BATMAN : THE DARK KNIGHT RETURNS (Frank Miller / Klaus Janson / Lynn Varley)

Pour 2 pages ?

:open_mouth:

(Tu veux pas les imprimer depuis ton P.C. ?)

Si, bien sûr :wink:

Mais ce qui me tue, c’est qu’actuellement, on fait tout un procès à Miller pour son positionnement politique depuis le 11 septembre et que l’on a utilisé comme pierre d’achoppement pour sa pierre tombale une interview de d’Alan Moore pour achever le bonhomme.

A savoir: si le grand Alan Moore dit que Frank Miller, c’est mauvais, et depuis longtemps en plus, alors oui, hein? Qui sommes-nous, pauvres amateurs plus ou moins éclairés pour dire le contraire?

Alors, forcément, ressortir une telle introduction rédigée par Moore, ça casse littéralement le processus.

Entendons-nous bien: je ne suis pas du tout d’accord avec les positions de Miller et sur sa vision du monde. Mais par contre, le procès en sorcellerie qui lui est fait et qui consiste à dire que comme Miller à cette position conservatrice (voir ultra-conservatrice), tout ce qu’il a fait est mal, je suis également contre (et je dis ça parce que je connais des gens bien pensant qui l’affirment haut et fort).

Alors oui, acheter une réédition du TDKR avec une intro d’Alan Moore juste pour remettre les pendules à l’heure, ça m’amuserait pas mal.

Le procédé utiliser haut dessus, à savoir l’utilisation de Moore comme révélateur de vérité, c’est ça que je trouve dégueulasse. Surtout que Moore (dont j’adore une partie des oeuvres, voir mes messages ci-dessus) n’est pas non plus exempts de critiques sur les messages qu’il véhicule dans ses propos et ses oeuvres (voir ce que dit Grant Morrison de lui, c’est assez amusant… alors même que Grant Morrison aussi, a été admiratif du travail de Moore).

Voilà, voilà… :smiley:

Le « depuis longtemps », peut se passer après 1986. C’est différent de « tout temps ».

[size=85]- « De tout temps, Frank Miller a produit de la merde ! »

  • « Ah non, ce n’est pas ce que dit le livre de Monsieur Lainé, conférencier à la bibliothèque nationale de France (et de Navarre) de son état »[/size]

En quoi ils sont bien pensants ?

Si ils disent que, parce qu’on est un ultra con…servateur, on ne fait par ailleurs que de la merde, ca me semble plutôt mal pensé, non ?

Et conditionner sa pensée en fonction de la pensée des con…tout court, ça me semble pas être le chemin le plus favorable vers une réflexion pertinente.

En tout cas, je n’ai aucun problème personnellement pour trouver les propos de miller sur Occupy Wall street, et ses propos politiques de façon générale, d’un ridicule et d’un pathétique consommé, signe d’un pseudo-fanatisme portant sur la débilité, ou l’inverse, tout en disant qu’il est un très grand des comics.

Juste un mot en passant ; pour le coup il s’agit plutôt d’une « pierre angulaire » qu’une « pierre s’achoppement » qui est (cette dernière) synonyme d’obstacle, de faiblesse dans un raisonnement. Alors que la pierre angulaire est ce sur quoi repose un raisonnement par la grâce de sa solidité.

Ceci dit en toute *amicalité * :wink:

Certaines personnes n’ont pas eu besoin d’Alan Moore pour produire une critique idéologique de l’oeuvre de Miller, cf. l’article de Patrick « Manticore » Marcel dans SCARCE, il y a quelques lunes. Les motifs de se méfier étaient là, en latence.

Oui et non.

Oui bien sur car Miller a toujours articulé un ton qui oscillait entre le roman noir et les propos réactionnaire.

Non dans le sens où tu peux largement faire une lecture de dark knight returns qui est à l’antipode de ses propos actuel.

Il est passé de la mauvaise conscience d’une société en crise et décadente, à la bonne conscience d’une société en lutte contre des barbares, le style fait le lien mais l’idéologie et le propos politique est opposée.

Je dirais plutôt qu’il est passé de « Anar de Droite » à « de Droite tout court ».

Pas vraiment je trouve…

Déjà 26 ans, ça commence à compter dans une vie. Y’a de l’eau qu’a coulé sous les ponts comme on dit… D’autre part il y avait déjà des choses qui couvaient sous les cendres. On peut se demander ce que Moore a pensé par exemple de la participation (à sa demande je crois) de Miller à « Aargh ! », son anthologie anti-homophobie, puisque le travail rendu par Miller pour cette oeuvre collective est à la limite de l’homophobie, ce qui ne manque pas de sel… Sûr que Moore a déjà dû se poser des questions à ce moment-là.

Jim explique très bien tout ça dans « Urbaine tragédie », son livre sur Miller, et il fait bien le tour de la question « politique » sur Miller. Pour le reste, on peut je crois apprécier une oeuvre tout en s’opposant aux idées de l’auteur (si on ne devait lire que des auteurs avec lesquels on est d’accord, notre pensée aurait du mal à être en mouvement) : Miller me fait penser à deux autres auteurs que j’aime beaucoup aux évolutions et aux positions assez similaires, je pense à Maurice G. Dantec et James Ellroy.
Entre Dantec et Miller, le parallèle est même assez saisissant : d’abord classés anar’ de gauche, puis anar’ de droite, puis neo-con (humm…) à l’américaine, voire fasciste en puissance. J’ai pas encore lu le « Holy Terror » de Miller, mais si comme chez Dantec les positions politiques servent à planter un contexte plutôt qu’à faire du prosélytisme aggressif, ça ne me gênera pas plus que ça.

c’est une autre manière de la dire, oui.

Le revirement idéologique n’en est pas moindre car passer de l’anar de droite à la droite américaine, ultra réac et sectaire, c’est une rupture majeure idéologiquement parlant que seul le ton vindicatif permet de passer sous silence.

Dans l’une, l’ennemi n’existe pas en soi, est structurel à la société elle même, dans l’autre il est clairement identifié, ça change tout de même du tout au tout, puisque la seconde n’est qu’une variante parmi les infinies variantes du bouc émissaire, alors que la première reste une pensée politique qui se tient.

L’évolution est en effet assez similaire entre les deux si l’on fait abstraction des particularité européenne et americiane.

Reste que chez Dantec le retournement est egalement complet.

Dans son premier journal métamachintruc, il définit l’église catholique comme la pire régression historique qui soit, responsable d’une stagnation des savoirs propres au pensées shamaniques et druidiques.

Dans le second, il découvre De maistre, et tombe en pâmoison devant son style vindicatif, hautain et dénonciateur dans lequel il se reconnait.

Dans le troisième, le retournement est effectué et il se déclare catholique convaincu.

Il est à noté que de vivre un tel revirement personnel dans sa pensée ne l’a absolument pas vacciné contre les déclarations péremptoires. Il est ironique d’ailleurs de voir que le dantec n 1 traitait de con congénitale le dantec 3 qui n’a pas mieux a dire du dantec 1.

La constante est l’insulte, le style est en fait le fond. Ce sont des auteurs énamouré de la position " moi seul, je sais face à un monde de con"

Petit penseur qui a besoin de s’extraire du monde pour le penser. Et qui du coup ne parlera jamais que de lui même quand il pense parler de l’autre.

edit : Freud appelait ça le narcissisme de la petite différence. C’est maigre pour faire une œuvre, mais très utile pour exciter les foules.

Pour Dantec, n’oublions pas non plus l’influence considérable de l’oeuvre de Léon Bloy (dont je suis plutôt friand, sans être devenu j’espère néo-conservateur pour autant).

Dans les deux cas, je ne peux pas m’empêcher de trouver ces changements de position idéologique très « caprices / délires de nouveaux riches ».

:smiley: Pourquoi pas en effet !

Bloy c’est vrai.

Je l’ai lu un peu, de maistre plus déjà, aujourd’hui Murray. Autant j’ai aimé, autant aujourd’hui je ne supporte plus.

Sans même parler des incohérences ou des conneries, le ton à force m’est devenu vraiment insupportable. A très, très petite dose et encore.

Voila, un bon débat lancé, voila pourquoi il faut l’introduction de Moore !

:laughing:

Tout à fait. D’ailleurs, quand Manticore tire sur Miller dans SCARCE, c’est à propos de SIN CITY et 300, pas forcément de ses oeuvres antérieures. Parce qu’il est vrai que je n’ai jamais pensé à un Miller neo-con en lisant DKR (qui possède, en plus, une polyphonie de voix qui permet d’y trouver tout et son contraire) et encore moins ELEKTRA ASSASSIN, par exemple, où Reagan (je crois ?) s’en prend plein la poire et est dépeint comme un démon.

C’est après que c’est parti gravement en sucette, visiblement.

Oh, il canarde déjà à boulets rouges sur Give me Liberty, donc dans la première moitié des années 90. Il en avait montré déjà tous les aspects homophobes et le discours politique ambigu.

reagan il est déjà dans dkr il me semble.

300 aussi je le mets à part car à bien des egards on peut egalement en faire une lecture quasi communiste.

La fausse democratie gangrennée par la corruption d’une part de l’autre l’empire multiculturel à l’americaine entre les deux des hommes tous egaux qui partagent tout et qui n’ont que leur discipline comme force

c’est dans quel scarce au fait ?

Sinon, il est aussi possible pour un auteur d’aborder un récit sans forcément y injecter ses opinions politiques.

(Ça me semble pas évident, mais faisable, tout n’est pas non plus à interpréter tout le temps avec le prisme de la « vision de l’auteur », même si on aime bien faire ça dés qu’on a saisi le bonhomme).