Perso, compte-tenu du potentiel du projet sur le papier, j’ai été assez déçu.
Le film a pour lui d’être correctement interprété, relativement bien écrit malgré quelques ruses de sioux un peu éculées (il y a presque un charme un peu désuet à voir le scénario planter certaines graines de manière ultra-visible… même si à l’occasion les auteurs jouent avec cette idée justement, notamment pour le climax).
Par contre, je trouve que la réalisation manque singulièrement de panache et reste très convenue, à quelques saillies gore près, assez jouissives pour le fan. Il n’y a pas le souffle ou l’ampleur adéquats pour correctement opérer la greffe entre le genre horrifique et le genre super-héroïque, à mon sens.
Et le récit est quand même vachement dilaté ; d’une certaine manière les Gunn jouent la sécurité, déroulant leur pitch alléchant sans jamais vraiment le transcender. Les deux premiers actes sont tout de même très timides, à la fois dans le genre horreur et celui du comic-book movie, nonobstant les clins d’oeil au « véritable » Clark Kent, et un certain sens, appréciable, de la concision dans le tout début de l’exposition.
Quelques petites idées un peu déviantes à relever, même si elles sont trop peu exploitées au bout du compte, comme ce sous-texte freudien à base de résolution tordue et littérale du complexe d’Oedipe (élément totalement absent du « canon Superman ») et une évocation inventive et gonflée des premiers émois sexuels d’un pré-ado probablement doté d’une vision à rayons X (à quoi peut donc ressembler la pornographie pour un tel personnage ? la réponse donnée par le film est amusante).
Au final, et c’est peut-être ce qui m’a le plus gêné durant la séance, je me pose une question lancinante, peut-être totalement à côté de la plaque mais bon : qu’en est-il de la portée idéologique d’un tel film ? En toute logique, si le contre-pied est pris par rapport au mythe de Superman, le message humaniste et « pro-migrant » de celui-ci doit être renversé, ou au minimum subverti…
C’est un peu l’impression que le film me laisse, cette idée que le fond idéologique qui l’anime, peut-être inconsciemment, convoque l’idée que l’on doit se méfier de l’étranger/migrant, que la nature l’emporte fatalement sur la culture, etc… Un discours potentiellement risqué par les temps qui courent.
Un film pas désagréable, mais pas transcendant, et lesté au final par sa noirceur intrinsèque, antithèse de ce que le genre super-héroïque est capable de convoyer.