Vraiment formidable, ce troisième tome.
Déjà, il est très drôle. Il regorge de scènes légères, amusantes, et pourtant très poignantes. La leçon d’anatomie donnée par Champignac (qui à mon avis doit faire rêver tous ceux qui, comme moi, ont eu des profs de biologie soporifiques et incompréhensibles au collège : j’espère que ça a changé) est épatante parce qu’elle est légère, que les personnages sont très vivants et naturels, et parce qu’elle rend tout cela d’une clarté, d’une limpidité et d’une évidence bienvenues. Même quand ça devient plus technique (et qu’il parle de ses champignons, par exemple), c’est fluide.
Une autre scène aussi qui est chouette, c’est celle du restaurant, mise en scène, en creux, du conservatisme intransigeant tenté par la violence et l’insulte. Ça parvient à mettre les rieurs du côté de Champignac et de ses amis, tout en évoquant des choses graves. Et ça me semble d’autant plus important et nécessaire aujourd’hui, alors qu’on assiste à des renversements de vapeur dans les grandes démocraties : le sujet de l’album, maîtrisé, léger, réussi, est essentiel.
L’album se lit bien, vite, il file. En partie parce qu’il est consacré, dans son dernier acte, à une folle course-poursuite très visuelle et assez hilarante également. La capacité des auteurs à allier action et humour suscite l’admiration. L’identité des deux poursuivants et surtout l’explication de leur motivation est l’occasion de montrer à quel point l’idéologie peut rendre aveugle et inepte : ça aussi, c’est un grand moment.
Chose amusante, l’éditeur prend la précaution de signaler que la séquence noire, du plus bel effet à mon sens, est volontaire, que ce n’est pas une erreur d’impression. Décidément, se lancer dans une expérience formelle demande bien des précautions oratoires, en franco-belge.
Ah, et puis, bien sûr, à la fin de ma lecture, je suis allé voir la case 5 de la planche 16 dans Panade à Champignac. J’imagine que je ne suis pas le seul.
Vraiment, un album formidable.
Jim