ASSAUT (John Carpenter)

REALISATEUR & SCENARISTE

John Carpenter

DISTRIBUTION

Austin Stoker, Darwin Joston, Laurie Zimmer, Tony Burton, Charles Cyphers, Nancy Loomis…

INFOS

Long métrage américain
Genre : action/thriller
Titre original : Assault on precinct 13
Année de production : 1976

S’il y a une chose évidente lorsque l’on regarde la filmographie de John Carpenter, c’est qu’il est un grand fan de western. Big John est un admirateur auto-proclamé de Howard Hawks et notamment de son chef d’oeuvre Rio Bravo et il a toujours eu pour projet de réaliser un western. Ce qui ne s’est pas fait, pour diverses raisons. Il en a d’ailleurs écrit deux, dont un prévu à l’origine pour John Wayne, qu’il aurait pu tourner et qui sont finalement devenus des téléfilms dans les années 90. Mais ça n’a pas empêché le réalisateur de glisser des hommages au genre dans nombre de ses films. Le héros Carpenterien a des caractétistiques du personnage de western. Vampires est un western fantastique. Ghosts of Mars est un western…avec de l’horreur et de la S.F. dedans. Et son deuxième film, Assaut, est un véritable western urbain.

Le lieutenant Ethan Bishop est chargé pour sa nouvelle affectation de surveiller le déménagement d’un commissariat en voie de désaffectation à Anderson. Au même moment, un bus transporte trois condamnés à mort, dont l’ennemi public numéro 1, Napoléon Wilson. Le car est obligé de s’arrêter à Anderson pour soigner un passager. Pendant ce temps, un père de famille, qui vient de venger le meurtre de sa petite fille, trouve lui refuge dans le commissariat qui se retrouve bientôt sous l’impitoyable assaut d’un gang…

Après la sortie de Dark Star, réalisé alors qu’il était encore étudiant à l’USC, deux investisseurs donnent carte blanche à John Carpenter, la seule contrainte étant le budget limité. Carpenter voulait tourner un western (le premier titre de Assaut, The Anderson Alamo, le confirme), mais se rend bien compte que 100.000 dollars ne sont pas sufisants pour financer un film d’époque. Il transpose alors son intrigue, très inspirée par Rio Bravo, dans un contexte moderne. Il engage des acteurs peu connus (Napoleon Wilson sera d’ailleurs le rôle le plus reconnaissable de Darwin Joston, qui était à l’époque le voisin de Carpenter), débauche les étudiants de l’USC pour gonfler les membres du gang qui attaquent le commissariat et en moins de 90 mn, pose les bases de son cinéma.

John Carpenter a dit de John T. Chance, le monteur d’Assault, qu’il était un « mauvais monteur »…qu’il trouve le film un peu trop lent. Avec humour bien sûr, puisque John T. Chance n’est autre que Carpenter lui-même (ainsi que le personnage de John Wayne dans Rio Bravo). On peut trouver la première demi-heure un peu lente, oui, mais elle remplit tout de même bien son office : elle présente les personnages avec efficacité, en brossant leurs caractéristiques à coup de dialogues bien senties (Napoleon Wilson est champion à ce jeu-là, un vrai « anti-héros » Carpenterien qui ne déparerait pas dans un western…il a d’ailleurs souvent été comparé à Charles Bronson dans Il était une fois dans l’Ouest et sa réplique culte, « got a smoke ? », est typiquement Hawksienne ) et fait monter graduellement la tension jusqu’à une scène-choc particulièrement scotchante, qui sera le déclencheur de la suite des événements (j’ai revu le film hier et elle n’a rien perdu de sa force).
Dans Assaut, l’anticipation est grande…l’attente du prochain mouvement, de la prochaine attaque, ressentie par les héros de manière palpable.

L’autre inspiration majeure de Assaut, c’est La Nuit des Morts-Vivants de George Romero, qui donne au long métrage une véritable patine horrifique. Les membres du gang, dont on distingue surtout les silhouettes lors du siège, sont présentés de manière déshumanisée, accentuée par leurs mouvements et l’absence de dialogue. Certains gunfights sont peut-être un petit peu mous (est-ce là qu’il faut blâmer John T. Chance ?) mais leur durée renforce le côté impitoyable de l’attaque…et le suspense ne se relâche jamais.

Intense, sans concessions, porté par une inquiétante illustration musicale, Assaut marque avec force les débuts de la carrière de John Carpenter.

1 « J'aime »

Un putain de huis-clos avec un mémorable anti-héros carpenterien annonciateur de tous les autres à venir (c’est un peu l’ancêtre de Snake).

Je me souviens d’un bonus du dvd (je ne sais plus quelle version) où Christophe Gans évoque l’originalité du film (la fusillade notamment).

Il y a eu un remake officiel dans les années 2000, qui n’était franchement pas terrible.

Il y a avait aussi eu un remake inavoué, Nid de guêpes de Florent Emilio-Siri, qui reprend tous les codes du film, à quelques détails près.

Oui, Assaut sur le central 13 du français Jean-François Richet. Il ne m’a pas laissé un souvenir impérissable, celui-là. Pour moi, Rob Zombie est celui qui s’est le mieux sorti de l’exercice du remake d’un film de Carpenter…

Y’a eu le remake de « Fog » quand même. Non je déconne.

la scène de l’arrivée de l’hélico, à la fin, est une démonstration de la magie du cinéma : avec son budget, Carpenter n’aurait même pas pu en louer un dix minutes.

qu’à cela ne tienne : deux comparses qui secouent un arbre, un projo bien placé et un bruitage qui va bien, et le spectateur y croit.

Tyler Stout :

assault-on-precinct-13-Tyler-Stoutvariant