DANS LA BRUME (Daniel Roby)

DATE DE SORTIE PREVUE

4 avril 2018

REALISATEUR

Daniel Roby

SCENARISTES

Guillaume Lemans, Jimmy Bemon et Matthieu Delozier

DISTRIBUTION

Romain Duris, Olga Kurylenko, Fantine Harduin, Michel Robin…

INFOS

Long métrage français/québécois
Genre : science-fiction
Année de production : 2018

SYNOPSIS

Le jour où une étrange brume mortelle submerge Paris, des survivants trouvent refuge dans les derniers étages des immeubles et sur les toits de la capitale. Sans informations, sans électricité, sans eau ni nourriture, une petite famille tente de survivre à cette catastrophe… Mais les heures passent et un constat s’impose : les secours ne viendront pas et il faudra, pour espérer s’en sortir, tenter sa chance dans la brume…

La bande-annonce :

Tiens, un film fantastique français ?

(bon, avec deux acteurs que je trouve en général mauvais, on peut pas tout avoir…)

Jim

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Alors je découvre seulement maintenant qu’Olga Kurylenko est française et francophone. C’est dire comme je m’intéresse.
(Bon, faut dire aussi que je l’ai découverte dans Centurion, où elle avait le rôle d’une… muette.)

Jim

Française ?
Il me semblait qu’elle était russe ou ukrainienne, sais plus…

Elle n’était pas si mal dans Centurion.
En revanche, dans Oblivion, James Bond ou Hitman, je n’arrive pas à m’attacher à ses personnages.

Elle est française, d’origine ukrainienne. Et elle a commencé sa carrière d’actrice dans des productions françaises…

Voilà, le Doc a tout dit.
Moi, je pensais qu’elle était américaine d’origine ukrainienne, je ne savais même pas qu’elle avait tourné en France à ses débuts.

Jim

Normal, elle ne parlait pas.

Trêve de vacherie, dans The Expatriate, petit thriller passé sous le radar et pourtant très bien huilé, elle est pas si mal.

Jim

J’ai profité de la diffusion télé pour voir le film, et franchement, c’est plutôt sympa.
Déjà, les choses commencent très vite. Au bout de cinq minutes, la situation (de la brume irrespirable et mortelle jusqu’au dernier étage) est posée.
Ensuite, l’intrigue a de ces qualités que j’apprécie d’ordinaire : elle est simple, elle est linéaire, elle joue sur les désillusions, les découvertes de dernière minute, les grands plans avortés, et se concentrent donc sur l’essentiel. J’aime notamment l’idée d’un départ à la province, qui sous-tend une partie du film, et qui est constamment repoussé à plus tard.
Après, effectivement, le couple n’est pas ordinaire : leur fille a une maladie particulière, la mère a un métier particulier, tout ça… Il faut bien des prétextes pour motiver des enjeux hors norme, et si certains pourraient y voir des facilités, moi ça ne m’a pas gêné, parce que justement ces gens un peu particuliers sont finalement très ordinaires, dans leurs réactions, dans les limites de leur compétence ou de leur débrouillardise.
Et puis il y a cette gestion assez astucieuse du petit budget : décors extérieurs masqués, décors intérieurs limités, casting réduit, action simple, accessoires banals. L’ensemble est émaillés de quelques répliques pas mal, de plans intéressants. Et la chute, en partie devinable avec quelques indices disséminés, et plutôt sympa.
Vraiment, petite surprise fort honorable.

Jim

Et de chouettes acteurs, aussi.
Même Olga Kurylenko est très bien.
Et moi qui ne suis pas fan du tout (euphémisme) de Romain Duris, je l’ai trouvé plutôt pas mal.
Quand à la scène finale de Michel Robin (son dernier film, je crois), elle est super.

J’apprécie aussi le parti pris de rester à hauteur des personnages, de ne pas donner d’explication, de prendre la situation telle qu’elle est et de laisser les protagonistes se dépatouiller.
Un peu dans la lignée des Derniers jours, en moins bien, mais ça reste pas mal.

Jim

1 « J'aime »

Pourquoi donc ?

Bah je sais pas : je le trouve inexpressif, je n’aime pas sa diction ni sa voix… Souci que j’ai à peu près sur tous les acteurs français, même ceux que j’aime bien (genre : Cornillac). Pourtant, Duris a une filmo intéressante, des sujets risqués (genre Une nouvelle amie), mais à chaque fois, j’ai l’impression d’une erreur de casting.

Jim

C est à mettre en lien avec ton peu d affection pour le cinéma français, si je comprends bien.

Oui, mais je ne sais pas qui est l’œuf et qui est la poule.

En fait, je ne me reconnais pas dans le cinéma français. Les comédies ne me font pas rire, et les films « hors genre » m’ennuient par leur volonté de « parler de problèmes sociaux » en oubliant de raconter une histoire. L’absence de films de genres à quelques exceptions notables m’ennuie. Et quand on a un film de SF (par exemple) c’est souvent un navet surjoué et mal filmé. La production me navre : le montage est mou, le son est pourri…
Alors oui, je caricature, je fais de grandes généralités, parce que j’en suis à un point où j’ai tellement décroché du cinéma français qu’il est fort probable que je passe à côté de tas de trucs, et que mon propos n’est pas réellement étayé faute de matière, justement, mais à chaque fois que j’y trempe l’orteil, je trouve que l’eau est froide.

C’est un peu pareil pour la télé, cela dit. On a déjà parlé d’Un village français (mais on en a parlé sur le fond, pas sur la forme), qui est l’une des rares productions « récentes » que j’ai suivies. Mais je suis désolé, rien que la prise de son, ça me navre. C’est ma langue natale, et pourtant il m’arrive de ne pas comprendre ce que marmonnent les acteurs (et c’est assez frappant : les acteurs les plus vieux sont ceux que je comprends le mieux, à croire qu’on n’apprend plus à articuler aux jeunes interprètes). Alors qu’il y a des séries anglophones que je peux suivre sans sous-titre, parfois.
Récemment, j’ai regardé un épisode de Caïn, parce que j’aime bien l’acteur, j’aime bien le principe, j’avais vu un ou deux épisodes (accessoirement, quand j’allais plus souvent à Paris et que je passais des soirées à l’hôtel, je testais des trucs, c’est à l’hôtel que j’ai vu des épisodes de Profilage, par exemple… depuis bientôt deux ans, je ne le fais plus qu’avec une extrême rareté…). Et donc, c’était pas mal, mais les dialogues sont trop explicatifs, le dosage d’émotion (genre les scènes d’engueulade, de colère, de surprise) est souvent bancal, et le montage… Sérieux, le montage : il y avait une scène avec un personnage devant le cadavre de sa compagne, et ça durait, ça durait, c’était interminable, alors qu’il n’y avait pas de dialogue, que c’était censé montrer le désarroi, le chagrin, la solitude. Et là, je veux pas faire le grincheux, mais la scène équivalente dans CSI ou équivalent, ça aura une autre gueule.

Les rares séries qui m’aient emballé ces dernières années, elles viennent de Canal. Genre Engrenages. Qui est très bien : plutôt bien filmé, avec une caractérisation solide (bon, c’est français, donc faut suggérer lourdement du cul, mais à part ça…), des acteurs impliqués, des cadrages évocateurs, des micros allumés, tout ça. Mais tu mets Engrenages face à The Wire, pour rester dans la logique d’une intrigue croisée sur plusieurs milieux professionnels, ou Line of Duty pour la réflexion sur la déontologie et le rapport à la justice, et tu vois le retard.

En fait, en tant que spectateur (je ne suis que ça en matière d’images qui bougent), je vois autant de soucis dans la fiction audiovisuelle française que dans la BD franco-belge. Les mêmes travers sur le fond (il faut avoir « quelque chose à dire ») et sur la forme (le lettrage : à chaque album, je me bats pour essayer d’avoir un lettrage riche, ça a été une galère chez Soleil, où la seule idée d’avoir des récitatifs de couleurs générait des épidémies d’anévrisme dans la rédaction). Et à côté, les comics les plus populaires démontrent qu’on peut très bien faire de l’action en racontant quelque chose, qu’on peut très bien utiliser des récitatifs de couleurs et des polices différentes sans que les quarante mille lecteurs de Batman soient traumatisés.
Je vois dans l’édition de bande dessinée ce que je crains pressentir dans l’audio-visuel : aucune audace.

Je me souviens d’une interview de Virginie Brac, la créatrice (entre autres) de la série Les Beaux mecs (une excellente série polar, au demeurant). Le principe de cette série, c’est qu’il y a une action au présent qui est, pour faire court, la conséquence d’une action au passé, et donc le récit passe d’une époque à l’autre dans une succession de flash-backs. Elle a galéré pour trouver des producteurs, et quand elle a rencontré TF1, ils lui ont répondu que les allers-retours entre passé et présent étaient trop compliqué et que le public ne comprendrait pas. La série est sortie en 2011, donc les démarches se sont déroulées avant… à une époque où l’énorme succès de TF1, c’était Lost. Et là, ça en dit long sur la connaissance du matériau.
Je me rappelle un témoignage d’une scénariste de télévision, qui avait piqué un coup de gueule (sur France Inter, je dirais), il y a des années, en disant, peu ou prou : « C’est pas étonnant qu’on n’arrive pas à exporter nos productions : c’est de la merde ! »

Jim

2 « J'aime »

C’est marrant, j’ai le même sentiment que Jim pour le cinéma français et les séries françaises (en moins extrême peut être). Après, pour les BD européennes, je suis moins en phase avec lui (sauf pour celles scénarisées par un certain Jean-Marc L., dont on taira le nom).

Mais faut pas en taire le titre.
:wink:

Jim

Tu veux parler de Fredric, William et l’Amazone ?

Voilà.

Pour en revenir au franco-belge, je trouve que bien peu d’auteurs et/ou d’éditeurs se posent les bonnes questions (voire s’en posent tout court) concernant le lettrage. On met la même police partout, et zou. Et ça, c’est dans le meilleur des cas. Parce que, bien souvent, les dessinateurs ont tracé les bulles sur les originaux, et donc il faut caler un peu le texte par rapport à la forme du phylactère, et cette étape, souvent, est bâclée. Sans compter que le corps des lettres est petit, et qu’on a souvent des bulles qui flottent un peu.
Ça, c’est dans le meilleur des cas. Le pire, c’est par exemple le premier tome de Crusaders, où le corps de texte est réduit pour coller à la taille des bulles (et c’est là que la méthode américaine prouve sa supériorité : le scénariste écrit les dialogues définitifs quand les planches sont dessinées, ça aide à équilibrer l’ensemble). Ou encore une partie de la série des 7 Merveilles, où clairement le lettrage est bâclé.
Pendant longtemps, la couleur a été un ajout au dessin, au mieux une béquille, et puis, depuis les années 1980 (et l’émergence d’une génération de coloriste qui ont contribué à donner une personnalité à des séries, comme Isabelle Rabarot ou Yves Lencot…), le travail des coloristes a été reconnu, au point que leur nom figure en couverture (et c’est pas toujours mérité). J’appelle de mes vœux une même évolution pour les lettreurs. Que l’on reconnaisse l’importance de ce travail dans la qualité du produit fini. Et, en filigrane, que l’on mette du temps et des moyens dans ce qui s’apparente à une sorte de « post-production ».
Parce que, à part un Mauricet dans Une bien belle nuance de rouge ou un Alice dans Siegfried, rares sont les auteurs qui ont une ambition affichée en matière de lettrage.

Jim

Mœbius disait qu’il ne comprenait pas pourquoi le lettrage était sous-traité par les dessinateurs, parce que c’était pour lui une étape très importante.

En soi, je suis d’accord.
Bon, Hermann aussi fait son lettrage, hein : l’idée a ses limites.
Tota faisait faire son lettrage par Remi Bordelet, sur ses premiers albums (et avant, sur ses Photonik).

Le problème, c’est que le letttrage franco-belge passe par les étapes qu’a connues la couleur dans les comics à la fin des années 1990 : on le confie à des gens qui connaissent la manipulation sur clavier, qui savent techniquement le faire, mais qui n’ont pas la formation esthétique pour ça. Au point que parfois, c’est l’assistant du directeur de collection, ou le dernier stagiaire, qui s’en charge.
Et grosso modo, ça arrive en bout de production, en goulot d’étranglement, quand les délais se rapprochent, tout ça. Le formidable premier tome des Frères Rubinstein a un lettrage / bullage qui aurait mérité une ou deux relectures.

Pour moi, c’est pareil pour la fiction télévisée : il y a des étapes qui ne semblent pas, dans l’esprit des gens (producteurs ou autres, je sais pas…) mériter plus d’attention. Ce qui fait qu’on obtient un produit tiède.

Jim