DE LA TRADUCTION...

Oui, je viens de voir que c’était apparemment un certain JW… On a donc JW contre les SJW… ~___^

Tori.

C’est donc lui…bon, ça ne me fera pas changer d’avis sur les qualités habituelles de son travail… :wink:

Moi non plus (en plus, en lisant le truc sur l’écriture inclusive, je m’étais dit que ça aurait pu sortir de la plume (pardon, du clavier) de Jim… ~___^).

Tori.

Si j’ai bien compris il semble que la trad concerne Jay je crois (Sur Prez c’est sûr mais sur la batgirl, aucune idée), -je ne taguerai pas par respect s’il ne veut pas réagir à la polémique-, autant sur la prez, ça me fait sourire autant sur la Batgirl, je ne saisis pas l’adaptation.

Perso, je suis plus gêné par le fait que l’adaptation ne reflète pas vraiment les propos de base mais bon, j’avoue qu’à la lecture ça ne m’avait pas marqué

Mais vous, vous avez un cerveau.
Quand on cause en 280 caractères, forcément, ça atrophie certains muscles.

Rien que ça, ça me les rendrait sympathiques.
Et je pense que souvent, ce sont des gens pleins de bonnes intentions. Mais, pour franciser une expression américaine, je crois qu’ils « aboient après le mauvais arbre ».

Aurais-je dû écrire « traducteur.trice » ?
Purée, je vais me choper un anévrisme des phalanges, avec vos âneries, les amis.

Voilà.
L’écriture inclusive et surtout la féminisation des professions posent une question concernant certaines tournures. Par exemple (et c’est un exemple que j’ai vu passer en lisant le fil Twitter en question), si l’on dit « Mary Shelley est mon autrice préférée », que signifie-t-on ? Que c’est la personne dont on apprécie le plus les écrits, tous genres confondus, ou bien qu’on a aussi un auteur préféré ? Bien entendu, la question se pose également pour « romancière » et « romancier », mais paraît plus vivace et visible puisque le mot « autrice » est récent.
L’émergence de nouvelles féminisations dans le vocabulaire induit un glissement des équivalents masculins, qui se couvre d’un sens neutre (en rappelant que le neutre en tant que tel n’a pas vraiment de forme instituée dans la langue française : « on » n’est pas neutre, c’est un pronom indéfini, un indénombrable qui peut aussi désigner un pluriel). Dès lors, si l’on utilise par exemple « auteur » au sens neutre, ne risque-t-on pas d’être taxé de sexisme par ceux qui n’en comprendraient pas la subtilité ?
Dès lors bis, à force de vouloir refaire la langue pour contenter tout le monde, est-ce qu’on me multiplie pas les possibilités de méprise ? Et donc de fâcherie ?

Je me contente d’en dire ce que j’en pense sur les forums ou après d’autrices féministes à l’occasion de repas lors de festivals.
:wink:

Plus sérieusement, je ne traduis pas autant qu’Alex ou Jérôme, ce qui fait que je suis moins sous le feu des rampes qu’eux (d’autant qu’ils œuvrent sur des séries importantes, là où je suis dissimulé par l’anonymat de petits tirages ou de réussites commerciales modestes). De plus, je ne me range pas vraiment dans la catégorie des traducteurs qui s’éloignent du texte à ce point. En dépit de mon admiration pour Jean-Claude Zylberstein et de sa gestion de collections à base de romans étrangers, et de sa préférence pour les traducteurs qui respectent davantage l’esprit que la lettre, je crois tout de même que je reste parmi ceux qui tentent de coller au texte, sans doute par timidité vis-à-vis du matériau d’origine, ou par manque d’audace ou d’imagination. Je suis plus du genre à glisser le texte d’une vieille publicité dans un dialogue, à tapisser la VF de références qui parleront à mon lecteur. Même s’il m’arrive, quand il me semble que les choses sont intraduisibles (pour mille raisons), de tout réécrire.
Mais je ne vous dirai pas où. Na.

Jim

Euh … je parle pour ma part, mais j’ai déjà su te démontrer le contraire.

On a tous nos mauvais moments.

Jim

Traduire c’est trahir, c’est bien connu, mais y a quand même des trahisons qui passent moins bien que d’autres du point de vue du lecteur.

Que le traducteur s’éloigne un peu du texte quand il y a, par exemple, un jeu de mot intraduisible, à la rigueur une référence jugée trop propre à la culture d’origine, ou, dans le cas de la BD, une expression qui vraiment ne rentre pas dans la bulle, c’est le jeu. Qu’il rétablisse l’équilibre en créant, mettons, un autre jeu de mots deux phrases plus loin, où il n’y en avait pas, pour garder l’ambiance générale, pourquoi pas. Qu’il s’amuse à glisser un clin d’œil en loucedé à l’occasion, on est déjà un peu moins dans quelque chose que je qualifierais de « normal » (dans le sens de « ça devrait être la norme »), mais ça reste « compréhensible » (dans le sens « c’est humain »).

Sauf que là, on n’est dans aucun de ces cas de figure.

D’une part, c’est pas comme s’il y avait quoi que ce soit d’intraduisible ici. Une « madame » tenancière de bordel, c’est transparent entre l’anglais et le français (cf. Madame Claude pour un exemple connu…). Et les dangling participles, en français ça s’appelle des anacoluthes. (À la limite si on veut vraiment ajouter un clin d’œil hexagonal on peut mentionner le capitaine Haddock…)

D’autre part, les deux cas vont quand même loin, non seulement dans le fait de supprimer le propos original de la ligne traduite, mais de leur substituer quelque chose qui va totalement à l’encontre de la visée générale des titres puisqu’on a deux « sorties » antiféministes, qui donnent fortement l’impression de refléter directement les idées de monsieur le traducteur, glissées dans des titres qui se veulent, eux, au contraire, plutôt engagés féministes. À ce niveau là ça ne s’appelle plus un « choix de traduction » mais du piratage en règle, le grand détournement.

Et pour être clair, à titre personnel je n’ai rien contre « mademoiselle », bien au contraire, et je ne suis pas fan du tout du point médian utilisé pour « l’écriture inclusive ». Mais était-ce vraiment l’endroit de balancer ce genre de formules, et sous cette forme ?

J’apprécie généralement le boulot du sieur Wicky. L’homme, je ne le connais pas que par ses interventions sur le forum, et on va dire que la majorité d’entre elles m’en donnent une image que je trouve beaucoup moins sympathique (même en faisant abstraction du fait que notre premier « échange » fut une bordée d’injures à mon égard). Mais peut-être que ceux qui le connaissent dans la vraie vie — et le vrai monde réel de la réalité véritable — plutôt que par bribes virtuelles ont peut-être de quoi s’en faire une appréciation plus positive. Néanmoins, là, les deux exemples de travail pointés du doigt ne pèsent pas du meilleur côté de la balance.

Sauf qu’un traducteur, arrête-moi si je me trompe, s’adresse justement en priorité à ceux qui ne peuvent pas lire en V.O. — donc, en l’occurrence, qui ne sont pas capables de se rendre compte (si quelqu’un maîtrisant les deux langues ne le pointe pas du doigt comme ici) qu’ils sont en train de se faire manipuler par une tierce personne dont le nom est caché en petites lettres dans les crédits à l’avant-dernière page.

Quand Millar fait dire à son Captain America sa fameuse réplique anti-française, au moins on peut se dire que Millar a écrit une connerie. Là, c’est du même niveau de violence, sauf que le responsable se cache derrière Mark Russell et Tom King.

La V.O. n’était pas antinomique non plus avec la personnalité de Batgirl — mais, j’imagine, son côté « bibliothécaire » ou plus récemment « étudiante », d’où : tatillonne avec la syntaxe.

On peut inventer une autre justification pour faire coller les choses en V.F., hein, mais à moins que tu me trouves un autre passage du même livre où serait explicitement traité la différence entre « féminisme de salon » et « féminisme de terrain », il me semble, de mon point de vue certes non-professionnel, que ça s’appelle se raccrocher aux branches…

(Bon, par ailleurs, comme toujours — sauf que d’habitude c’est plutôt pour les sorties sous la bannière Panini que la remarque se fait — ça pose aussi la question de la relecture et de qui a « laissé passer » ça ensuite avant validation pour l’imprimeur…)

Le seul qui devrait compter.

Je suis le premier à pester contre le fait que le traducteur soit relégué dans un coin.

Il me semble que l’une des éditions de cet épisode a « bénéficié » d’une réécriture chez Panini. Un déballonnage que je n’ai pas envie de commenter.

Il me semble que c’est Tim Seeley (dont je ne saurai pas réellement dire s’il a une quelconque personnalité d’auteur, surtout pas dans l’univers DC), mais je me trompe peut-être.

Une question que les ayatollahs de la VF (ils invitent texto à lancer une fatwa, qu’ils ne viennent pas s’étonner qu’on les appelle par le nom qu’ils méritent) ne se posent qu’à reculons.

Moi, je réagis à cet échauffement de la même manière que j’ai réagi, il y a genre vingt ans, quand on a reproché à Nikolavitch l’usage de tel ou tel mot d’argot : c’est souvent le fait de gens qui ont déjà du mal à s’exprimer dans leur langue natale, et c’est aussi pour eux l’occasion de focaliser sur un point en particulier en oubliant tout le reste. On est donc souvent confronté à des gens qui ne connaissent pas et qui se montrent volontairement oublieux du travail effectué pendant des années voire des décennies. De plus, et comme dans toutes les grandes fâcheries que j’ai pu observer depuis vingt ans, ça tombe sur un traducteur qui bosse beaucoup, qui est donc fatalement « exposé » (plus que moi, par exemple, je l’ai déjà évoqué) et dont un seul choix (contestable ou pas, là n’est plus la question) est monté en épingle.
Moi qui connais les coulisses et qui vois depuis des années le boulot des uns et des autres, je sais que certaines personnes faisant profession de traduction sont des incapables, qui ne comprennent pas les références qu’ils manipulent et font dire aux personnages le contraire de ce qu’ils disent dans la langue d’origine. Mais ces gens, qui bossent moins (en général parce qu’ils sont placés sur des trucs rémunérateurs), sont moins « visibles ». Les choix (je le répète : qu’il soit maladroit et contestable n’est pas mon propos ici) sont toujours plus rapidement sujets à vindicte que les erreurs.
Ce qui a changé depuis les fâcheries d’il y a vingt ans ? Les réseaux sociaux. Un truc du genre, il y a vingt ans, finissait dans les colonnes courrier des lecteurs de Comic Box, avec un droit de réponse du traducteur dans le numéro suivant. Aujourd’hui, quelqu’un d’énervé (et je sais de quoi je parle…) va poster un Tweet rageur embrayé par des dizaines d’autres participants qui, visiblement, n’ont que ça à faire. Ça « crée l’émotion », pour rester dans l’euphémisme, là où la politesse aurait voulu que la personne en question envoie un mail à l’adresse d’Urban pour signaler son mécontentement.

Voilà ce qui m’énerve, pour ma part.

Je partage cet avis et je ne trouve pas que la version publiée, pour maladroite qu’elle soit, constitue une trahison qui appelle à tant de ressentiment.

Tout cela me pousserait à leur dire, si je devais m’adresser à ces gens : « Get a life ». Parce que, sérieux, dans la vraie vie du « vrai monde réel de la réalité véritable », il y a quand même des choses plus graves.

Jim

1 « J'aime »

ça y est, tu m’as perdu.
Y a t-il un traducteur dans la salle ?

1 « J'aime »

Sauf qu’en français, « Madame » est utilisé à l’adresse de toutes les femmes… pas en anglais.

Tori.

1 « J'aime »

Allez, les amis, je vous sens tous un peu tendus…
Alors pour vous distraire autant que pour vous amuser (vous avez même le droit de vous moquer un peu, mais pas trop fort quand même, je suis une petite créature fragile, si si…), je viens évoquer un vieux souvenir qui remonte à mes débuts en tant que traducteur.
En plus, ça comblera l’appétit que certains éprouvent pour les femmes fortes.
Tout est lié à Télé Poche.

512utaGxWmL

Ceux qui ont suivi mes « itinérances mémorielles », pardon, mes radotages, savent que je suis arrivé chez Semic en juin 1999 (après un mois à Lyon afin de participer au déménagement de la rédaction vers le cinquième arrondissement de Paris). Et très vite, j’ai pris en charge quelques catalogues, dont les Pockets conjointement avec Thierry Mornet, mais aussi DC, Wildstorm, Vertigo, ou encore Dark Horse. Dans ce cadre, j’étais chargé de la version BD de Buffy contre les vampires, qui sortait en bimestriel (et peut-être mensuel, je sais plus), avant de compter parmi les premiers tomes de la collection « Semic Books » (et parmi ses succès).
Et bien sûr, Buffy étant le phénomène qu’on connaît, la série BD a eu droit à plusieurs opérations promotionnelles, notamment la parution de courtes BD dans Télé Poche (des récits qui, je le soupçonne sans m’en souvenir précisément, ont paru dans le TV Guide outre-Atlantique).

Dance_with_Me_(aper?u)_(1)

Ce genre d’opération est parfois compliqué à mettre en œuvre (les chartes graphiques, les formats, l’assentiment des ayant-droit…), si bien que pour une raison que j’ai oubliée (délais serrés ? souci de faire des économies ?), je me suis retrouvé à traduire les quatre pages du récit. Pour une autre raison que je ne m’explique pas davantage, j’ai signé sous pseudonyme. Un nom que je ne crois pas avoir utilisé souvent, mais qui me fait encore beaucoup rire aujourd’hui : « Wooly Elder ».
Il se trouve que je viens de dénicher sur la toile des photos des pages concernées. Que je me suis empressé d’archiver afin de flatter mon nombrilisme galopant. Mais n’étant point égoïste, je me dépêche dans la foulée de partager avec vous.

Figurer au sommaire de Télé Poche (ça m’est arrivé deux fois au moins, puisque j’ai la trace d’un autre numéro, un hors série, où se trouve une autre histoire de Buffy) représentait pour le jeune responsable éditorial que j’étais une sorte d’accomplissement, puisque c’était dans cet hebdomadaire, lancé par Cino Del Duca, que j’avais découvert, en vrac, le strip de Superman par Wayne Boring, celui de Spider-Man par Romita, celui de Tarzan par Russ Manning, Gil Kane ou Mike Grell, sans compter les Star Hawks de Ron Goulart et Gil Kane. L’hebdo télé, qui a tardivement cédé à l’appel des romans-photos et de la BD franco-belge avant de renoncer à la fiction avec l’accroissement du marché télé, représente une étape majeure dans mon parcours de lecteur. Et à l’échelle de quatre pages ici et quelques autres là, j’ai participé à ce parcours en tant que traducteur. Ce n’était pas grand-chose, mais symboliquement, c’était fort.

s-l1600

s-l1600-1

s-l1600-2

Bon, ça remonte à plus de vingt ans, hein. À l’époque, je ne sais même pas si j’avais effectué la traduction des deux séquences « bonus » de Kingdom Come qui apparaissent dans l’édition en « Semic Books ». Ce qui fait de cette histoire courte de Buffy l’une des toutes premières, peut-être même la première, traduction professionnelle de votre humble serviteur. Ne soyez pas trop méchant avec le débutant que j’étais.

Jim

Tension ? Meuh non, interrogation…je le répète, j’apprécie le boulot de Jay mais sur ces deux cases, je me demandais comment le sens avait pu changer à ce point…
Mais bon…^^

En tout cas, merci pour le partage de cette petite rareté… :wink:

1 « J'aime »

Quand j’ai vu ça, j’ai pensé à montrer aux curieux. On sait qu’il y en a dans le coin.
:wink:

Jim

Mensuel, d’après ta dernière image…

Tori.

et qui, pour rebondir sur le sujet de ce topic, est une série télé qui fut extrêmement mal traduite

C’était les deux : mensuel puis bimestriel la dernière année…

Après recherche rapide, cette histoire a paru pour la première fois dans le TV guide magazine de la semaine du 21 au 27 novembre 1998.

Tori.
PS: chouette pseudo, l’aîné lainé !

Merci Tori pour la trad.