Sorti en 1990, mais pas supervisé par Carl Potts (remplacé ici par Terry Kavanagh), Punisher - The Prize est un prestige format, dans cette belle présentation que j’aime bien, des comics à dos carré avec un joli papier mat.
Écrit par Chris Henderson, auteur de nouvelles, le récit entraîne le Punisher sur les traces d’une mystérieuse vente aux enchères qui semble exciter toute la communauté de l’espionnage, notamment des hommes du renseignement israélien.
Ce qui interpelle le justicier, c’est que, assistant à un échange entre deux parties, il voit une troisième faction arriver, flinguer tout le monde puis repartir sans s’intéresser aux armes ni à l’argent. Il décide donc de remonter la piste, sous une couverture concoctée par Microchip, celle d’un journaliste.
Ce qui le conduit à croiser le chemin de Jessica Bradley, une caméraman… camérawoman, sans doute ! L’enquête les conduit à Los Angeles puis au Mexique. Toujours sous couverture (ce qui, chez Frank Castle, se résume souvent à une moustache postiche), il sent une certaine tension sexuelle naître entre eux deux, ce qu’il rejette aussitôt.
Durant son périple, Frank repère un homme dégarni dont il se méfie, à force de le croiser. Il finit par confronter l’individu, qui s’avère une tête connue des lecteurs d’Iron Man (première période Michelinie) : Vincent Martinelli, chef de la sécurité chez Stark, puis chez Stane.
L’affaire se précise : les enchères mystérieuses concernent de la technologie de pointe opportunément escamotée lors du rachat d’une entreprise par l’autre. Le récit décolle réellement à ce moment (on a quand même passé la moitié de la pagination). Henderson avait rempli son intrigue, pour l’instant, de poursuites et de fusillades diverses, qui avaient sans doute permis de remplir le compte de pages allouées.
D’une part, on a enfin la définition des enjeux. D’autre part, la journaliste, moins énamourée et naïve qu’on pouvait le croire, a percé à jour l’identité de son associé journaliste.
L’improbable trio s’aventure dans la jungle afin de connaître l’enjeu des enchères. Le trait de Mike Harris, cassant, nerveux, mais un peu trop esquissé, convient mieux aux scènes d’action qu’aux séquences de parlotte.
Finalement, on découvre ce qui mobilise les services secrets du monde entier et les gangs les plus ambitieux des deux Amériques : une vieille armure d’Iron Man reconditionnée.
S’ensuit une ultime baston, avec canonnade à la clé, comme de juste, montrant la manière dont Frank Castle peut se sortir de combats déséquilibrés en jouant la carte du coup vicieux.
Dans l’ensemble, une intrigue sympathique mais trop délayée, une caractérisation pas idiote mais superficielle, et un dessin réaliste agrémenté d’un encrage nerveux au point de sembler être bâclé : n’est pas Bill Sienkiewicz qui veut, et on dirait du Neal Adams encré par un Kyle Baker qui aurait des délais trop courts. Si l’aspect spontané, premier jet, est sans doute volontaire, ça manque de soin et les décors maigrichons laissent une impression de va-vite.
Jim