BLOW OUT (Brian De Palma)

Thriller
Long métrage américain
Ecrit et réalisé par Brian De Palma
Avec John Travolta, Nancy Allen, John Lithgow, Dennis Franz…
Année de production : 1981

Blow Out débute par un film dans le film, un slasher comme il y en avait tant sur les écrans au début des années 80. C’est tellement bien fait, aussi bien au niveau des mouvements de caméra que de la bande originale, que le résultat est assez bluffant jusqu’à ce que le cri ridicule du personnage sur le point de se faire assassiner déclenche le rire…le mien et celui de Jack Terry, ingénieur son qui regarde les images qui défilent sur l’écran avec le réalisateur. Jack va devoir trouver des nouveaux sons pour la production à tout petit budget et surtout le cri de femme parfait.

Le soir même, Jack sort pour enregistrer des sons. Une expérience sensorielle très réussie, dépourvue de musique pour se concentrer uniquement sur l’atmosphère ambiante, les bruits qui entourent le héros. C’est là qu’il entend une voiture arriver avant de la voir…le véhicule quitte soudainement la route pour plonger dans la rivière. Jack plonge et sauve l’une des occupantes, le chauffeur étant déjà mort. À l’hôpital, il apprend qu’il s’agissait du gouverneur de l’état, candidat favori de la présidentielle. Et lorsqu’il écoute sa bande et distingue une détonation, il comprend qu’il a assisté à un attentat…

Brian De Palma a trouvé l’idée de Blow Out alors qu’il travaillait sur le mixage de son long métrage précédent, Pulsions. Ecouter différents sons avec son responsable des effets sonores et s’interroger sur leur provenance a été pour lui la base d’une enquête pour laquelle le principal témoignage n’est pas visuel. La scène qui voit Jack Terry reconstituer ce qui s’est passé en analysant les bruits qu’il a enregistrés est minutieuse, brillamment réalisée et montée en s’appuyant sur la manière dont les sens et la mémoire corporelle révèlent un élément précis qui était pourtant là depuis le début.

Influencé par des oeuvres comme Blow-Up de Michelangelo Antonioni et Conversation Secrète de Francis Ford Coppola, Blow Out est un excellent thriller paranoïaque marqué par le contexte de son époque, des événements qui ont fasciné et obsédé De Palma (ce n’est pas pour rien que l’un des personnages mentionne le film de Abraham Zapruder sur l’assassinat de Kennedy par exemple). Le thème de la manipulation des images et des informations est également efficacement traité tout au long d’une quête de vérité mouvementée, à l’issue dramatique…

Porté par son très bon trio d’acteurs (le couple formé par John Travolta et Nancy Allen…tous deux déjà dirigés par Brian De Palma dans Carrie au bal du diable…et John Lithgow en tueur froid et manipulateur), le dernier acte de Blow Out déroule un suspense palpitant en utilisant pleinement les possibilités des unités de lieux et de temps de l’action. La montée en puissance est implacable…et l’ensemble se termine sur une note très sombre avant de reprendre le « film dans le film » du début dans une sorte d’effet miroir dont toute trace d’humour est cette fois absente.

Si les critiques furent globalement bonnes (à quelques exceptions près bien entendu), Blow Out a connu l’échec à sa sortie (il se dit que la noirceur du final a refroidi les spectateurs…et ce fut le début d’une période compliquée pour la carrière de John Travolta)…avant d’être réévalué et de connaître un statut culte (mérité) avec les années.

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Concernant le film d’Antonioni, l’influence est évidente compte-tenu du titre choisi par De Palma ; pour ce qui est du film de Coppola, il existe un document passionnant : c’est une interview de Coppola réalisé par De Palma lui-même au moment de la sortie de « Conversation Secrète », très pointue. Entre les lignes, on a l’impression d’assister en direct à la genèse du projet dans la tête de De Palma…
J’avais une analyse du film pour un public de lycéens y’a quelques années, et parmi les éléments qu’on avait creusés et qui m’avaient bluffé, il y avait les occurrences des couleurs bleu, blanc et rouge dans un nombre impressionnant de plans, pour évoquer presque subliminalement le drapeau américain…

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C’est vrai qu’il y en a un peu partout. Motifs récurrents qui rappellent la toile de fond de l’intrigue, le contexte patriotique du moment, et qui préfigurent en quelque sorte le final où les trois personnages « baignent » totalement dans ces couleurs, devant le drapeau où le meurtre est commis et sous le feu d’artifice…

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Exactement !
Les séquences où Travolta trafique ses bandes sont géniales aussi, empreintes du fetichisme pour le matos analogique de l’époque, et petites merveilles de montages graphique et sonore… quand les images naissent de la bande son, littéralement.

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Toutes ces scènes sont fascinantes à regarder…une belle déclaration d’amour au métier parfaitement intégrée à l’histoire racontée…

Je l’ai vu au cinéma à sa sortie en France, mais pas revu depuis. Cela m’avait marqué à l’époque et tu me donnes envie de le revoir… Il va falloir que je plonge dans les réserves de ma médiathèque.

ginevra

Avec un Travolta doublé par Depardieu (après avoir tous deux sympathisé à cette même période).

Et ce n’était pas une bonne idée, je trouve que ça ne fonctionne pas du tout. C’est bien pour ça que j’ai revu le film en V.O.

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Voilà une information que j’ignorais totalement. Merci.

ginevra