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…. **[size=150]P[/size]**eut-être de manière erronée, évoquer Adam Warren impose à mon esprit un auteur influencé par la BD japonaise, et qui introduit d’une manière ou d’une autre un angle scientifique assez poussé dans ses histoires, avec un penchant pour ce qui touche à l’intelligence artificielle.
Ceci expliquant peut-être cela.

[size=85]Gen13 n°26 (SEMIC)[/size]

Ainsi est-il à ma connaissance l’un des premiers auteurs de BD - sinon le premier - à introduire dans une histoire la mémétique ; à une époque où celle-ci tentait de se construire comme une science molle crédible, mais échappait néanmoins encore au radar du « grand public ». D’où une traduction approximative en « même » au lieu de « mème ».

Hypervelocity n’échappe d’ailleurs ni à l’angle scientifique supposé, ni à l’influence de la bande dessinée japonaise.

Une influence japonaise qui touche la culture occidentale de façon suffisamment importante – et qui couvre un spectre bien plus large que la BD - pour je crois par exemple, utiliser le terme « mecha » sans avoir à l’expliquer, ou à le traduire assez maladroitement tantôt par « méca » ou par « robot » comme cela est fait dans l’édition **Panini **.
Ce qui en plus rend certains passages de l’histoire moins intuitifs qu’en américain.

Ou encore, et bien que je sois pour traduire le plus complètement possible dans la langue d’arrivée, de garder le mot « *ghost *» et ne pas le traduire littéralement par « fantôme ».
Surtout dans l’expression « *digital ghost *» qui donne malheureusement « fantôme numérique » ; alors que le « *ghost *» en question est plus près de l’idée d’âme ou d’esprit que de l’ectoplasme.
La traduction est d’ailleurs le point faible de cet arc en 6 numéros, publié dans les magazines Iron Man (du n° 12 au n° 15 - Juillet/septembre 2014).

[size=85]Ainsi Adam Warren dissémine-t-il dans l’histoire des titres de chansons par toujours facile à rendre[/size]

Par exemple « wardriving » n’est-il pas traduit (piratage dans ce contexte), ni « rail gun » qui est une pièce d’artillerie connue sous le nom de « canon électrique (à impulsion électromagnétique) ».
Un bel essai est tenté mais pas complètement transformé : « Tony ghost » (c’est-à-dire l’âme ou l’esprit numérique de Tony Stark) devient « Fanttonny », pour « fantôme Tony ».
Il aurait mieux valu à mon sens garder l’accent circonflexe pour ce mot-valise et en faire un « fantôny » plus explicite.
« Cape » devient dans la version française « crack » alors qu’il s’agit ici manifestement de désigner de façon péjorative les super-héros : encapé aurait dû s’imposer tout naturellement. Idem pour « capekillers » qui n’est pas traduit, et si « tueurs d’encapés » est certes un peu long cette traduction éclaire un peu au-delà de l’histoire qu’on nous raconte, en faisant du S.H.I.E.L.D. une organisation qui s’est dotée de moyens nécessaires afin de s’opposer aux super-héros, et explique bien des choses.

En outre, dans la version originale Adam Warren a glissé du français (ainsi que d’autres langues), il aurait donc été bien de le signaler (comme cela se fait souvent dans les romans par exemple) voire de traduire en anglais des phrases françaises pour donner le change, comme ici :

[size=85]D’autant que « belles ordures » est déjà en français, et que Beatiful Garbage est justement le titre d’un album de chansons[/size]

Même le titre de l’arc, qui est pourtant traduit dans un bel effort, passe à côté (me semble-t-il) de la connotation voulue par le scénariste.
En effet plutôt que À tombeau ouvert, « Haute vélocité » aurait je crois mieux convenu compte tenu de son utilisation en balistique (les munitions à haute vélocité) et du contexte de la mini-série.

Bref, je ne fais pas ici le procès de la traductrice, mais pour le coup tout cela manque un peu de souplesse à mon goût.

…. Mais qu’en est-il de l’histoire me direz-vous ?

Eh bien, Hypervelocity commence sur une très belle idée, joliment exploité, mais qui peine un peu à finir dans les temps.
Rien de répréhensible non plus, mais cet arc aurait mérité d’être un peu plus ramassé en faisant l’économie de quelques redondances et digressions qui d’après moi n’apportent pas grand-chose à l’histoire sinon à l’alourdir inutilement.

En tout cas ces 6 numéros donnent l’occasion à Iron Man de se confronter à un thème de science-fiction qui lui va comme un gant, et cet angle excuse sans conteste l’ankylose qui peut vous saisir lors de certains passages.