En fait, le personnage de Crom, le dieu de Conan, m’a l’air d’avoir fait l’objet de détournements assez rapides, peut-être du fait qu’il n’a pas été déposé, puisqu’il n’est qu’un personnage secondaire dans les textes de Howard. Du moins c’est ce que j’ai cru comprendre. Ce qui aurait permis que son nom soit repris par un autre personnage assez vite…
Hier, j’ai relu en diagonale les trois épisodes de Crom the Barbarian, publié en 1950 par Avon et réalisé par Gardner Fox et Joe Giunta, et compilés en français dans le deuxième numéro de Golden Legends (qui, après vérification, est le dernier : celui consacré à l’adaptation de Docteur Jekyll et Mister Hyde semble n’être jamais sorti).

J’avais survolé les récits au moment de l’achat, il y a une dizaine d’années, mais j’ai surtout pris plaisir à relire les textes d’accompagnement, qui font un peu le point sur le personnage. S’il emprunte son nom au dieu du Cimmérien, il suit un parcours comparable à ce dernier, puisqu’il est un combattant errant qui finira par devenir roi en emportant le cœur de la Reine Talit. Donc c’est un peu Conan, et c’est un peu Crom, quoi. La grosse différence, c’est qu’il est blond !
C’est écrit par Gardner Fox, qui est lui-même scénariste (ça, on le sait tous) mais aussi romancier (trois de ses romans Kothar ont été traduits, je dois en avoir un ou deux…). C’est dessiné par Joe Giunta et les signataires (dont Jean Depelley) remarquent qu’il est fort possible que le premier épisode soit encré par Wally Wood. Ça date de 1950 et c’est publié par Avon, un éditeur de pulps dirigé par Edna et Joseph Myers (qui sont sœur et frère). La maison d’édition est assez tardive puisqu’elle est fondée en 1941, et elle publie des formats poche et des rééditions. Elle se met tardivement à la bande dessinée, vers 1950. Crom le Barbare fait partie de ses tentatives. Si le personnage est bien décalqué de ce qu’on trouve dans les pulps (c’était un peu la marque Avon : fournir du contenu qui plaît au public, mais pas obligatoirement novateur, ni toujours de qualité), il est aujourd’hui considéré comme un des premiers héros de « sword and sorcery » en bande dessinée, si ce n’est le premier.
1950, c’est aussi l’année où le petite éditeur Gnome Press a commencé à compiler les textes de Howard. D’après ce que j’ai lu ici et là, les textes sont présentés dans l’ordre chronologique dans lequel Howard les situait, et non dans l’ordre de parution. Personnellement, je crois que je n’avais jamais vu une de leurs couvertures, avant de trouver l’image postée ci-dessus. Les bouquins sont réputés beaux, chers et à petit tirage. Je connais surtout les images des rééditions chez Lancer/Ace, à la décennie suivante, qui ont longtemps fait autorité (jusqu’au travail récent de Patrice Louinet) et qui souvent étaient ornées de couvertures reprenant des illustrations de Frazetta.
Jim