BRIGHTBURN - L'ENFANT DU MAL (David Yarovesky)

DATE DE SORTIE FRANCAISE

26 juin 2019

REALISATEUR

David Yarovesky

SCENARISTES

Brian & Mark Gunn

PRODUCTEUR

James Gunn

DISTRIBUTION

Elizabeth Banks, Meredith Hagner, David Denman…

INFOS

Long métrage américain
Genre : horreur
Année de production : 2019

SYNOPSIS

Un enfant venu d’une autre galaxie atterrit en catastrophe sur Terre…mais au lieu de devenir un héros pour l’humanité, il se transforme en quelque chose de bien plus sinistre…

La bande-annonce :

Une version horrifique de Superman, donc. J’aime bien l’idée…

Pareil.

Bah, c’est juste la version Zack Snyder, non ? icon_mrgreen

Blague à part, les références sont tellement poussées et assumées dans le fond comme dans la forme, au vu de la BA, que je me demande à quel point DC va laisser passer sans rien dire.

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C’est produit par James Gunn.
Qu’ils veulent récupérer.
Donc je doute qu’ils tentent quelque chose.

Je ne sais pas s’ils peuvent « tenter » quelque chose légalement, de toute façon (je ne suis pas au fait de la législation américaine en la matière… mais des simili-Superman tirés dans une direction ou une autre, ce n’est pas ce qui manque dans les comics déjà).

Je me juste que ça doit tousser tout de même un peu dans certains bureaux de Burbank… Et je ne suis pas sûr que le fait que le coup porte l’estampille de James Gunn fasse mieux passer la pilule.

DC pourrait commencer par refaire un bon film Superman, avant de la ramener. :stuck_out_tongue:

Correction : DC pourrait commencer par refaire un bon film. :sweat_smile:

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Version négative des débuts de Superman, Brightburn est un film efficace qui tient son postulat de bout en bout et qui arrive habilement à jongler avec l’horreur, le fantastique et les codes du films de super-héros. Sur ce point, je suis vraiment épaté du détournement efficace (notamment dans les décors et l’environnement) des premières années de Clark Kent. C’est vraiment brillant à ce niveau.

Le film est également une sorte de réactualisation de La Malédiction (l’aspect religieux en bien moins présent) avec ce gamin terrifiant et ces parents terrifiés. Sanglant dans les mises à morts, le film est aussi efficace dans sa volonté de placer le spectateur en connivence (on connait et on a identifié clairement la menace dès le départ au contraire des victimes). C’est pas nouveau bien sur mais j’ai l’impression que c’est assez rare en ce moment.

Bref ce fut un gros plaisir même si les limites du budget se font ressentir sur certaines scènes (la fin en particuliers) mais de manière générale, les mecs s’en sortent très bien avec une bonne gestion des plans.

il y a une petite guest à la fin du film qui m’a fait assez sourire et m’a fait plaisir

Même ressenti.
J’ai lu des critiques complètement à côté de la plaque, alors que le film vaut largement le détour.
Quand on voit ce que la Warner fait de son DCU, ce film petit sans prétention a pour lui d’être bien écrit, bien dirigé et intelligemment filmé. Et de comprendre la matière dont il s’inspire.
Jouissif.
Et effectivement, ça fait plaisir de voir la guest à la toute fin. Tout comme ça fait plaisir de voir une bonne introduction à la Justice League. :slight_smile:

Perso, compte-tenu du potentiel du projet sur le papier, j’ai été assez déçu.

Le film a pour lui d’être correctement interprété, relativement bien écrit malgré quelques ruses de sioux un peu éculées (il y a presque un charme un peu désuet à voir le scénario planter certaines graines de manière ultra-visible… même si à l’occasion les auteurs jouent avec cette idée justement, notamment pour le climax).
Par contre, je trouve que la réalisation manque singulièrement de panache et reste très convenue, à quelques saillies gore près, assez jouissives pour le fan. Il n’y a pas le souffle ou l’ampleur adéquats pour correctement opérer la greffe entre le genre horrifique et le genre super-héroïque, à mon sens.

Et le récit est quand même vachement dilaté ; d’une certaine manière les Gunn jouent la sécurité, déroulant leur pitch alléchant sans jamais vraiment le transcender. Les deux premiers actes sont tout de même très timides, à la fois dans le genre horreur et celui du comic-book movie, nonobstant les clins d’oeil au « véritable » Clark Kent, et un certain sens, appréciable, de la concision dans le tout début de l’exposition.
Quelques petites idées un peu déviantes à relever, même si elles sont trop peu exploitées au bout du compte, comme ce sous-texte freudien à base de résolution tordue et littérale du complexe d’Oedipe (élément totalement absent du « canon Superman ») et une évocation inventive et gonflée des premiers émois sexuels d’un pré-ado probablement doté d’une vision à rayons X (à quoi peut donc ressembler la pornographie pour un tel personnage ? la réponse donnée par le film est amusante).

Au final, et c’est peut-être ce qui m’a le plus gêné durant la séance, je me pose une question lancinante, peut-être totalement à côté de la plaque mais bon : qu’en est-il de la portée idéologique d’un tel film ? En toute logique, si le contre-pied est pris par rapport au mythe de Superman, le message humaniste et « pro-migrant » de celui-ci doit être renversé, ou au minimum subverti…
C’est un peu l’impression que le film me laisse, cette idée que le fond idéologique qui l’anime, peut-être inconsciemment, convoque l’idée que l’on doit se méfier de l’étranger/migrant, que la nature l’emporte fatalement sur la culture, etc… Un discours potentiellement risqué par les temps qui courent.

Un film pas désagréable, mais pas transcendant, et lesté au final par sa noirceur intrinsèque, antithèse de ce que le genre super-héroïque est capable de convoyer.

Un discours qu’on peut appliquer à tout film avec un alien ou une menace fantastique (presque 20 ans j’ai encore en mémoire une émission @si sur les séries TV où une intervenante taxée Buffy d’œuvre fasciste parce qu’elle tuait des vampires et des monstres donc l’étranger).

Je dirais que la question peut se poser quand on parle de Superman néanmoins je pense qu’elle soit plus applicable dans le cadre d’un film très grand public (genre les merdes de Snyder) que dans le cas d’une énième série B

Oui, je pensais spécifiquement à Superman, tant le sous-texte est flagrant dans ce cas-là…

Un alien, peut-être (et dans les années 50, les séries B américaines mettant en scène ce type d’invasion étaient assez farouchement xénophobes, et plus spécifiquement anti-« rouge »), une menace fantastique je ne crois pas…
Il y a quelque part sur Youtube ou autre une conférence de Jean-Baptiste Thoret (avec un titre du genre : « le cinéma américain et les monstres ») où il explique très bien l’évolution du statut du monstre dans le cinéma américain entre les années 50 et la fin des années 70 : au début, le monstre c’est clairement l’étranger, celui qui fait disruption avec l’idée un peu artificielle de communauté harmonieuse, mais en fin de parcours le monstre c’est le même, c’est nous (exemplairement : les « Body Snatchers » de Philip Kaufman, qui semble prendre le contre-pied de ceux de Don Siegel dans les années 50).
Une question délicate mais passionnante.

Evidemment (c’est pourquoi je prenais des pincettes), le type de lecture un peu « radicale » ou unilatérale que je fais de « Brightburn » peut se contrer facilement (tout dépend du contexte, du portrait qui est fait des personnages, de la propension des auteurs à porter un jugement sur les événements et les protagonistes, etc…), mais je me demande justement in fine ce que nous raconte « Brightburn ».
Ce n’est peut-être après tout qu’un simple exercice de style (genre un « what if » : et si Superman était un méchant ? ; assez proche dans l’esprit finalement de ce que faisait Waid dans « Irrécupérable », même si lui avait plein d’autres persos pour venir nuancer son discours…), auquel cas je me prends sûrement un peu trop la tête.
Mais… je ne sais pas, je m’interroge.

Encore quelqu’un qui n’a pas écouté durant les cours d’histoire. Parce que les premières victimes d’un fascisme, c’est toujours les gens du pays. Les premières victimes du nazisme, ce furent des Allemands. Être « vampire », ce n’est pas être étranger. Qui plus est, l’argument est débile, puisqu’il revient, en filigrane, à comparer le juif (et le tzigane, et l’homosexuel) au vampire. La maladresse intellectuelle associée aux bonnes intentions, ça donne des trucs croquignolesques.

Jim

Cet exemple me rappelle le film « District 9 » de Neill Blomkamp, qui tombait justement, avec les meilleurs intentions du monde pourtant, dans ce type de travers.
Plus généralement, je suis assez hostile aux interprétation unilatérales des grandes figures du genre fantastique (et aux interprétations unilatérales en règle générale, d’ailleurs). Genre « le vampire ou l’extraterrestre, c’est toujours ceci, ou cela », etc… George Romero a prouvé qu’une telle figure (en l’occurrence pour lui, le zombie) pouvait être protéiforme et muter à l’envi.