BRUNO BRAZIL t.1-11 (Michel Greg / William Vance)

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La critique de Bruno Brazil par ginevra est disponible sur le site!

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La réédition récente de la série m’a permis de me replonger dans des souvenirs de lecture, mais aussi de compléter mes connaissances (parce que je n’avais pas tout lu).

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Ce qui me ravit parce qu’il contient sans doute mon album préféré (Sarabande à Sacramento, mon Bruno Brazil préféré, et peut-être même mon Vance préféré, je reste fasciné par la construction des premières planches, qui octroie une respiration incroyable dans la circulation des images) et Des Caïmans dans la rizière, dont j’avais entendu parler depuis des années voire des décennies, mais qu’il me semble n’avoir jamais lu.
Bref, pour moi, un festival de retrouvailles et de découvertes.

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J’aime beaucoup la caractérisation des personnages, très moderne, et très « américanophile » : en effet, Greg profite d’une écriture chorale pour définir ses personnages par leurs actions et par leurs échanges vigoureux. Ça vient un peu du cinéma américain à mon avis (les films de guerre ou de braquage, je pense aux Douze Salopards ou aux films du Rat Pack, par exemple…) et sans doute un peu aussi des comic books américains (même si une écriture comme ça commençait à peine à poindre dans Justice League of America… mais Greg devait connaître Fantastic Four ou Avengers…).

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Il y a un côté « behaviorist » dans l’écriture qui est d’une redoutable efficacité. Bref, c’est pas introspectif, mais les personnages vivent et gagnent en épaisseur sans avoir besoin de se regarder le nombril.
Et aucun n’est laissé en retrait, autre difficulté. Quel plaisir de retrouver toutes ces qualités, ainsi que ces sensations de lecture.

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Le seul petit reproche que je ferais, c’est que les dialogues de Greg sentent toujours la recherche stylistique, l’élégance raffinée presque artificielle, le fignolage, la figure de style, et pour tout dire le maniérisme. C’est en cela que je trouve (avec mes lacunes de franco-belge que vous avez sans doute repérées : je n’ai pas tout lu, et ce que j’ai lu n’est pas toujours très frais dans mes souvenirs), que je trouve, donc, Charlier plus lisible. Parfois plus bavard, indéniablement (il y a chez Greg, paradoxalement… ou bien c’est lié, justement… un souci du percutant qui joue en sa faveur), mais plus fluide, plus naturel. Et plus invisible, d’une certaine manière.

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Sur Bruno Brazil, les dialogues de Greg sont soutenus par le lettrage de Vance. Et si je n’aime pas toujours ses bulles, à Vance, notamment les bulles éclatées, j’adore son lettrage, sa calligraphie. Les lettres sont magnifiques, les gros caractères pour les cris et les hurlements fonctionnent à merveille, bref, c’est super élégant et très expressif.

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Quant au dessin de Vance, ça m’enchante : c’est la période où il est en pleine transformation, pas encore figé comme dans XIII, dynamique, en recherche, avec des variations d’encrage passionnantes (l’encre sèche des gros plans dans Caïmans dans la rizière évoque un peu certains Espagnols ou certains Philippins, les cases sans bords où les longues jambes des personnages spatialisent l’ensemble me rappellent un peu Maroto, mais l’encrage d’Orage aux Aléoutiennes, par son côté nerveux, me fait aussi penser à ces Anglais qui officiaient sur les pockets de guerre chez DC Thompson…) et une volonté de toujours se mettre au défi. Ça donne des planches vivantes, électrisantes. À se demander pourquoi et comment la BD franco-belge d’aventure est devenue aussi planplan de nos jours…

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Bref, pour moi, un régal, qui tient autant de la relecture que de la découverte.

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Jim