J’ai donc démarré cette « intégrale » avec Etoile Rouge. Je n’avais plus tout en tête sur la série principale, mais en fait, c’est pas dérangeant puisque ce qui est nécessaire de savoir si le postulat de départ est rappelé habilement et rapidement dans les premières pages et de toute façon, l’intrigue se situe avant celle de Block 109.
Donc, on est sur le bloc de l’est et l’accord franco-russe prévoit donc que des pilotes français y aillent combattre dans des avions soviétiques.
Alors, c’est pas mal. Le récit seul, je ne sais pas comment je l’aurais apprécié, mais intégré dans cette univers et avec un récit principal quand même conséquent, ce hors série me rappelle un peu les récit de guerre et d’avion de Garth Ennis. Sauf que là, il n’y a que 48 pages, donc l’exercice est un peu différent. Mais en soit, si on le prend comme un épisode complémentaire qui enrichit l’univers, mais pas l’intrigue, ça fonctionne.
Après, on retrouve les quelques défauts que l’on voit dans ce genre de récit, puisque ce n’est pas jamais simple de repérer qui est qui, et ce n’est souvent qu’à la fin qu’on comprend ce qui s’est passé (du moins pour moi). Donc, en soit, je n’incrimine pas Toulhoat (puisque je ressens pareil sur les récits anglais), surtout que je trouve que les planches de batailles sont plutôt jolies et pêchues (ça, on n’est pas surpris). J’a toujours un peu de mal à reconnaître les perso, on est aidé par les bulles. Mais là aussi, vu la vitesse du scénario sur les 48 pages, pas ressenti le besoin de faire des allers-retours pour comprendre.
L’issue du récit m’a rappelé ce qu’a raconté Alex dans L’Ange du prolétariat, et donc, en soit, je trouve que c’est plutôt bien trouvé, d’un point de vue politique. Et puis Brugeas glisse deux trois bricoles qui servent la fin de cette histoire, mais qui paraissent terriblement crédibles.
L’opération Soleil de Plomb situe l’action en Afrique. Les Allemands ont besoin de matières premières rares pour construire leurs armes (tiens donc !), et cherche donc à récupérer le congo. Sauf que le peu de résistance européenne (dont française) s’y défend, tout comme un certain nombre d’autochtones, avec leurs maigres moyens.
Brugeas a fait le Vietnam de son univers et c’est pas mal fait. Il y a trois protagonistes principaux, facilement reconnaissables (cf. remarque précédente), rapidement caractérisés, pas besoin d’en savoir plus. La BD est plutôt efficace, du barbouze retors comme il faut, avec des difficultés qui rendent l’issue incertaine. Là aussi, j’ai bien aimé la fin, tout aussi retors que le récit (par contre, je ne sais plus pourquoi le SS se sont désolidarisés du reste des forces allemandes, tout en gardant leur légitimité. Peut être une distinction de type FBI/CIA.
Au dessin, Toulhoat est dans la même veine que le récit précédent, avec une bichromie moins systématique, notamment dans la jungle. ça envoie, c’est efficace, comme le récit, même s’il y a peut être plus de temps de parlotte (mais pas gênant)
New York 1947 (eh eh eh, j’aime beaucoup le titre) situe l’action dans un Manhattan dévasté, où vivent quelques humains et des créatures étranges, suite aux bombes à virus expérimental envoyées par les Allemands (après avoir détruit le reste de la côte est des US). Un petit groupe pluricompétent est envoyé pour récupérer des docs dans un coffre-fort.
Alors, rapidement, on se rend compte que tout le monde ne rentrera pas en Europe. Le récit se transforme rapidement en course-poursuite (tout en renouant un peu avec ce qui fait Block 109), ce qui fait que l’intrigue reste quand même très légère. J’ai pas été trop fan de ce récit, surtout avec une fin (sans concession comme d’hab’, mais ça, c’est pas dérangeant) qui donne un côté tout ça pour ça … surtout que je n’ai pas fait le lien avec le perso concerné (ma mémoire me dit que ça doit être au début de Block 109), donc, ça fait un peu pétard mouillé (ouais, faut l’aider le lecteur pénible).
Je reste un peu sur ma faim…
Donc, ici, le Ritter Germania est une sorte de super-soldat inventé par la propagande, mais qui va devenir l’objet d’histoires radiophoniques, puis d’une série « pulp » (si je puis utiliser l’expression). Evidemment, des films vont être tourner et pour endosser le rôle, on choisit un ex-soldat décoré … mais qui va tenir qu’un film, car il va vite dériver vers la drogue, l’alcool…
Quelques temps plus tard, de hauts fonctionnaires sont brutalement assassinés et le spectre d’un Ritter Germania tueur fait surface …
Je l’aime bien, celui-ci. Peut être parce qu’il est teinté de super-héros. On a un thriller politique, donc avec toutes les manipulations et les guerres de position des hautes sphères nazies qui vont bien. L’histoire se passe uniquement à Berlin et pourrait être utilisée dans d’autres univers. Donc, on soit, elle est classique, mais bien fichue, avec suffisamment de surprises pour nous donner envie d’aller au bout. J’aime bien la voix off (qui est une des composantes de chacune des histories de cet album), qui explique bien, mais pas trop, cette lutte de pouvoirs au sein du gouvernement nazi.
Le dessin suit le style des autres histoires, avec un Ritter suffisamment impressionnant. J’aime bien son costard aussi.
S’ajoutent quelques images de propagandes, plutôt sympas.
S.H.A.R.K : Australie. Lieux où les Américains se sont réfugiés, mais des groupes politiques australiens, veut faire une trêve avec les nazis, afin de stopper sa guerre contre le Japon, sans capituler.
L’histoire a lieu dans un camp de prisonniers où se trouvent des soldats allemands, mais aussi des Australiens nazis, dont l’un des groupe s’appelle S.H.A.R.K. Et l’un d’entre eux, fort en gueule, arrive dans le camp et va changer la petite vie de tout ce microcosme …
Alors ça, c’est pas mal. Brugeas construit un univers politique intéressant, complexe dans le sens où c’est loin d’être manichéen, et pour autant, l’histoire a un allure de grande évasion, assez simple de prime abord, mais au plan beaucoup plus orienté. On le sent venir, de part la construction de la voix off. La manipulation politique en temps de guerre reste le fond de l’histoire, et malgré un côté bas du front fortement volontaire, l’histoire me semble quand même plus subtile. En tout cas, j’ai plutôt apprécié cette histoire, avec toujours une fin sans concession.
Toulhoat est cette fois-ci suppléé par Ryan Lovelock, mais il reste crédité pour le storyboard, ce que je veux bien croire, tant il y a de de très forte similitude dans la mise en page des cases et du bullage. Le style se veut pas très différent de celui de Toulhoat. Cependant, les persos sont ici bien identifiés.
Maruta : c’est la suite directe de S.H.A.R.K, mais uniquement pour le personnage principal.
Ici, on se retrouve au Japon, où ce héros joue les pirates pour déstabiliser la flotte japonaise, et il finit par se retrouver dans un traquenard qui sent bon la manipulation génétique et autres expériences farfelues …
Donc, ouais, pour moi, c’est une histoire de pirate, avec de la génétique par-dessus. C’est efficace, ça pourrait grandement faire le film du dimanche soir, avec une caractérisation assez bien faite. Je trouve que Ryan Lovelock s’en sort mieux, graphiquement. Les plans me semblent plus rapprochés (ce qui n’est pas plus mal dans le cas présent), et je me demande dans quelle mesure Toulhoat a eu un impact sur ce storyboard par rapport à l’album précédent.
De la BD champagne.
Question : tous ces récits indépendants que tu chroniques se retrouvent dans le recueil « Univers » ? Y a pas de morceaux qui traînent ?
Jim
Oui, ils sont tous dedans. C’était 6 récits indépendants qui ont été compilés dans « Univers ». Et comme le forum n’avait que ce sujet, j’ai tout mis ici.
Je précise d’ailleurs que les images de propagande créées par Toulhoat sont aussi présentes. Et elles sont fort sympathiques.
Tu as bien fait.
Merci pour la précision : j’étais un peu perdu dans toute cette production, mais s’il n’y a qu’une référence à trouver, alors tant mieux.
Block 109 n’est pas, et de loin, mon préféré dans le corpus du tandem, mais j’aime bien la fin, et l’univers m’intrigue.
Jim
C’est simple, en deux intégrales, tu as tout.
Après, c’est fortement possible qu’Univers ne te plaise pas. Mais j’y trouve de la variété dans les histoires, du dynamisme… du film du dimanche soir sans vraiment de prétention.
Et j’aime bien cet univers, aussi.
Une pour la série centrale, une pour Univers, c’est ça ?
Jim
C’est ça.
Merci.
Jim
Block 109 est une pépite, incroyable sur les bouquins sortit, je suis plus mitigé, certains comme celui au Congo Belge ou dans un NY dévasté sont excellents d’autres comme celui en Australie sont vraiment très passable.