Shudder, la plateforme de streaming U.S. spécialisée dans l’horreur, a officialisé le début de la production de la première saison de Creepshow, une série inspirée par les longs métrages des années 80 imaginés par George A. Romero et Stephen King.
Comme les films, Creepshow sera un format anthologique qui proposera plusieurs histoires, dont des adaptations de nouvelles (notamment de Joe Hill, Joe Lansdale et bien entendu Stephen King) et de comics (le « All Hallow’s » de Bruce Jones est annoncé).
Le réalisateur et spécialiste des effets spéciaux Greg Nicotero supervise ce nouveau Creepshow. La diffusion devrait commencer en fin d’année (pour Halloween).
Si c’est du même ton que les contes de la Crypte, ça pourrait être sympa (cependant, c’était une autre époque, et je ne sais pas si celle-ci serait capable de retrouver la même chose)
Ah grave !
Bon, je connaissais l’histoire (je l’ai reconnue en voyant la première page, mais j’avais oublié son titre), et j’ai découvert ton sujet cinq heures après, mais tu avais déjà fait tout le boulot ! Diable diable !
Comme les films dont elle s’inspire, la série Creepshow est inégale…ce qui est le cas de tous les formats anthologiques que j’ai pu voir jusqu’à présent. La saison est composée de 6 épisodes qui présentent 2 histoires chacun. Les auteurs ont repris les codes des films : des transitions animées avec des pages de comics qui se tournent et des cases utilisées pour introduire et conclure chaque récit. Certains effets visuels sont également repris comme ces gros plans sur les visages des acteurs avec des fonds aux couleurs criardes.
Le Creep est de retour, une marionnette assez rigide qui a divisé mais c’était également le cas dans le premier film (on est loin du Cryptkeeper et de ses bons mots…d’ailleurs le Creep ne parle pas). La série a également partagé ses spectateurs, j’ai parcouru des commentaires et j’ai vu de tout, des gens qui ont aimé (à des degrés divers) comme d’autres qui ont détesté. Je me place dans la première catégorie (j’ai pour le moment vu les trois premiers épisodes).
On commence avec une adaptation de Stephen King, Matière Grise, qui remonte aux années 70. L’histoire d’un gamin qui vient de perdre sa mère et qui assiste à la lente déchéance de son père, psychologique puis physique due à une étrange substance qui se trouve dans sa bière préférée. Une transformation amenée progressivement, par un récit raconté en flashback, avant une deuxième partie axée sur le body horror suintant et dégoulinant. La série met plus l’accent sur les effets pratiques, mais quand elle utilise le numérique, c’est un peu moins convaincant, ce qui est le cas de la révélation du final. Ce segment a la meilleure distribution (Adrienne Barbeau, Giancarlo Esposito, Tobin Bell) et j’aime bien son ambiance, sa montée en puissance…mais pas sa dernière scène un peu trop hystérique… La Maison de Poupée propose une variation étonnante sur le thème de la maison hantée. Un suspense bien dosé, avec de bonnes idées de mise en scène et une bonne interprétation de la petite Cailey Fleming (Judith Grimes dans The Walking Dead)…mais là encore une dernière scène qui ne vaut pas ce qui a précédé…
Avec ses soldats loup-garous en pleine seconde guerre mondiale, Le Grand Méchant Loup est la première histoire qui revendique vraiment son côté purement bis et celle qui reprend pour la première fois à son compte les effets du premier film dont j’ai parlé plus haut. Là encore, le budget ne permet pas des transformations pleinement réussies (c’est même assez cheap) mais sur ce point les cases de BD (dessinées par Kelley Jones pour ce segment) sont plutôt bien employées. C’est gore et bas du front et si le scénario ne lui donne pas grand chose à faire, Jeffrey Combs cabotine bien comme il faut en officier allemand. Le doigt maudit est une de mes préférées. Une exploration de la folie et de la solitude très bien interprétée par D.J. Qualls qui se sort bien de l’exercice qui consiste à briser le quatrième mur pour parler directement au spectateur. Et Bub, la petite créature, est très réussie.
Bruce Jones adapte lui même son comic-book All Hallow’s pour Halloween. Je l’aime beaucoup celui-là. Le ton change régulièrement tout comme l’attitude des personnages principaux, passant de sympathiques à inquiétants en une scène jusqu’à ce que l’on découvre ce qui leur est arrivé. Et c’est aussi dur que triste et mélancolique… L’homme de la valise est un conte moral à l’humour noir qui tire bien parti de sa situation très saugrenue, variation bien barrée sur le thème du « génie dans la lampe ». L’équilibre entre humour et horreur fonctionne et la chute est pas mal du tout, ce qui n’est pas toujours le cas dans cette première moitié de saison…
Adaptation d’une nouvelle écrite par Joe Lansdale et ses enfants, The Companion est à la fois une variation sur les thèmes du golem et de l’épouvantail tueur. J’aime beaucoup le look de la créature et l’atmosphère de l’histoire grâce au travail sur les décors et la photographie. Pas mal du tout, même si la chute est prévisible… Lydia Layne’s Better Half est l’un des segments les plus faibles de la saison, un conte sur la culpabilité qui se transforme en suspense claustrophobique. C’est bien interprété par Tricia Helfer…mais au final un brin léger et assez ennuyeux, sans ce petit grain de folie à la Creepshow…
Night of the Paw reprend le thème classique de la « patte de singe » qui exauce les voeux…et bien entendu il faut faire très attention à ce que l’on souhaite. Le récit ne renouvelle pas ce sujet déjà bien exploité mais Bruce Davison livre une bonne interprétation dans cette histoire sans surprises mais divertissante… Times Is Tough In Musky Holler est un étrange segment. C’est le plus court et pourtant il tente de raconter trop de choses. Le point de vue est intéressant mais gâché tout de même par le traitement de l’ensemble. Pour tenter d’expliquer la situation, les auteurs ont plus recours cette fois aux pages de comics (c’est le deuxième épisode illustré par Kelley Jones) mais l’effet voulu réduit l’efficacité. C’est clairement un récit qui aurait mérité un peu plus de temps d’écran et qui tombe donc à plat…malgré une fin percutante et très gore…
Dans Skincrawlers, co-écrit par Paul Dini, un remède miracle pour perdre du poids a des effets secondaires plutôt…explosifs. Un très bon segment, l’un des plus réussis de la saison, qui mêle efficacement humour et gros gore qui tâche. C’est bien interprété et le climax, avec ses effets pratiques très convaincants, est aussi divertissant que dégoulinant. Du Creepshow à son meilleur…
J’ai survolé quelques classements des histoires de la série et By the silver water of Lake Champlain, adaptation d’un récit court de Joe Hill réalisée par la légende de l’horreur Tom Savini, est toujours classé en bas de liste. Ce n’est certes pas le meilleur épisode, mais pour ma part je l’ai trouvé assez touchant. Un conte sur la famille et sur la nature des monstres un poil trop mélodramatique mais qui offre une atmosphère différente et bienvenue pour conclure cette saison.