REALISATEUR
Albert Pyun
SCENARISTE
Stephen Tolkin et Lawrence Block, d’après le personnage créé par Joe Simon et Jack Kirby
DISTRIBUTION
Matt Salinger, Scott Paulin, Ronny Cox, Ned Beatty, Kim Gillingham, Darren McGavin, Michael Nouri, Bill Mumy…
INFOS
Long métrage américain
Genre : aventures
Année de production : 1990
Au début des années 80, Menahem Golan et Yoram Globus, les big boss de Cannon Group et grands manitous de la série B de cette époque, décidèrent d’inclure des super-héros à leur catalogue plein à rabord de karatékas, de ninjas, de justiciers dans la ville et autres Chuck Norris. Pour 225.000 dollars, les cousins passent un contrat avec Marvel qui leur garantit les droits cinématographiques de Spider-Man et Captain America pour une période de 5 ans. Le film Spider-Man, qui passa entre les mains de Tobe Hooper et Joseph Zito, ne vit finalement pas le jour. Le Vengeur étoilé, par contre…
Comme souvent, les Go-Go Boys ne perdaient pas de temps et faisaient régulièrement la promotion de leurs multiples projets à grand renfort de pleines pages de publicité dans Variety. Ces fameuses publicités ne furent d’ailleurs pas du goût de Marvel puisque les crédits annoncaient « inspiré par le personnage Marvel de Stan Lee ». Mention bien entendu rectifiée par la suite.
Le premier réalisateur impliqué fut le britannique Michael Winner, qui avait déjà bossé pour Cannon sur les suites d’Un Justicier dans la ville avec Charles Bronson. La toute première version du script avait été confiée à un scénariste maison, James Silke (Revenge of the ninja, Ninja 3, American Ninja). Après plusieurs mois de boulot, Winner rejeta les traitements de Silke (Cap contre les ninjas ?) et retravailla le script avec son compatriote Stanley Hey. Peine perdue, James Galton et Jim Shooter de Marvel rejetèrent cette version, qu’ils qualifièrent d’« affreuse ». En 86, retour à la machine à écrire. Winner est toujours associé au projet, avec Lawrence Block et un certain Stan Lee. Mais la Cannon, qui manque un paiement, perd brièvement les droits. Winner ne peut plus attendre et quitte le navire. Lorsque le studio les récupère, c’est l’acteur devenu réalisateur John Stockwell (Christine) qui en hérite. Stephen Tolkin est alors chargé de fournir un nouveau scénario. Mais la Cannon est alors en plein trouble après une série d’échecs (dont la catastrophe Superman 4). En 1989, Menahem Golan prend la porte et se voit accorder le contrôle d’une autre firme, 21st Century Film Corporation. Il peut finalement lancer la production de Captain America. Et c’est Albert Pyun, qui venait de diriger Jean-Claude Van Damme dans Cyborg qui est confirmé à la réalisation.
Parmi les acteurs qui furent considérés pour interpréter le double rôle de Steve Rogers/Captain America pendant ces 5 ans, on trouve notamment Val Kilmer, Arnold Schwarzenegger (Cap avec un accent autrichien !), Dolph Lundgren (qui déclinera au profit du Punisher) et le footballeur Howie Long. C’est finalement un inconnu (et qui le restera) qui sera choisi : Matt Salinger, le fils de l’écrivain reclus J.D. Salinger. Le bonhomme sera au final, et malgré un gros manque de charisme, plutôt convaincant en Steve Rogers, mais vraiment pataud en Captain America, engoncé dans un costume visuellement peu convaincant malgré sa fidélité aux motifs de la bande dessinée et visiblement assez inconfortable (c’est peut-être pour cà qu’il évitera de le porter pendant une grande partie du film).
Scott Paulin, qui incarne le Crâne Rouge italien (oui, oui), est encore moins connu. Il ne portera pas longtemps sa tronche de cire fondu puisque le Crâne aura droit à de la chirurgie esthétique (ratée) pour les scènes se déroulant dans le présent.
Pas de grosses guest-stars, petit budget oblige, mais deux très bons seconds rôles : Ronny Cox (Robocop, Total Recall) qui joue le Président des Etats-Unis, et Ned Beatty (Otis dans les Superman de Donner). Dans une interview donnée quelques années plus tard, Ronny Cox avait complimenté le scénario de Tolkin, tout en se demandant comment il avait pu être salopé à ce point.
Le résultat est en effet assez désolant. Les premières minutes, situées pendant la Seconde Guerre Mondiale, peuvent encore faire illusion, surtout la partie décrivant le quotidien de Steve Rogers et l’opération Renaissance. Mais la production étant particulièrement modeste, des scènes ont du passer à l’as et Cap passe directement de sa transformation au premier affrontement contre Crâne Rouge. Sa légende n’est pas construite et il est vite présenté en position de faiblesse fâce à un Crâne Rouge peu convaincant. Les conditions de sa plongée en animation suspendue sont assez fidèles à la B.D. (mais sans Bucky) mais il faut une sacrée suspension d’incrédulité pour croire à la traversée de ce missile, lancé depuis l’Allemagne, dévié aux States grâce à un coup de pied bien placé pour finir sa course en Alaska.
Suit un long passage à vide bien ennuyeux après le réveil de Cap en 1990. Pendant que Steve tente de se faire à sa vie d’homme hors du temps grâce à la jolie Sharon (pas Carter…la petite fille de la femme qu’il a aimé dans les années 40), Crâne Rouge apprend son retour et envoie sa fille et ses sbires à ses trousses. En guise de vilain, on a donc droit à un homme d’affaires et des échappés de Melrose Place. Baille…
Après plusieurs péripéties mollassonnes, Cap découvre le plan de Crâne : enlever le président et en prendre le contrôle. Re-baille…
Le combat final sera à l’image du reste du film : décevant. Les capacités athlétiques de Cap sont peu mises en valeur, le bouclier est aussi peu utile qu’un couvercle de poubelle et le rythme est déficient.
Captain America devait à l’origine sortir fin 1990, à l’occasion du 50ème anniversaire de la création du personnage. Ce fut le cas…en Angleterre. Le distributeur américain, déçu par le résultat, le relégua sur une étagère où le film prit la poussière pendant 2 ans avant une sortie en catimini en VHS en 1992. Après plusieurs tentatives ratées (dont le serial des 40s et les téléfilms des 70s), il faudra donc attendre 2011 pour que le héros patriotique ait enfin son moment de gloire au cinéma.