En fait, la raison initiale pour laquelle j’ai chroniqué six épisodes de Punisher War Journal dessinés par Mark Texeira, c’est qu’en fait j’ai le numéro #31 chez moi, et j’étais curieux de le lire. Ce que j’ai fait, puis j’ai cherché sur le net la suite, et j’ai regardé les épisodes d’avant, et le bidule entraîne le bidule, tout ça tout ça…
Donc, Punisher War Journal #31, pourquoi je l’ai ? En l’ouvrant, la réponse est évidente : il est dessiné par Andy Kubert et encré par Joe Kubert. C’est musclé, avec une sacrée ambiance. Le seul reproche graphique que je ferais, c’est la couverture peinte par Joe Jusko, assez raide et pas du tout à niveau.
Le principe est tout bête : le Punisher suit une piste concernant des trafiquants de drogue, qui le mène à Fairbanks. Bien entendu, il laisse traîner ses oreilles et tombe sur une autre affaire, un trafic d’armes.
Avec l’aide de Microchip, il assemble les pièces du puzzle et découvre qu’un général renégat venant du Kamchatka s’allie à un groupuscule d’éco-terroristes, le HOP (pour Humans Off Planet, un groupe qui reviendra dans les aventures du Punisher). Il parvient à se faire passer pour un émissaire du général afin de choper quelques informations puis croise une ancienne actrice acoquinée avec les militants.
Frank Castle découvre que l’enjeu des transactions, qui ressemblent à un billard à trois bandes, c’est la destruction d’un pipeline. Apparemment, le groupe écolo cherche à démontrer que la nature est en danger, mais ça cache quelque chose.
L’action, bien entendu, se déplace au nord, dans la neige. Le Punisher veut aller voir et Microchip le rejoint bientôt, avec tout un arsenal. Ça flingue, ça bastonne, on a droit à quelques scènes jamesbondesques de poursuite à ski, ce genre de choses.
L’association du père et du fils fonctionne à merveille. Les ombres qu’Andy aime placer un peu partout sont traitées avec l’encrage rond et gras, et pourtant nerveux, de son père, c’est expressif et les lumières sont bien travaillées. De l’action nerveuse comme il faut.
À la fin de ce premier épisode de la trilogie « Kamchatkan Konspiracy », Frank et Micro découvrent que le général renégat ne se contente pas de fournir des armes aux écolos, mais soutient leur entreprise de détruire le pipeline. Frank décide de s’en mêler.
Les deuxième et troisième parties sont dessinées cette fois par Ron Wagner, un dessinateur assez académique mais dont la maîtrise de l’anatomie et le goût pour les scènes d’action correspond à merveille à la note d’intention du titre. Le deuxième volet est encré par Mark Pennington, pour un résultat soigné, mais le troisième est embelli par Dan Green et il y a un plus évident, on se rapproche de la richesse du premier épisode.
L’intervention du Punisher, et surtout la brutalité du général, fait progressivement changer d’opinion l’actrice en quête d’une cause à défendre. Elle et ses associés écologistes découvrent que le général les a manipulés dans le but évident de fragiliser la Russie récemment éclatée et d’obtenir par la force l’indépendance.
Le dernier volet voit l’étrange trio de héros se rendre en Sibérie afin de déloger le général de la raffinerie dont il a fait sa base. Graphiquement, sans être à la hauteur du premier volet, cet épisode est très agréable, Dan Green travaillant les ombres et les matières.
Le général renégat s’allie à un vieil ennemi du Punisher, Saracen, qui fait ici son retour après l’aventure sicilienne. Mike Baron utilise le personnage comme cible de la haine du Punisher : responsable de la mort de la partie italienne de sa famille, il incarne une vengeance inassouvie, ce qui permet au scénariste de donner une dimension complémentaire à la croisade du justicier.
Autre particularité de l’épisode, une scène de baiser entre Frank et l’actrice, qui annonce une séquence plus intime. Comme le souligne notre Mallrat national, le Punisher n’est pas à une conquête près dans la version de Baron, et la liste des « Puni-girls » s’allonge. « Il faut bien que le corps exulte », disait Brel.
À la fin du récit, Saracen est dans la ligne de mire du Punisher. Mais l’arme de ce dernier est vide. La vengeance est pour demain…
Le premier épisode ressemble à du Mike Baron classique sur ce titre : un chapitre dense, elliptique, parfois bavard afin de compenser toutes les ellipses et de donner plein d’informations avant les bastons. Les deux suivants, un peu moins condensés, sont plus fluides et laisse aux personnages un peu d’espace afin d’être caractérisés. Dans l’ensemble, une aventure agréable à suivre et assez plaisante à regarder.
Jim