REALISATEUR
Leslie H. Martinson
SCENARISTE
Lorenzo Semple Jr, d’après les personnages créés par Bob Kane et Bill Finger
DISTRIBUTION
Adam West, Burt Ward, Frank Gorshin, Burgess Meredith, Cesar Romero, Lee Merriweather…
INFOS
Long métrage américain
Genre : aventures
Titre original : Batman - The Movie
Année de production : 1966
Le premier projet d’une série télévisée Batman date du début des années 60. Le ton devait alors être plus proche de la série à succès Les Aventures de Superman avec George Reeves, mais les négociations entre le producteur concerné et la chaîne CBS n’ayant pas abouti, DC a récupéré les droits pour les proposer au concurrent ABC qui s’est lancé dans l’aventure en collaborant avec la branche télévision de la 20th Century Fox. Le producteur William Dozier a alors été choisi pour superviser les aventures télévisuelles du « Dark Knight » qui est alors devenu dans cette incarnation et pour plusieurs générations le « Bright Knight ».
Acteur, scénariste et producteur, William Dozier est principalement connu pour son travail sur les séries Batman et Le Frelon Vert. Les autres entrées de sa filmographie n’ont en effet pas la même popularité, surtout dans nos contrées (où des feuilletons comme The Loner et Rod Brown of the Rocket Rangers n’ont, semble-t-il, pas été diffusés). Dozier n’était pas un lecteur de comics et après avoir compulsé de nombreuses bandes dessinées pour ses recherches, il a opté pour l’approche « campy » (terme qui n’a pas vraiment d’équivalent français) et « pop-art » de Batman. Et rétrospectivement c’était plutôt bien vu (et même si j’ai l’impression que le show partage toujours autant les Bat-Fans) car la série a su transposer fidèlement à l’écran le style particulier des comics Batman des années 50.
Holy Sardine, Batman !
Générique inoubliable, couleurs criardes, onomatopées pendant les bastons, mécanique de cliffhangers héritée des serials (il y a même eu à cette période un regain d’intérêt pour les Batman des années 40)…avec ses héros qui prennent les situations les plus absurdes avec le plus grand sérieux, Batman fut un grand succès. Mais les audiences ont commencé à baisser pendant la saison 2 et même l’introduction de Batgirl pendant la saison 3 n’a pas suffi à attirer un nouveau public, menant à l’annulation de Batman au bout de 120 épisodes.
Au départ, William Dozier voulait produire un long métrage pour susciter l’intérêt pour la série, une sorte de « pilote de luxe ». Mais la FOX a refusé l’idée, la trouvant risquée et onéreuse. Le film a fini par être tourné pendant le break entre les deux premières saisons : le tournage fut très rapide (un mois, entre avril et mai 1966) et la post-production encore plus (Batman The Movie est sorti aux U.S.A. en juillet 1966). Comme le budget cinéma était (un peu) plus élevé que celui d’un épisode TV, le Duo Dynamique a pu profiter de nouveaux engins comme le Bat-Copter, le Bat-Boat et la Bat-Moto avec side-car. Mais les vilains ont du se contenter des décors du sous-marin de la série Voyage au Fond des Mers.
Il y a des jours où on ne peut même pas se débarrasser d’une bombe !
Pour leur premier véritable long métrage (puisque Batman et Batman & Robin étaient des « films à épisodes »), le Croisé à la Cape et le Jeune Prodige ont affronté pas moins de 4 adversaires, les plus populaires du feuilleton, ceux qui ont eu droit au plus grand nombre d’apparitions : Burgess Meredith (Rocky) dans le rôle du caquetant Pingouin, Frank Gorshin (L’Espion aux pattes de velours) en Sphinx aux énigmes improbables, Cesar Romero (et sa moustache voyante sous son maquillage blafard) en Joker et Lee Meriwether (Miss Amerique 1955) en Catwoman. Lee Meriwether est la deuxième interprète de la Femme-Chat (telle qu’elle est appelée dans la version française) car Julie Newmar (la Catwoman de la saison 1) n’avait pas pu se libérer pour le tournage (elle n’aurait pas été prévenue à temps et s’était engagée sur un autre projet).
Contrairement à de futures adaptations de comics, le scénario réussit un bon équilibre entre ses quatre vilains qui ont chacun l’occasion de briller et de démontrer leur douce folie. Leurs plans sont génialement sans queue ni tête (dont le principal, utiliser un appareil qui déshydrate les corps humains jusqu’à l’état de poudre pour enlever contre rançon les membres du conseil de sécurité de l’O.N.U.) et les comédiens rivalisent de cabotinage.
Nom d’un point de côté, Batman !
L’ intense exubérance de cette fine équipe fait face au calme olympien de Batman (la diction d’Adam West est irrésistible…rien que pour cela, le film est à apprécier en version originale) et à l’enthousiasme juvénile de Robin (qui nous réserve encore plusieurs « Holy… » dont il a le secret). Leur dynamique duo est excellent et servi par des répliques savoureuses.
Malgré quelques chutes de rythme dans le second acte, Batman le Film (réalisé par Leslie H. Martinson, prolifique téléaste qui avait déjà signé deux épisodes de la série) offre un amusant divertissement, avec une production qui fourmille de détails croustillants (les héros aiment étiqueter tout ce qui se trouve dans la Batcave…mon gadget préféré étant le levier qui leur permet d’enfiler leur costume en un clin d’oeil).