DANS LA BRUME (Daniel Roby)

Voilà.

Pour en revenir au franco-belge, je trouve que bien peu d’auteurs et/ou d’éditeurs se posent les bonnes questions (voire s’en posent tout court) concernant le lettrage. On met la même police partout, et zou. Et ça, c’est dans le meilleur des cas. Parce que, bien souvent, les dessinateurs ont tracé les bulles sur les originaux, et donc il faut caler un peu le texte par rapport à la forme du phylactère, et cette étape, souvent, est bâclée. Sans compter que le corps des lettres est petit, et qu’on a souvent des bulles qui flottent un peu.
Ça, c’est dans le meilleur des cas. Le pire, c’est par exemple le premier tome de Crusaders, où le corps de texte est réduit pour coller à la taille des bulles (et c’est là que la méthode américaine prouve sa supériorité : le scénariste écrit les dialogues définitifs quand les planches sont dessinées, ça aide à équilibrer l’ensemble). Ou encore une partie de la série des 7 Merveilles, où clairement le lettrage est bâclé.
Pendant longtemps, la couleur a été un ajout au dessin, au mieux une béquille, et puis, depuis les années 1980 (et l’émergence d’une génération de coloriste qui ont contribué à donner une personnalité à des séries, comme Isabelle Rabarot ou Yves Lencot…), le travail des coloristes a été reconnu, au point que leur nom figure en couverture (et c’est pas toujours mérité). J’appelle de mes vœux une même évolution pour les lettreurs. Que l’on reconnaisse l’importance de ce travail dans la qualité du produit fini. Et, en filigrane, que l’on mette du temps et des moyens dans ce qui s’apparente à une sorte de « post-production ».
Parce que, à part un Mauricet dans Une bien belle nuance de rouge ou un Alice dans Siegfried, rares sont les auteurs qui ont une ambition affichée en matière de lettrage.

Jim