PUNISHER (Vol. 5) #1-4 : UN MONDE SANS PITIÉ
Avril 2000 : il a été longtemps absent et la racaille a besoin d’un rappel à l’ordre. Bon retour, Franck.
Moins d’un an après le fiasco Révélation, Marvel change de formule et lance une maxi-série de 12 épisodes, toujours sous le label Marvel Knights, mais cette fois-ci, avec une équipe premium qui a déjà largement fait ses preuves : Garth Ennis et Steve Dillon ! Rien que ça.
En effet, le duo n’a pas encore achevé Preacher (je me demande bien comment faisait Steve Dillon, d’ailleurs !), qu’il débarque pour la première fois* chez Marvel. Nouveau gros coup pour Quesada et Palmiotti.
J’avais dit que Purgatoire était, pour moi, une démarcation éditoriale pour le Punisher. Avec Ennis et Dillon, j’estime que le personnage est entré dans une nouvelle ère inégalée (appeau à Mallrat) jusqu’à présent.
Dans ce premier album paninien, qui reprend donc les 4 premiers épisodes US, Ennis ne s’embarrasse pas avec les anges et leurs armes venues du Ciel. En quelques récitatifs, il explique comment Castle est redevenu le Punisher que l’on connait. Et dès le premier épisode, la note d’intention est précise : il va faire dans l’épure et l’efficace, avec son humour sans concession. Et c’est exactement ce qu’il s’y passe, où page après page, on voit le justicier éliminer de plusieurs manières les fils de Ma Gnucci, sorte de Marraine de la Mafia locale, ainsi que sa clique. Si bien qu’elle va finir par essayer de se venger à la première erreur du Punisher. Sauf que celui-ci n’est pas sans ressource et si elle va finir vivante, ce sera sans hommes de main et sans une partie de son corps (dans un épisode se passant dans un zoo, pas piqué des hannetons).
Mais Ennis ne s’arrête pas à cela. Il développe des personnages secondaires qui gravitent autour du Punisher : tout d’abord, ses voisins d’immeuble, rapidement présentés, mais suffisamment pour qu’on les repère facilement, puis ensuite, le duo de flics chargé d’arrêter le justicier, composé du loser Soap (d’ailleurs, il doit y avoir un jeu de mot avec R. Soap, mais je n’ai pas trouvé) et de Molly Von Richthofen, son antithèse féminine. Ils ont été choisi car personne au sein de la Police ne souhaite que le Punisher s’arrête. Sauf les Gnucci ont de fortes relations dans les huiles de la ville.
Il est évident que tout ce petit monde prendra de plus en plus d’importance au fil des épisodes.
Et puis comme Ennis semble vouloir avoir un coup d’avance, il prépare déjà un nouvel antagoniste, un curé qui fait également sa propre justice, façon définitive.
A noter que l’auteur n’aime pas les super-héros (je crois qu’il l’a dit dans plusieurs interviews) et il ne perd pas de temps pour le faire savoir puisque Daredevil, qui était le sauveur et le père moralisateur avec Potts, est ici bien amoché par le Punisher qui lui refait bien comprendre sa façon de penser. Mais avec sa méthode.
A la relecture, plus de 20 ans plus tard, de ces épisodes, tout revenait rapidement. Les personnages créés par Ennis sont vraiment marquants. Les premiers mots auxquels j’ai pensés après m’être enfilé ces 4 épisodes d’affilé, c’était fluidité et plaisir. Cet album, c’est un paquet de nounours au chocolat à la guimauve. Le récit d’Ennis est presque linéaire, simple, efficace, mais pas sobre. Mais il ne faut pas croire que faire simple, c’est facile. Parce qu’en plus, comme dit plus haut, il parsème plein d’ingrédients qui enrichissent l’histoire et qui serviront pour plus tard, et puis, il n’oublie pas d’être drôle. Certes, c’est grinçant, peut être malaisant par moment pour certains lecteurs, mais avec Ennis, c’est l’énième degré qui compte. Son objectif est de divertir, et là, il le fait bien, en revenant aux fondamentaux.
Cette fluidité, elle est aussi dû à Steve Dillon. Ses pages sont d’une lisibilité impeccable. Là aussi, simplicité, épure (mais pas vide), avec des pages qui font leur effet. Habituellement, il s’encre lui-même, mais cette fois-ci, c’est Jimmy Palmiotti qui s’en charge. J’ai l’impression qu’il amène un côté moins rugueux au trait de Dillon.
En tout cas, ce trio lance parfaitement cette nouvelle saga du Punisher.
*en tant qu’équipe. Car Ennis avait déjà tâté du Pupu en 1995, avec Punisher Kills The Marvel Universe (ouais, déjà bis) et Dillon avait co-dessiné un one-shot sur Daredevil, en 1999.