REALISATEUR
Yves Boisset
SCENARISTES
Yves Boisset et Claude Veillot, d’après le roman de Paul Kenny
DISTRIBUTION
Claudio Brook, Margaret Lee, Bernard Blier, Jean Topart, Jean Servais, Klaus Kinski…
INFOS
Long métrage français/italien
Genre : aventures/espionnage
Année de production : 1968
Le succès de James Bond a été le déclencheur d’une des nombreuses modes du cinéma d’exploitation européen, appelée l’eurospy. Pendant une grande partie des années 60, les écrans ont vu se succéder pléthore d’agents secrets et ersatz bondiens. Les représentants français de cette période sont notamment le Tigre (joué par Roger Hanin sous la direction de Claude Chabrol), OSS 117 ou encore Coplan, ces deux derniers venant de la littérature populaire.
L’espion Francis Coplan (matricule FX-18) a été créé par Paul Kenny, nom de plume pour deux écrivains belges qui ont animé ses aventures le long de 237 romans très populaires dans les années 60 et 70. Le personnage a eu droit à six adaptations cinématographiques, mais les producteurs ne se sont pas donnés la peine de créer une continuité puisque Coplan a été incarné à chaque fois par un acteur différent (dont Dominique Paturel dans Coplan prend des risques en 1964).
Sorti en 1968, Coplan sauve sa peau est le dernier de la série. Il s’agit aussi du tout premier long métrage de l’ancien journaliste et critique Yves Boisset (Dupont Lajoie, Le Prix du Danger…), qui fut l’année précédente l’assistant de Riccardo Freda sur Coplan ouvre le feu à Mexico. Et pourtant pendant toute la production, le film était tout sauf un Coplan. Parce qu’il lui restait encore un peu de fric pour un tournage en Turquie, le producteur Robert de Nesle a laissé les coudées franches à Yves Boisset pour un tournage à petit budget. Il n’a même pas lu le scénario, juste commandé une série B d’action. Et il a été assez déconcerté par ce qu’il a vu…
Coplan sauve sa peau a en effet débuté sous le titre Les Jardins du Diable, une histoire au ton assez étrange dans laquelle un ancien agent enquête sur la mort d’une femme dont il fut jadis amoureux et qui est liée à une organisation secrète dont le chef (du nom de Hugo Gernsbach, inspiré par le romancier créateur du terme science-fiction) est prêt à détruire le monde pour mieux le reconstruire. Dans l’idée, c’est très bis…dans l’exécution, cela manque de folie. Le rythme est en dents de scie, le déroulement de l’intrigue est un poil confus et les scènes d’action inégales (certaines sont vraiment mollassonnes mais la chasse finale réserve des moments un peu plus croustillants).
Coplan sauve sa peau ne manque pas de références. Yves Boisset glisse notamment des clins d’oeil au cinéma d’horreur italien, à Freaks, aux films avec Humphrey Bogart, à Bond pour le vilain, à La Chasse du Comte Zaroff pour le dernier acte. Elles ne s’intègrent pas toutes très bien, ce qui participe au côté décousu de l’ensemble. Dans le rôle principal, perdu et diminué pendant le premier tiers du récit, Claudio Brook (La Grande Vadrouille) manque de charisme. Mais il y a de bons et pittoresques seconds rôles : Bernard Blier en taxidermiste/espion, Klaus Kinski en sculpteur à moitié nu qui prétend être la réincarnation du Marquis de Sade et Jean Topart (à la voix tellement reconnaissable pour tous ceux qui ont grandi dans les années 70 et 80) en flic turc tenace (et fantasque).
Une curiosité donc…qui traîne beaucoup trop en longueur mais qui surprend par certains choix. Pour mieux la vendre, son producteur a donc décidé de remplacer le nom de Stark par celui de Coplan à la post-synchronisation (pour d’autres protagonistes, il a choisi des noms tirés du roman Coplan paie le cercueil) et de changer le titre. Ce qui n’a pas été du goût de Yves Boisset, qui a été ensuite étonné par l’accueil plutôt favorable reçu par Coplan sauve sa peau après ces retouches.