Il n’empêche que ce n’est pas un état laïc : on prête serment sur la Bible, « In God we trust » est une de leurs devises, etc.
Tori.
Il n’empêche que ce n’est pas un état laïc : on prête serment sur la Bible, « In God we trust » est une de leurs devises, etc.
Tori.
Je ne dirais pas ça.
Sans pouvoir les citer, j ai pu lire qu un nombre de lois assurent que le politique soit bien indépendant du religieux.
Ce n est pas la laïcité française, qui a ma préférence, mais d après les auteurs que j ai pu lire, c est bel et bien une forme de laïcité.
Bah je peux t’expliquer simplement, en 2007 quand je passais mon entretien d’embauche, mon chef de l’époque m’a dit que pour mes nattes, ça passerait pas. A l’époque j’étais jeune, je m’en rendais pas compte, donc j’abondais dans son sens.
Beaucoup plus tard, j’ai eu une prise de conscience, c’est quoi le souci avec les tresses ou nattes ? ou l’afro ? (bon dans mon cas je ne peux pas vraiment avoir d’afro) Donc j’ai laissé pousser les cheveaux, puis je me suis natté. Au boulot, je me suis pris des remarques du style : ah tu fais le gangster, ah t’es un rasta rocket maintenant, ah tu es Tahiti Bob. J’ai laissé couler pendant 2 semaines, puis après j’ai craqué et tous ceux qui me disaient ça , je les regardais droit dans les yeux et je leur disais :" donc le fait de faire une coiffure naturelle avec mes cheveux signifient que je suis un gangster ? que ça fait pas professionnel ? C’est pas un peu raciste comme réflexion ?"
Et « bizarrement », les gens se sont sentis gênés et ils ont fini par accepter. Alors évidemment, j’ai toujours 2/3 personnes qui me la font toujours hein, mais globalement j’ai largement moins de remarque.
D’ailleurs, ces 2 dernières années je vois de plus en plus de coupes pour cheveux noirs au travail, et dans le fond c’est un signe positif.
J avais loupé ça.
Pas forcément.
Cela peut se saisir de bien d autre chose que l ethnie.
Le communisme stalinien et ses procès publiques d auto accusation par exemple. Dans une moindre mesure, le « scissionnisme » aigue à l extrême gauche.
Mais oui l ethnie est un des lieus d exercice de prédilection du desir de pureté, avec la religion. C est même à mon sens l un des socles du religieux.
Je viens seulement de regarder la vidéo (je reviens sur quelques points plus bas).
Autant je peux comprendre que dans certains jobs, certaines coiffures puissent être un problème (en restauration, par exemple), autant si c’est une question de look, c’est vraiment n’importe quoi (bon, sauf si ça fait vraiment négligé, mais là, ce n’est pas valable que pour les cheveux afro).
Pour revenir à la vidéo : elle parle des gens qui touchent les cheveux… C’est un peu comme si on disait à une fille « Oh, tu as un joli décolleté… je peux y passer ma main ? » !
J’ai eu la même chose il y a une vingtaine d’années : des gens voulaient absolument toucher ma barbe (oui, c’était moins à la mode qu’aujourd’hui)… O___o (et ça m’est même encore arrivé il y a une dizaine de jours… Wow, et les gestes barrière, bon sang ?)
Bon, en revanche, je ne savais pas que les coiffures afro étaient si mal aimées par certains personnes noires (cela dit, comme d’habitude, il doit s’agir d’une minorité mais qui s’exprime majoritairement : on l’ouvre plus facilement pour critiquer que pour complimenter).
Et quand on voit comme c’est compliqué à entretenir, le cheveu crépu, on ne peut être qu’admiratif devant les personnes qui les laissent pousser, plutôt que d’adopter une coupe courte.
Tori.
Si cela intéresse quelqu un…
Oui, mais le mécanisme est le même : on reconnaît un faisceau de points commun qui « font groupe », qui pose un archétype, cela permettant ensuite d’inférioriser ceux qui ne correspondent pas au modèle.
Non ?
Mais le désir de pureté peut s’exercer ailleurs que dans l’ethnie. Ou en s’appuyant sur d’autres choses. En mélangeant avec l’ethnie, ou pas.
Merci.
(ça sera pas pour tout de suite, je viens de rentrer et je suis partagé entre bosser un peu… et glander beaucoup.)
Jim
Non, là tu mélanges de nouveau ce dont parle levy strauss, faire groupe en somme et le désir de pureté.
il y a des points d articulation mais le désir de pureté peut aussi bien être individuel.
Oui.
Après, pour rentrer dans le détails du mécanisme que je pointe ici, il faut un corpus théorique.
Cela ne t étonnera pas, si le mien est à aller chercher chez Freud dans la verneinung, l expulsion du non soi, préalable au mécanisme du refoulement.
Si tu veux t y coller :
http://espace.freud.pagesperso-orange.fr/topos/psycha/psysem/hyppoli1.htm
Le point dans la discussion essentiel est : le mécanisme du racisme est il bien élaborer dans la théorie du racisme systémique ?
Je reponds non
il ne permet pas d aborder tous les racismes, encore moins les genocides.
c est une theorie identitaire, qui galvanise le désir de pureté, ce qui est un comble pour une théorie censée permettre de combattre le racisme.
mon interprétation de la théorie est : la lutte pour les droits civiques aux etats unis a produit ses effets, il y a un mélange des populations qui s est opéré et l on assiste à un retour du refoulé puritain qui vient de la gauche dont le but est bien la stigmatisation du mélange sous couvert d antiracisme.
Ah oui, oui, mais on ne parle pas de l’individu, là. Puisqu’on parle de gens qui se réclame d’un groupe.
Et l’identité, dans le contexte de notre discussion, se comprend dans la perspective d’un groupe qui répond à ce que l’on est (qui renvoie son reflet) : un groupe de « prochains » face à des groupes « d’autres ».
Jim
J ai complété ma réponse.
La dimension spatio-temporelle de la conversation.
Jim
Il ne s agit pas tant de se réclamer ou non d un groupe que de vouloir la pureté de celui ci.
OK, je comprends tout ça.
Mais ce retour du refoulé, il a une explication ?
Jim
Mais fatalement, si l’on désire la pureté d’un groupe, il devient implicite que l’on s’identifie à ce groupe (sinon, c’est pas logique). De là à s’en réclamer, il n’y a qu’un pas…
Jim
Certes, mais je ne ferais pas de la constitution des groupes, le coeur du mécanisme du racisme.
Ce qui ne veux pas dire qu il n y a pas des effets ségrégatifs (au sens logique du terme) dans les groupes, mais il ne faut pas tout confondre ségrégation, discrimination, racisme etc.
le fait qu un francais ne soit pas un italien, n implique pas qu un français sera raciste des italiens, fut il chauviniste, ce dont parle levy strauss.
Je dirais qu en effet aux etats unis, la race, elle ne passe pas, elle fait ici retour.
Il y a clairement un impensé.
Tu allais le chercher du côté de la laïcité,moi du côté de la citoyenneté, en tout cas, ils ne semblent pas pouvoir se passer de leur obsession pour la race.
Est ce du au fait qu ils ont peu d histoire derrière eux ? Qu ils ont un rapport à l histoire tres singulier ? Certains parlent d un presentisme propre aux etats unis, un rapport au temps où seul existe le présent. Sans passé, la race devient elle pour eux le seul moyen d organiser leur identité ?
Est ce un effet du protestantisme ? Certains ont montré que le mouvement « woke », s est principalement développé là où la pratique protestante venait de s effondrer, les etats unis connaissant une brusque chute de la pratique religieuse. Le « wokisle » comme religion de substitution ?
Aux spécialistes des etats unis de se saisir de cette question.
Il faut donc des trucs plus « profonds », plus culturels, moins artificiels / conventionnels que la nationalité et les frontières ? Donc, ça pointe vers la couleur de la peau, la religion, le genre, la sexualité ?
Jim
J ai complété à nouveau.
Freud appelait narcissisme de la petite difference, ce qu on appelle chauvinisme.
C est sur que la sexualité joue pour moi dans tout cela un rôle majeur, mais là encore, cela ne t etonnera pas.
L impureté ineliminable, c est la jouissance, c est notre desir, c est notre sexualité qui n est jamais la bonne et avec laquelle nous n arrivons pas à faire avec, que l on soit dans la norme ou non.
Mais dans le cas que tu présentes, est-ce que c’est du racisme pour autant ? Est-ce que ce n’est tout simplement pas de la connerie ? (ouais, c’est pas incompatible non plus, je te l’accorde)
Je vais te donner deux exemples pour un blanc hétéro-normé. Quand j’avais des journées de bureau (que je n’étais pas chez des clients, donc), j’avais pour habitude de venir en t-shirt, avec souvent, un petit brin d’humour ou rigolo. Mais jamais avec un lien avec les comic books. J’osais pas. Un jour, pour voir, après pas mal d’années quand même, j’ai pris un t-shirt qu’avec le logo de Batman. Très simple en plus, pas de couleur flashy. Evidemment, certains m’ont demandé où était Robin (ah ah), mais m’ont aussi demandé si c’était pas un t-shirt de gamin. Jusque là, du jugement à l’emporte-pièce, rien de plus.
Et donc, quand je mettais mon sweat à capuche (j’en portais déjà quand j’étais au collège, en province, donc à l’époque, je ne connaissais pas la connotation), on m’a demandé si j’étais une racaille ? Alors quand je disais que j’habitais dans l’Essonne, c’était le pompon (là, tu vois le rapprochement avec le terme gangster ? Et l’Essonne, tu connais bien).
Et donc, l’autre exemple. J’ai eu une très courte période où je me teintais les cheveux en orange (avec un produit naturel, donc ça flashait pas). J’avais autour de 22 ans, et à l’époque, à mon taff du moment, une ou deux personnes m’ont sorti que j’avais une tête d’homo (je te passe le terme réellement utilisé). En soit, ça, je m’en fous, mais c’est un jugement que tu ne pourras pas jugé de raciste.
Quelques années plus tard, ma femme m’a raconté qu’à son taff, ils montraient les photos de leurs conjoints-conjointes respectives. Ma femme est du 92 côté Boulogne/Issy, donc pas le quartier popu (et ses collègues le savaient). Elle a présenté une photo de moi de l’époque où j’avais ces cheveux orange. Et là, ils ont halluciné, et lui ont demandé si c’était possible qu’elle soit avec un mec comme ça, mi-racaille mi-punk (c’est l’idée qu’ils ont sorti … moi, punk ? ), rien qu’avec une photo où je portais aussi un t-shirt et un sweat à capuche.
Je ne sais pas si tu vois où je veux en venir. Moi, je ne viens pas des quartiers popu de la RP, où les vrais gangsters sévissent. Donc, qu’on me compare à eux à partir de ma coupe de cheveux ou des vêtements que je porte, ça me fait juste dire que je vais m’arrêter à des discussions professionnelles (et au strict minimum) avec eux. Toi, entre nous, tu n’es pas non plus très noir (tu l’as dit toi-même), mais visiblement, tu y vas direct quand on te dit ça (on a chacun nos sensibilités). Je suis d’ailleurs surpris qu’ils ne t’aient pas demandé plutôt si tu n’avais pas quelque chose à faire tourner, tant qu’à faire dans le cliché.
Quand j’arrivais au bureau à 7h30, on m’appelait le campagnard. Parce que ce n’était pas des horaires de Parisien. C’est du racisme régional ? De la blague de mauvais goût surtout, sauf si je les « emmerde avec leurs clichés de Parisiens qui n’ont pas dépassés la petite couronne. » Tant qu’à faire, clichés vs clichés.