REALISATEUR
Byron Haskin
SCENARISTES
Robert Blees et James Leicester, d’après le roman de Jules Verne
DISTRIBUTION
Joseph Cotten, George Sanders, Debra Paget, Don Dubbins, Carl Esmond…
INFOS
Long métrage américain
Genre : aventures/science-fiction
Titre original : From Earth to the Moon
Année de production : 1958
Après des années prospères, le Gun Club, qui réunit des insdustriels s’étant enrichi grâce à l’effort de guerre, végète. Une nuit, l’un de leurs membres les plus influents, Victor Barbicane, dévoile sa dernière trouvaille : l’Energie X, une nouvelle source d’énergie si puissante qu’il serait impensable de la tester sur Terre. Barbicane propose donc d’envoyer un missile bourré d’énergie X sur la Lune. Le principal rival de Barbicane, Stuyvesant Nicholl, fabricant de boucliers, s’oppose à ce projet insensé et affirme que son nouvel alliage pourra résister à l’Energie X. Après un test dévastateur que Barbicane remporte, le gouvernement américain prend peur et ordonne à l’inventeur de renoncer à ses plans sous peine de déclencher une course à l’armement potentiellement dangereuse.
Pour faire la preuve de son génie, Barbicane décide alors de construire la première fusée spatiale habitée. Il enterre la hache de guerre avec Nicholl qui l’aide alors dans son entreprise. Le lancement se déroule sans encombre, mais pendant le voyage Barbicane et son pilote découvrent que Nicholl a saboté la fusée…sans savoir que sa propre fille Virginia, amoureuse du pilote, a embarqué à leur insu…
Dans les années 50, la mode des films des science-fiction bat son plein et de nombreuses productions se multiplient, le plus souvent sous la forme de séries B plus ou moins réalistes dans leur volonté de décrire les conditions d’une expédition spatiale. Il n’était donc pas étonnant qu’un plus gros studio s’engouffre un jour dans la brèche. C’est le cas de la vénérable RKO (Citizen Kane, King Kong…) qui décide de porter à l’écran le roman Jules Verne, De la Terre à La Lune. Il faut dire que Verne était devenu une valeur sûre au box-office suite au succès de l’adaptation de 20.000 lieues sous les mers de Disney.
Je n’ai pas lu le roman, mais d’après ce que j’ai compris, les auteurs ont naturellement procédé à certains ajustements : la présence féminine apportée par Debra Paget, l’intrigue recentrée sur la rivalité entre Barbicane et Nicholl et une parabole sur le nucléaire, assez lourde mais peu étonnante pour l’époque.
La réalisation a été confiée à Byron Haskin, ancien responsable des effets spéciaux principalement connu pour sa version de La Guerre des Mondes de H.G. Wells datant de 1953. Les deux têtes d’affiches sont Joseph Cotten (Citizen Kane, La Splendeur des Amberson…) et George Sanders (L’aventure de Mme Muir, Les contrebandiers de Moonfleet…). Bref, du solide…
Seulement voilà, lorsque la production est enfin lancée, la RKO se retrouve proche de la faillite et le studio se voit contraint de réduire les coûts. Le budget effets spéciaux s’en ressent et le final qui devait avoir lieu sur la Lune passe alors à la trappe.
L’histoire décrit donc principalement le bras-de-fer entre deux inventeurs dont l’éthique et la vision diffèrent totalement…ce qui est retranscrit de manière verbeuse au cours de longues plages de dialogues explicatifs qui finissent par devenir un poil soporifiques. La naïveté du propos et de l’allégorie sur la course à l’armement est d’ailleurs confondante (si tous les pays peuvent disposer de l’énergie X, ils seraient moins enclin à s’en servir et se faire la guerre…sigh)…
Le film, aux designs (costumes, décors…) pourtant soignés, est décliné sur un mode sérieux qui ne se prête guère aux théories scientifiques fumeuses émises par les personnages. Il manque constamment ce grain de folie qui aurait transformé De la Terre à la Lune en une vraie grande aventure, un souffle épique qui aurait donné du relief à l’ensemble. La pauvreté des effets spéciaux (les vols spatiaux étaient nettement plus réussis dans certaines séries B que j’ai chroniquées récemment) finit de décridibiliser l’entreprise (on voit même le bras qui tient la fusée dans un plan). Le grand final est à ce titre complètement raté, une bouillie visuelle qui rend difficile la compréhension des événements.
Loin de la réussite d’un 20.000 lieues sous les mers, De La Terre à La Lune a pâti des conditions difficiles dans lesquelles il a été réalisé. Correct dans sa première partie quand on passe avec indulgence sur certaines incohérences et plutôt bien interprété, le long métrage a pris un méchant coup de vieux et se révèle un chouïa pénible sur la durée.