Science-fiction/comédie
Réalisé par John Carpenter
Ecrit par John Carpenter et Dan O’Bannon
Avec Brian Narelle, Dan O’Bannon, Cal Kuniholm…
Titre original : Dark Star
Année de production : 1974
John Carpenter et Dan O’Bannon (Alien, Métal Hurlant, Le Retour des Morts-Vivants…) se sont rencontrés pendant leurs études à l’Université de Caroline du Sud. Les deux hommes aux caractères très différents se découvrent des points communs cinématographiquement parlant et ils décident alors de s’associer pour produire leur film de fins d’études, un court-métrage de science-fiction matîné d’humour. Avec des bouts de ficelles (le budget ne dépasse pas les 6000 dollars), Carpenter et O’Bannon imaginent pendant plus de deux ans le périple d’un vaisseau dont la mission est de détruire des planètes à l’orbite instable, obstacles aux futures colonisations terriennes…
Mais les choses se mettent à dérailler petit à petit. Le capitaine meurt; le second, un ancien surfer de Malibu, prend les commandes; les communications avec la Terre ne fonctionnent plus et les pannes se multiplient. Vingt ans après, le vaisseau Dark Star (au design signé Ron Cobb, qui travaillera ensuite sur quelques unes des plus grosses superproductions des années 70/80) s’enfonce de plus en plus dans l’espace…et entre deux destructions de planètes, les quatre membres d’équipage s’ennuient comme des rats morts…
La première version de Dark Star faisait un peu moins de 50 minutes et n’a pas eu le résultat escompté auprès des responsables de l’Université. John Carpenter et Dan O’Bannon ont donc récupéré leur film et ajouté quelques scènes histoire d’attirer des financiers. Spécialiste de la série B, Jack H. Harris (le producteur de Danger Planétaire, le premier Blob) s’est montré intéressé mais il fallait encore procéder à quelques changements (se débarrasser des longues minutes pendant lesquelles les protagonistes ne font que dormir par exemple). Avec la rallonge allouée par Harris (pas énorme hein…au final Dark Star a coûté 60.000 dollars), Carpenter et O’Bannon ont donc étoffé les deuxième et troisième actes.
Un certain sens de l’absurde parcourt le métrage, ce qui vient surtout des idées de Dan O’Bannon (qui peuvent d’ailleurs ressembler à un prototype d’Alien…en nettement moins sérieux). O’Bannon joue lui-même l’un des personnages, un faux sergent aux prises pendant un passage interminable avec un alien, le « cinquième passager » du Dark Star. Mais comme il n’y avait pas assez de thunes, l’extraterrestre mascotte ressemble…à un ballon de plage avec des pattes. Une vision qui provoque quelques sourires au début avant de devenir un brin lourdingue tout au long de la séquence…
C’est à l’image du film dans son intégralité. Avec son côté 2001 L’Odyssée de l’Espace de Prisunic, Dark Star conserve pourtant un certain charme désuet. Certes, il y a de très nombreuses chutes de rythme, un ennui qui s’installe progressivement (quand je commence à regarder l’heure, c’est un signe) et une interprétation amateuriste mais les moyens minuscules n’ont pas empêché de bonnes petites trouvailles de mise en scène et des rebondissements décalés (la bombe intelligente qui se met à douter grâce à la phénoménologie) dans une atmosphère empreinte de mélancolie.
Doté là encore d’un micro-budget, John Carpenter a tout de même livré un résultat plus impressionnant avec Assaut, son deuxième long métrage. Dark Star aurait peut être gagné à garder son format initial de court/métrage. La relation avec Jack H. Harris n’a pas été de tout repos et Dan O’Bannon s’est souvenu de l’expérience en ces termes, « ce qui aurait pu être le plus impressionnant des films d’étudiants est devenu le moins impressionnant des films professionnels ».