Je suis en train de lire le cross-over, et je dois avouer que j’aime bien. J’en suis assez épaté, parce que si je n’aime pas trop Venom en général, je déteste Carnage, qui remplit à mes yeux tous les critères de la surenchère idiote et encombrante.
Et pourtant, Cates parvient à le rendre intéressant. D’une part parce qu’il donne un passé cohérent au personnage (dans l’one-shot Web of Venom: Carnage Born), et d’autre part parce qu’ici, il met en scène le criminel en stratège cruel qui a un plan et qui s’y tient, bien au-delà du simple tueur sadique que nous avaient proposé Michelinie et Bagley et qui, avais-je l’impression, n’avait guère évolué depuis (mais il est vrai que je n’ai pas lu les récits récents).
Le premier épisode de la mini-série fait le point sur la situation (celui qui n’a pas lu l’one-shot cité ni la série Venom possède les informations essentielles) et se présente sous la forme d’un gros numéro, l’équivalent de trois épisodes, ce qui est rendu palpable par le chapitrage de l’ensemble. On se rend bien compte que l’intrigue semblait prévue pour une série mensuelle avant de donner naissance à quelque chose de plus gros.
Y a vraiment de chouettes passages. La confrontation dans le bar est à la fois pleine d’humour et assez intense. J’aime aussi le sens des ellipses du scénariste, ou sa capacité à nous laisser sur un cliffhanger de mi-parcours, montrant les personnages face à une révélation qui ne sera expliquée au lecteur que quelques pages plus tard. C’est ingénieux et ça permet de soutenir le rythme de ce récit au long cours. On sent également que ces séquences bénéficient d’un aménagement : pourquoi insister sur une révélation puisqu’elle sera expliquée deux pages plus loin, là où des bulles éclatées et des volées de points d’exclamation auraient été utilisées en cas de feuilleton ?
Bon, cela dit, on peut se demander pourquoi Marvel n’a pas fait une mini-série en sept épisodes, en donnant à chaque chapitre son fascicule, au lieu de cinq ? À part l’envie de faire raquer beaucoup de blé aux acheteurs d’un énième numéro 1 ?
L’autre truc cool de l’événement, c’est que Cates va vraiment faire le point sur l’état des personnages. Sous le prétexte de rassembler les « codices » des différents porteurs de symbiotes, il fait le ménage ou bien ressort du placard quelques personnages, comme Norman Osborn. La portée éditoriale du projet nourrit l’intrigue, et réciproquement.
Jim