COMICS & MEDIAS

Love and Rockets (2/2) :

Les références au magnum opus des frères Hernandez apparaissent parfois là où on ne les attend pas, en l’occurence dans le cadre de l’adaptation exemplaire qu’est Batman: The Animated Series.
Au début de l’épisode « Birds of a Feather », Oswald Cobblepot aka le Pingouin (doublé par Paul « Phantom of the Paradise » Williams) sort de prison et entre dans un bus pénitentiaire, dont l’intérieur ne paraît pas très accueillant.
Il y a parmi les passagers une jeune femme à l’allure plutôt familière (en tout cas pour les fans de L&R tels que Jack! ou votre serviteur), avec ses cheveux courts et son long manteau noir.

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Ce personnage est bien sûr une référence claire qui renvoie à la punkette Hopey, un des personages principaux qui gravitent autour de la figure centrale qu’est la gironde Maggie. Ce caméo inattendu est une initiative de Ronnie Del Carmen, un fan de longue date de la série qui s’est chargé du storyboard de l’épisode en question.

Barr:Englehart

Cet épisode de Batman TAS contient également des références plus axées sur la mythologie propre au chevalier noir, renvoyant à certains des auteurs marquants de la franchise.
C’est ainsi que les noms des scénaristes Steve Englehart et Mike W. Barr apparaissent sur des panneaux alors que le personnage de Pierce Chapman s’apprête à délivrer la rançon au Pingouin afin de libérer Veronica Vreeland.

Cette référence est loin d’être anodine, puisque elle témoigne de l’influence des comics-books des années 70 et 80 sur la série, qui a pioché abondamment dans la continuité du Batman pré-Crisis (tout en arrivant à rendre hommage aux versions diamétralement différentes dans leur tonalité de Frank Miller et Dick Sprang, et cela par le biais de la multiplication des points de vue, à la manière de « Rashômon »).

Il n’est donc pas étonnant de retrouver dans le générique de la série des scénaristes phares des années 70, qu’il s’agisse de Marv Wolfman, Gerry Conway, Elliot S. Maggin, Lein Wein, et même Steve Gerber, pour certains des épisode les plus barrés de la seconde série « The New Batman Adventures » (lui qui avait justement travaillé dans le domaine de l’animation lors des années 80, sur Transformers, G.I. Joe et Thundarr/Arok le barbare).
Bruce Timm, Paul Dini et leurs collaborateurs avaient également souhaité adapter certaines histoires provenant du run de Doug Moench (l’introduction du personnage de Nocturna fut un temps envisagée), mais cela n’a pas abouti, en dépit de son inclusion dans une série d’exception, qui n’hésitait pourtant pas à explorer un registre assez sombre.

La période des débuts du « Timmverse » a également été l’occasion d’adapter des classiques issues des décennies précédentes, tel le « Laughing Fish » d’Englehart ou encore les premières apparitions de Ra’s al Ghul dans le cadre du show, supervisées par Dennis O’Neil, le créateur du personnage et auteur d’un cycle resté dans les annales du titre.
L’utilisation récurrente de certains personnages (Rupert Thorne, Leslie Thompkins, Killer Croc, Harvey Dent, Hamilton Hill, Harvey Bullock) atteste également de l’influence de cette période méconnue du lectorat français.

Pour ceux qui voudraient en savoir plus, Jim a évoqué cela dans son billet sur le Batou de Conway :

[quote=« Jim Lainé »]

En ce moment, pour des raisons professionnelles, je relis le Modern Masters #3 consacré à Bruce Timm. Dans l’entretien, les deux interlocuteurs évoquent la volonté de l’équipe d’adapter l’histoire de Nocturna (tout le soap avec Dick Grayson et les vampires, que Sagédition a plutôt flingué en présentant les histoires dans le désordre). Ils envisageaient de faire un double épisode, afin de condenser les meilleurs moments de la vaste saga. Mais la chaîne a refusé dès que le mot « vampires » a été prononcé.
Quoi qu’il en soit, c’est encore la preuve que la période Conway / Moench a été une source d’inspiration première pour la série. Ça me semblait évident l’année dernière quand j’ai tapé ce billet, mais là, c’est frappant.

Jim[/quote]