Les aventures de Frank Castle, à raison de 225 numéros en huit ans, sont de qualité inégale, et riches d’un univers foisonnant, pour ne pas dire broussailleux. Le trop étant l’ennemi du bien, le public se lasse du personnage. Marvel décide d’annuler les trois séries et de repartir avec un titre unique. Le Punisher est escamoté à l’occasion du cross-over «Countdown», où Castle, aux abois, se retourne contre son seul allié, Microchip. Il est au centre de l’événement Double Edge, en fin 1995, comme on vient de le voir.
En novembre 1995, en couverture de Punisher #1, Frank Castle passe sur la chaise électrique. Aux commandes, John Ostrander, réputé pour l’excellente série de science-fiction Grimjack chez First, et ses reprises astucieuses de Firestorm, Hawkworld ou Suicide Squad chez DC. Il est servi au dessin par Tom Lyle, dont le trait laborieux a déjà prouvé son efficacité sur la série Robin.
Frank Castle est sauvé de la peine de mort par Don Geraci, parrain de la pègre qui veut faire de lui son héritier. Castle comprend bien vite que mettre la main sur une puissante famille mafieuse lui permettra de poursuivre sa croisade contre le crime tout en lui donnant accès à une logistique que sa campagne solitaire ne lui avait jamais accordée.
la parenté entre Castle et la mafia italienne renvoie à «The Sicilian Saga», récit de Mike Baron. Vinnie Barbarossa, l’homme de main, et Leslie, la fille de Don Geraci, l’appellent Don Castiglione.
Rosalie Carbone, personnage inventé par Dixon et Romita Jr dans Punisher War Zone fait un retour remarqué (dans le numéro 5, dessiné par Pat Broderick) au milieu d’une réunion de la pègre, où le Punisher rencontre Tombstone, ennemi de Spider-man. Mais elle trouve la mort dans la fusillade. Ça bouge, ça secoue : Ostrander gère la continuité, mais n’hésite pas à faire un sort à des personnages qui sont là depuis des années.
Le SHIELD découvre que Frank Castle est encore vivant dans le numéro 7 et se lance aux trousses du nouveau parrain. Castle affronte Jigsaw (#9-10), puis s’associe à l’agent Bridge du SHIELD (#11) dans le cadre du cross-over «Onslaught».
En plus de jouer les agents doubles pour le SHIELD, Castle, enfin Castiglione, s’approche de l’univers de mutants dans «Total X-Tinction» dans les numéros 12 à 16, ce qui ne semble pas tellement aider le titre, qui s’arrêtera quand même au numéro 18.
Le dernier épisode abandonne le personnage à l’issue d’une bataille sanglante, où il affirme ne plus savoir qui il est, mais connaître sa mission. Sur la couverture, le héros porte la barbe, mais il s’est débarrassé de son costume et agit en civil. Le Punisher version Ostrander s’est débarrassé de tout son attirail qui avait rendu les versions précédentes sans doute trop caricaturales.
C’est donc un Punisher amnésique, hanté par des souvenirs diffus de sa vie passé mais convaincu d’avoir une mission qui se trouve désormais disponible. Il sera repris dans une version surnaturelle labellisée « Marvel Knights ». Mais l’amnésie aux frontières de la démence dans laquelle Ostrander le laisse à la fin de sa série servira aussi à Garth Ennis pour balayer d’un revers de la main les mini-séries précédentes : tout ça, ce n’était que des hallucinations, et Ennis reprend à zéro, finalement là où Ostrander avait laissé le personnage.
Jim