente d’Akira. Le coloriste Greg Wright semble sur la même longueur d’ondes en recourant à des palettes qui rappellent celles qu’utilise Steve Olliff.
Entre-temps, Microchip a fourni à Frank des médicaments retardant l’effet des drogues. Le scénario est construit de telle manière que l’on songe dans un premier temps à un cocktail visant à lutter contre l’épuisement du justicier, mais ce ressort dramatique servira dans le second épisode.
Capturé par Straker, le patron de l’Île Rugissante, Frank est soumis à un sérum de vérité (scène qui permet de comprendre que Castle résiste à son pouvoir révélateur) puis à l’effet de la nouvelle drogue inventée dans son laboratoire, le Spin. C’est là qu’on comprend que les pilules fournies par Microchip permettent au justicier de résister aux conséquences des stupéfiants.
Utilisé comme livreur de drogue, Frank contacte Microchip afin de trouver un moyen de pirater le système du véhicule composite, puis retrouve le Ghost Rider en vue d’une attaque frontale.
Une chose est sûre : on ne peut pas accuser Mike Baron de décompresser son récit. C’est rapide au point d’en être elliptique, à la limite de la cohérence. Pour le coup, un troisième volet aurait été nécessaire afin d’équilibrer un peu le récit, qui frise le bazar.
Tout est trop rapide dans cet épisode. De nombreuses idées intéressantes (ce véhicule incroyable qui aurait pu constituer une menace d’ampleur, la confrontation de Frank avec le regard de pénitence du Ghost Rider…) sont comme escamotées avec le plus palpable des mépris, laissant une impression de « dommage ».
Qui plus est, le récit repose sur un cliché des histoires de drogues révolutionnaires, à savoir les effets secondaires spectaculaires et rapides. Quel trafiquant se réjouirait de commercialiser un produit qui promet de détruire par le feu tout utilisateur après quelques prises ? Si le réservoir de consommateurs s’évapore en quelques mois, c’est la fin du business. C’est pourtant sur ce postulat que Baron construit un diptyque aussi frénétique que bordélique.
Jim