J’ai beau ne pas aimer le travail de Nolan sur cette trilogie, je ne le vois pas comme ça. Si tu en tires cette conclusion, c’est certainement que Nolan s’y est pris comme un manche d’une certaine façon, mais pour moi il avait l’idée inverse en tête. La conclusion de « The Dark Knight Rises », c’est la mort de Batman et la survie de Bruce Wayne : ses intentions deviennent très explicites à ce moment-là.
Mais c’est peut-être moi qui galèje, et la conclusion en question est peut-être une reculade de la part de Nolan…
Oui, c’est vrai, et perso, autant peut-être que la divinisation/panthéonisation (assumée explicitement, pour être clair), je vois la JLA de Morrison caratérisée par ça ; il est très clair sur la question dans son interview-fleuve avec Kevin Smith, mais aussi dans son « Supergods ». Ce que Morrison aime dans le panthéon DC, c’est qu’ils ne pataugent pas dans les problèmes. Ils arrivent, découvrent une crise, la résolvent et s’en vont, à peu près inchangés.
Cette « permanence » des persos, qui ne se recouvre pas tout à fait à mon sens avec l’idée de divinisation, c’est vraiment la substantifique moëlle de son travail sur le titre…
Alors d’une part, toi, t’es un mioche. Pas seulement comparé à moi, mais aussi par rapport à l’histoire du genre, et de son commentaire. Ensuite, regarde la date de production de la série. Justice League sort en 2001 (et Unlimited en 2004). Largement après Kingdom Come ou la JLA de Morrison (et le travail de longue haleine de Ross). Donc ça rentre dans le cadre : ce n’est pas récent pour toi, mais c’est récent dans l’histoire des formes.
(Soit dit en passant, cette version animée est formidable.)
Je crois qu’à ce stade de la discussion, il convient aussi de rappeler l’existence d’Authority. Cette série, lancée en 1999, s’articule autour d’une parodie de Ligue de Justice (incarnée par Apollo et Midnighter) et de la constitution d’un groupe composé d’archétypes. Des archétypes tellement détachés de leur humanité qu’une partie d’entre eux porte des noms de métiers ou de fonctions (et à l’inverse, Jenny Sparks et Jack Hawksmoor renient l’identité héroïque en imposant leur nom). C’est une série qui joue la carte de la déconstruction mais qui participe aussi à la « divinisation » des héros (et si elle s’inscrit dans la logique de la JLA de Morrison, elle influence à son tour plein de choses, notamment les Ultimates).
Et là, on retombe sur l’article cité plus haut, qui est certes un peu léger et à l’emporte-pièce, mais qui ne dit pas de contre-vérité : la déconstruction et l’édification d’un univers de fiction, ça revient à tirer le chariot dans deux directions différentes. C’est tout le paradoxe des super-héros au cinéma (et c’est l’explication des âneries que peuvent débiter certains journalistes) : ils revivent en accéléré ce que leurs homologues de papier ont vécu au fil de longues décennies. De Blade en 1998 à Watchmen en 2009, ils refont un parcours en une décennie que les super-héros ont accompli de 1938 à 1986. Ce qui fausse la perception. Et pour en revenir à l’article, ce qui étonne le plus, c’est que les décideurs chez DC et Warner ne se sont pas rendus compte de ce décalage.
En fait, en poussant un peu le raisonnement de l’article, on pourrait peut-être suggérer une piste d’analyse : pendant des décennies, Warner a produit des films « en interne », à savoir que ça provenait de DC, qui leur appartenait, et qu’ils en contrôlaient les différentes étapes. A contrario, Marvel cédait les droits à des producteurs « externes ». Marvel a donc, davantage que DC, l’expérience de la déception face à des produits qui ne ressemblent pas, de près ou de loin, à ce qu’ils font sur le papier. Arrivent Blade, X-Men et Spider-Man, qui rencontrent le succès pas seulement parce qu’il y a, pour les deux derniers, des cinéastes à forte personnalité, mais également et surtout parce qu’il y a une évidente fidélité au matériau de base. Pour Marvel (surtout avec Quesada à la barre, qui connaît des gens dans l’audiovisuel et comprend certaines choses), la leçon est claire : la fidélité paie. Donc, s’il s’agit de produire des films, autant fabriquer des produits fidèles. C’est une version sérieuse de la boutade de Stan Lee qui disait « quitte à mal les faire, autant mal les faire nous-mêmes ». Avoir cédé les droits à des intervenants extérieurs a été une bonne leçon de stratégie, par contraste, pour Marvel.
Les américains ont aussi un week-end de 4 jours, ce qui veut dire que les résultats définitifs ne seront connus que demain. En attendant la MAJ de lundi, voici le point Box-Office habituel du dimanche.
Steven Spielberg est #1 du box-office U.S., ce qui ne lui était pas arrivé depuis 10 ans. Ready Player One (budget : 175 millions) démarre avec $41,210,000 en 3 jours et $181,215,000 en ajoutant les premières sorties mondiales.
Le thriller Acrimony de Tyler Perry (budget : 20 millions) est second avec $17,100,000.
Black Panther (budget : 200 millions) ne quitte pas le TOP 3 et ajoute plus de 11 millions de dollars à ses recettes mondiales qui se montent à $1,273,899,634.
MAJ, avec les chiffres du long week-end de 4 jours :
#1 - Ready Player One : US - $58,951,789 / Monde : $186,451,789 #2 - Acrimony : $18,874,610 #3 - Black Panther : plus de 12,8 millions, ce qui monte le box-office mondial à $1,279,258,996
Porté par un très bon accueil public et critique, Sans un bruit (budget : 17 millions) prend la première place du box-office U.S ce week-end. Le film d’horreur de John Krasinski récolte 50 millions de dollars sur le territoire américain et 21 millions avec les premières sorties internationales, ce qui donne un total cumulé provisoire de 71 millions de dollars.
Ready Player One (budget : 175 millions) passe à la seconde place. Si le long métrage ne décolle pas vraiment aux Etats-Unis (avec $96,920,525), le nouveau Steven Spielberg approche des 400 millions de dollars de recettes au box-office mondial, notamment grâce à de très bons résultats en Chine.
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Autre nouveauté de la semaine, la comédie Blockers (budget : 21 millions) prend la troisième place avec $21,439,000 ($32,139,000 avec les premiers sorties hors U.S.).
Rampage - Hors de Contrôle (budget : 120 millions) a pris la première place du box-office, mais avec un modeste $34,500,000. Avec les premières sorties hors U.S., les recettes mondiales approchent des 150 millions de dollars de recettes en 5 jours.
Le nouveau Dwayne Johnson est talonné par Sans un bruit (budget : 17 millions) qui continue son excellent parcours avec un second week-end à $32,600,000 et un total cumulé provisoire de $151,335,885 .
Encore un bon démarrage pour la nouvelle production horrifique à petit budget de Blumhouse. Action ou Vérité (budget : 3,5 millions) est #3 avec $19,080,000 (et $21,680,000 avec les premiers chiffres hors U.S.).
Un point sur les autres sorties de ce premier trimestre :
Après l’échec du Bon Gros Géant et les résultats (très) modestes du Pont des Espions et de Pentagon Papers, Steven Spielberg renoue avec le succès avec Ready Player One (budget : 175 millions) qui en est à $474,807,798 et devrait donc terminer son exploitation avec plus de 500 millions de dollars de recettes.
Black Panther est 6ème et continue d’engranger des billets verts en attendant la sortie de Avengers : Infinity War dans quelques jours. Les recettes mondiales du 18ème film du MCU se montent à $1,313,497,522.
Résultats décevants pour Pacific Rim : Uprising avec $269,616,135 de recettes mondiales pour un budget de 150 millions de dollars.
Echec pour Un Raccourci dans le temps (budget : environ 130 millions). Le long métrage de Ava DuVernay n’a récolté que $118,674,131 .
C’est très moyen pour le nouveau Tomb Raider avec $268,036,569 pour un budget de 94 millions.
C’est nettement mieux pour la comédie familiale Pierre Lapin (budget : 50 millions) qui approche des 300 millions de dollars de recettes.
The Shape of Water - La Forme de L’Eau de Guillermo del Toro (budget : 19,5 millions) a terminé son exploitation avec plus de 192 millions de dollars de recettes.
La comédie musicale The Greatest Showman (budget : 84 millions) avec Hugh Jackman est un succès avec plus de 424 millions de dollars de recettes.
Et c’est un cuisant échec pour le remake d’Un Justicier dans la Ville avec Bruce Willis ($33,787,061 pour un budget de…30 millions !).