REALISATEUR
Kinji Fukasaku
SCENARISTES
Bill Finger, Tom Rowe et Charles Sinclair, d’après une histoire de Ivan Reiner
DISTRIBUTION
Robert Horton, Richard Jaeckel, Luciana Paluzzi, Ted Gunther…
INFOS
Long métrage américain/japonais
Genre : science-fiction
Titre original : The Green Slime
Année de production : 1968
Producteur et scénariste, l’américain Ivan Reiner a connu une carrière météoritique dans les années 60 et s’est principalement illustré dans le domaine de la science-fiction. La poignée de films qu’il a chapeautés sont des coopérations internationales. On le retrouve ainsi au générique de la tétralogie Gamma One de l’italien Antonio Margheriti (que les fondus de bisseries transalpines connaissent aussi sous son pseudonyme américanisé Anthony Dawson), composée de Wild Wild Planet, War of the Planets, War between the planets et The Snow Devils (celui-ci a pour titre La Mort vient de la Planète Aytin en français). Ces films ont reçu ce sous-titre officieux car ils prennent tous pour cadre la station orbitale Gamme One.
Ivan Reiner a également travaillé au Japon. Suite à son expérience sur le long métrage de S.F. horrifique Kaitei daisenso avec Sonny Chiba, Ivan Reiner a monté une co-production entre la MGM et la Toei intitulée The Green Slime, sorti en France sous le titre Bataille au-delà des étoiles (son sixième et avant dernier film…il a par la suite co-produit en 1969 un film de guerre italien avant de disparaitre de la circulation).
Tourné au Japon avec une équipe technique locale, The Green Slime marque la première incursion dans le genre du réalisateur Kinji Fukasaku, dix ans avant le fameux space-opera Les Evadés de l’Espace. Ce fut aussi la première fois (et pas la dernière) que Fukasaku dirigea une distribution internationale : les têtes d’affiche sont les américains Robert Horton (la série télévisée La Grande Caravane) et Richard Jaeckel (Les Douzes Salopards) et l’italienne Luciana Paluzzi (qui fut James Bond girl dans Opération Tonnerre). Les figurants sont entièrement composés de soldats en poste au Japon au moment du tournage.
Ivan Reiner travaillait régulièrement avec la même équipe de scénaristes et l’un des noms au générique de The Green Slime est très connu des fans de comics : Bill Finger, le co-créateur de Batman, du Green Lantern Alan Scott et d’une flopée de personnages pour l’éditeur DC Comics.
À la fin des années 60, alors que les opportunités se faisaient plus rares dans le domaine des comics, Bill Finger livra des scénarios pour les séries télévisées Batman, Hawaiian Eye et 77 Sunset Strip et collabora, entre autres, à deux films produits par Reiner, La Mort vient de la Planète Aytin et Bataille au-delà des étoiles.
Un astéroïde menace de détruire la Terre. Le commandant Jack Rankin est envoyé sur la base Gamme 3 pour préparer une opération spéciale visant à détruire le corps céleste. La station est commandée par Vince Elliott, son ancien meilleur ami avec qui il est maintenant brouillé suite à une mission qui a mal tourné et qui se prépare à épouser l’ex-petite amie de Jack, le docteur Lisa Benson. La mission est un succès : l’équipe envoyée sur l’astéroïde y place des charges explosives et le fait sauter avant qu’il ne percute la Terre. Mais les ennuis de la base Gamma 3 ne sont pas terminés : à son insu, l’un des membres de l’équipe ramène sur la station une matière verte et visqueuse qui se multiplie au contact de l’électricité et qui donne naissance à des créatures monstrueuses…
Le réalisateur Kinji Fukasaku avait visiblement beaucoup d’ambitions pour ce film de commande puisqu’il a déclaré dans plusieurs interviews qu’il voulait établir un parallèle avec la Guerre du Vietnam avec cette histoire de militaires américains aux prises avec une force supérieure en nombre. Sans surprises, on ne trouve aucune trace de ce sous-texte dans cette absurde aventure spatiale.
Le budget étriqué ne permet pas de folies au niveau des effets spéciaux, et si les miniatures sont bien faites tout en étant aussi réalistes que des jouets et que les murs de la base ont l’air prêt à s’effondrer au moindre souffle, Fukasaku réussit tout de même à en tirer le meilleur parti grâce à de très bonnes idées de mise en scène. Il imprime également un rythme soutenu à la première demi-heure, qui évoque un Armageddon avant l’heure.
Le suspense est ensuite assez bien dosé jusqu’à la révélation des monstres qui surgissent de la matière verte ramenée par inadvertance sur la station. Ces premières scènes d’attaque sont plus efficaces quand les créatures sont plus suggérées que montrées…ce qui n’arrive pas souvent il faut le dire car que le réalisateur préfèrera très vite les filmer sous toutes leurs ridicules coutures. Mais bien qu’elles soient totalement grotesques, leurs capacités les rendent extrêmement dangereuses et elles sont bien exploitées dans une suite d’affrontements assez violents pour l’époque et bien filmés malgré l’étroitesse des décors.
La réalisation est très efficace et sait faire oublier les limites de la production. On n’échappe pas tout de même pas à un traitement des personnages principaux complètement cliché : le triangle amoureux, la tension entre les deux commandants, c’est du rabâché et la caractérisation ne permet pas de rendre les héros très sympathiques (c’est même tout le contraire).
À part une Luciana Paluzzi très jolie mais transparente, l’interprétation est solide…même si elle est peut-être même un peu trop sérieuse comparée au ton général du spectacle qui se déroule à l’écran.
Si certains aspects de Bataille au-delà des étoiles n’ont pas supporté l’épreuve du temps, le film demeure une série B énergique et divertissante, peuplée de craignos monsters bien croquignolets.