J’ai aimé le film, mais je dois reconnaître ses défauts.
En fait, le film me rappelle les comics Marvel From The Marvel Vault, ces récits commandés à des auteurs et « oubliés » pendant des années, puis ressortis à l’époque contemporaine.
C’est souvent sympathique, agréable, mais c’est daté et ça se sent. C’est le cas ici.
Tout, en fait, « sent » le Good Old MCU, celui avant Avengers : Infinity War et Avengers : Endgame. Que ça soit la localisation temporelle juste après Captain America : Civil War, et surtout la gestion du film, ce dernier me donne l’impression d’être « ancien », daté oui. Oh, ça se regarde bien, mais l’image, les personnages à qui il n’arrive jamais vraiment rien, le casting principal qui ne meurt jamais et n’est jamais vraiment blessé… bref, tout ça rappelle clairement le MCU « moyen ». Celui du premier Thor, d’Iron Man 2, d’Avengers : Age of Ultron. Mais sans tomber dans les méandres de Thor : The Dark World.
J’ai apprécié de voir cette histoire sur Natasha, même si celle-ci ne « brille » pas, en fait. Elle ne survole jamais le film, elle galère à chaque combat, et finalement valorise ses opposants. J’ai souvent eu l’impression que le film utilisait Natasha pour « bâtir » ses adversaires, en montrant que Yelena ou Taskmaster sont forts parce qu’ils arrivent à tenir la dragée haute à Natasha. Qui, hormis la scène dans la prison, ne réussit pas grand-chose, en fait.
C’est surprenant, car même Scarlet Johansson est assez en retrait, en tout cas dans la retenue. L’ensemble est agréable à suivre, mais surtout pour les interactions du quatuor principal, qui m’a beaucoup plu. La scène d’intro’ est très, très forte, et le reste des échanges m’ont convaincu. Idem pour le traitement de la Red Room, avec notamment un discours fort, pertinent et intense sur les abus des hommes sur les femmes. Le parallèle avec Harvey Weinstein m’a paru évident, notamment dans le face-à-face Natasha/Dreykov.
Après, comme pour l’Hydra, le MCU n’assume pas de lier ses organisations maléfiques à une « réalité ». L’Hydra semble une annexe des Nazis dans Captain America : The First Avenger mais devient très vite une structure indépendante, sans lien national, et se lie même aux soviétiques dans Captain America : The Winter Soldier. Ici, le lien avec l’URSS ou la Russie de Poutine est complètement absent, et Dreykov semble avoir sa propre structure, littéralement au-dessus de tout le monde.
La réalisation est correcte, l’image est assez terne. Les acteurs sont bons, impliqués ; le twist sur Taskmaster est prévisible mais pertinent, et je suis vraiment fan de Yelena. Florence Pugh la joue très, très bien, même si ça donne souvent l’impression que le film prépare aussi la succession. La scène post-générique est intrigante.
J’ai passé un bon moment, mais le film arrive tard ; presque trop.
Tard pour sa temporalité. Tard pour sa réalisation. Tard pour ses thèmes, aussi, et pour Natasha, car tous auraient mérité de sortir il y a des années, déjà.
C’était bien. Mais ça reste un rattrapage grossier.