DERNIÈRES LECTURES COMICS

C’est de Remender The Last Days of American Crime ? Je savais bien qu’il devait y avoir une raison pour laquelle je n’avais pas accroché alors que tout le monde en disait du bien ! :mrgreen:

Je n’ai pas accroché non plus. Toutefois ce titre aura eu au moins le mérite de me faire découvrir le style de Tocchini dont je suis très fan depuis.

…. **[size=150]M[/size]**ini-série sans lendemain ?
Série à suivre sanctionnée par de mauvaises ventes entraînant son arrêt après seulement quatre numéros ?

Toujours est-il que si Warlock (2004-2005) propose quelques idées intéressantes, le tout est - de mon point de vue toujours - inutilement compliqué, et perd tout aussi inutilement son temps à tourner autour du pot (surtout s’il s’agit dès le départ d’une mini-série).

Le premier numéro, avec une tentative de commentaire sur le héros éponyme de la série notamment, est le plus réussi ; et la révélation finale - esquissée par ailleurs dés le début - était prometteuse (et attendue), bien que très tirée par les cheveux.
Elle n’aura à ma connaissance aucun lendemain.

C’est aussi ce qui aurait pu arriver à l’univers Marvel.

… En effet, un personnage quasi divin tel que Warlock - sciemment créé dans le but de changer le monde et de le rendre meilleur - porte en lui la fin programmée d’un univers qui repose essentiellement comme c’est le cas ici, sur la confrontation violente de ses super-héros et de ses super-vilains (quand ce n’est pas entre super-héros qu’a lieu l’explication de gravures).

Impossible dès lors de croire qu’il tolérerait très longtemps l’entropie nécessaire à la diégèse marvelienne caractérisée qui plus est par une expansion continue (et nécessaire).
Et de surcroît placée sous la juridiction de la continuité.

Entre le premier numéro, plutôt intéressant donc et la prometteuse chute qui ne dépareillerait pas dans l’univers actuel très « after pop », de la Maison des Idées, la série pédale gentiment dans la semoule, sans que cela soit pour autant désagréable, en recyclant sans grande originalité des questions liées à son personnage principal.

Le milieu ambiant dans lequel tout cela se déroule emprunte une partie de ses idées au film Matrix, d’une façon surtout ironique, sans que cela aboutisse à quoi que ce soit de vraiment neuf.
Reste un imperceptible soupçon que l’univers dans laquelle se déroule cette histoire n’est pas, du moins au début l’univers 616, et l’impression que Greg Pak navigue un peu a vue.
J’en veux pour preuve le retournement de situation final qui semble être un deus ex machina de la plus belle eau.

Ou une tentative de la dernière chance de terminer l’histoire sur une fin sinon satisfaisante du moins suffisamment saisissante (à l’époque) pour faire oublier l’impression d’avoir survolé son sujet sans jamais atterrir ?

… Dessinée plutôt joliment par Charlie Adlard sous des couvertures de J. H. Williams III – qui s’est aussi chargé du nouveau design du héros – la série était peut-être un peu trop ambitieuse pour le scénariste débutant qu’était alors Greg Pak.

…. [size=150]C[/size]’est la présence du dessinateur Greg Smallwood qui a attiré mon attention sur Dream Thief, deux mini-séries respectivement de 5 et 4 numéros, publiées par l’éditeur Dark Horse en 2013 puis en 2014.
J’ai découvert assez récemment Smallwood sur la série Moon Knight écrite par Jeff Lemire ; j’avais fait l’impasse sur le run précédent écrit par Brian Wood, que j’ai lu depuis, toujours pour Smallwood, et c’est d’ailleurs bien le seul intérêt de ces 6 numéros.

Contrairement à Dream Thief où le scénariste Jai Nitz (que j’ai découvert avec ce titre) tire profit d’une idée, qui aurait pu tourner court assez rapidement, avec beaucoup de talent.
D’autant qu’au terme des quatre numéros de 2014 on sent qu’il en a encore sous la semelle, et l’histoire qu’il a bâti ne demande qu’à s’étoffer.
Une idée et des développements dont je ne dirai rien car je pense que découvrir ce dont il retourne fait vraiment partie du plaisir qu’on peut prendre à lire ces deux mini-séries.
Non pas que cela soit totalement original, le scénariste dans une interview que j’ai lue après coup cite une série télévisée de la fin des années 1980 de Donald P. Bellisario en disant que sa propre série est en quelque sorte une inversion de l’idée à la base de celle de Bellisario ; je n’y avais pas pensé mais en effet c’est bien vu.
En outre Nitz a un art consommé du cliffhanger, ce qui tombe plutôt bien puisque le sujet principal de son scénario s’y prête particulièrement.

D’autant que Greg Smallwood s’ingénie à donner une représentation de ce qui se passe de façon originale.
Il utilise joliment les répétitions, entendu que le scénario repose lui aussi, en partie, sur cette idée.
L’une des caractéristiques de son storytelling est certainement l’utilisation d’interstices entre les cases assez larges, en outre celles-ci ne sont pas détourées et l’ensemble donne un cachet immédiatement identifiable.
Il est aussi coloriste sur la série et sa palette est très reconnaissable également.
Artiste complet ou presque, il s’occupe aussi du lettrage avec autant de talent que le reste.

La composition de ses planches fait l’objet d’une attention particulière c’est certain, et pour ma part en dehors même de ce qu’elles racontent je prends énormément de plaisir à les revoir une fois que j’ai terminé chaque numéro.

C’est Tadd Galusha qui prend ensuite les rênes du dessin avec Tamara Bonvillain à la colorisation, et s’ils gardent la même charte artistique si je puis dire, la différence entre les deux dessinateurs saute aux yeux et pas en faveur de Galusha.
Heureusement le scénario est devenu suffisamment captivant depuis déjà pas mal de numéros, avec un personnage principal de plus en plus intéressant au fur et mesure que sa « malédiction » se répète, pour que l’illusion agisse.

…. **[size=150]E[/size]**n définitive ***Dream Thief *** s’est révélé être un titre très captivant et magnifiquement dessiné. Greg Smallwood fait désormais partie des artistes qui me feront certainement acheter tous les projets sur lesquels il travaillera, quel qu’en soit le scénariste.
Et Jai Nitz m’a suffisamment impressionné pour que je m’intéresse désormais aussi à son travail.

…. **[size=150]S[/size]**i vous connaissez vos classiques, vous savez que l’industrie de la BD U.S. est plutôt du genre à faire des prisonniers.

Peu (ou pas ?) de personnages, de séries (voire de concepts) qui ne fassent l’objet d’un rebaunch size=85[/size] un jour ou l’autre. Où les deux. Sans parler des interminables séries à suivre.

Et si la Doom Patrol n’a jamais eu la popularité suffisante pour faire partie de ces dernières, elle a souvent fait partie des prisonniers.
D’ailleurs pas plus tard que ce mois-ci une « nouvelle » Doom Patrol a vu le jour sous la houlette du label nouvellement créé chez la Distingué Concurrence : Young Animal, chapeauté le chanteur & scénariste Gerard Way (l’excellente Umbrella Academy, série qui peut prétendre à être une sorte de Doom Patrol bis).
Label qui s’il ne dépend pas de Vertigo - la collection adulte de DC- est quand même sensé faire pousser la moustache de ses lecteurs.

Mais revenons à nos moutons.

…. Inventée au début des années 1960 – peu avant les X-Men de la Maison des Idées d’en face, série avec laquelle elle partage quelques affinités troublantes, pour une raison qui s’explique d’ailleurs assez bien – la Doom Patrol d’Arnold Drake & Bruno Premiani réinvente l’improbable rencontre d’un parapluie et d’une machine à coudre du texte sur une table de dissection.
En l’occurrence des super-héros qui ne veulent pas en être, blessés de la vie size=85[/size] et qui affrontent des super-villains plus bizarres les uns que les autres, même dans le paysage de fantasy qu’est souvent la bande dessinée mainstream d’outre-Atlantique.

Or donc, la Doom Patrol connaitra plusieurs incarnations dont l’un des plus mémorables est certainement celle de Grant Morrison qu’il entame en 1989 et où l’auteur écossais pousse dans ses derniers retranchements les idées de l’équipe originale avec beaucoup de brio et de talent.
L’une de ses meilleures prestations à mes yeux, sinon la meilleure.

…. L’équipe dont je veux vous parler ici, est ultérieure à celle de Morrison puisqu’elle commence en 2001.
Elle durera un bref run de 22 numéros.

Son scénariste, John Arcudi (très connu aujourd’hui pour avoir travaillé pendant plusieurs années sur le Mignolaverse), prend dans une certaine mesure le contrepied de l’approche morrisonienne en emmenant sa version sur le terrain de l’humour et de la comédie plutôt que sur celui de l’adrénaline et de la pathologie mentale (oui c’est un peu vite résumé mais c’est comme ça !) du « Yul Brynner des comics ».

À l’orée du vingt-et-unième siècle les super-héros, du moins certains d’entre eux, ont intégré la league des propriétaires côtés en bourse à l’instar des équipes de sport américain (avant de devenir des groupes paramilitaires financés par le gouvernement étasunien à l’instar des **Ultimates **par exemple) ; et la protection de la veuve et de l’orphelin est devenue une conséquence (non prioritaire) d’un projet commercial dont ils sont les simples employés.

Ce qu’ils étaient déjà, mais sans le savoir, depuis leur arrivée dans les pages des illustrés d’avant-guerre (mais de manière extra-diégètique s’entend).

[size=85]Un peu d’humour ne nuit jamais[/size]

…. Le hasard faisant bien les choses, Robotman mais il préfère qu’on l’appelle Cliff, retombé dans l’anonymat fait justement l’objet d’une attention médiatique certes passagères, comme tout ce qui concerne ce secteur de L’infotainment que l’on qualifie trop souvent (et abusivement) d’information, mais suffisante pour se faire repérer et recruter par un entrepreneur du nom de Thayer Jost pour coacher son équipe en passe de devenir connue sous le nom de Justice Inc..
L’entrepreneur profite de l’occasion pour racheter à Cliff Steele le nom « Doom Patrol » et rebaptiser ainsi sa propre équipe.

Son background, il est quand même l’un des membres fondateurs de l’équipe originelle, fait que **Cliff **réalise des miracles, et amène cette équipe de bras cassés à un niveau de coopération et d’efficacité que personne ne pensait lui voir atteindre.

[size=85]Tan Eng Huat ne démérite pas du tout sur ce titre[/size]

L’azimut humoristique de la série de **John Arcudi **& Tan Eng Huat, à la manière de la Ligue de Justice Internationale de Giffen & DeMatteis, n’empêche pas de prendre des chemins de traverse métafictionnels où je ne serais pas surpris de découvrir que Cliff Steele alias Robotman est en fait l’alter ego des scénaristes embauchés par les majors du secteur de la BD d’outre-Atlantique qui, en plus de vendre leur force de production, vendent – sous le régime du work for hire (le travail dit de commande) – tout ce qu’ils produisent : idées comme personnages, à leur employeur.

Alors en voiture Simone, c’est toi qui conduit, c’est moi qui klaxonne !

…. **[size=150]L[/size]**es cinq premiers numéros sont plutôt un chouette compromis entre action débridée, judicieuse utilisation de certains super-pouvoirs fort peu spectaculaires, et déjà certains indices laissant entendre que la vérité est ailleurs ; le tout digéré par John Arcudi grâce à l’absorption matutinale de quelques clowns de premiers choix.
Et dessinés avec professionnalisme par Tan Eng Huat, vu depuis sur X-Men Legacy par exemple.

(À suivre ……)

Quelle entrée en matière !

L’aspect « corporate » de la série comme l’humour me font penser que cette nouvelle itération de Doom Patrol doit beaucoup à la Justice League de Keith Giffen, J.M. DeMatteis et Kevin Maguire. Pas que ce soit non plus le premier coup d’essai de John Arcudi dans le domaine de la comédie. La preuve avec l’hilarant Lobo/The Mask (co-écrit par un certain Giffen dans mon souvenir).

Oui. Mais alors que dire du « cliff » (Steel!) qui survient quelques numéros plus tard ? :wink:

Oui moi aussi :

Je ne sais pas encore. :slight_smile:

Merci ! :wink:

Pour ma défense, j’ai répertorié ma pensée avant de lire la suite de ton essai. Après coup, j’ai décidé de laisser en l’état.

[quote=« artemus dada »]

Merci ! :wink:[/quote]

Elle mériterait tout un article consacré à ce sujet. Les prisonniers de la B.D.

…. **[size=150]L[/size]**orsque John Ridley écrit un album, entendez un récit conçu et publié directement sous cette forme et non pas sous celle de plusieurs mensuels comme il est courant de le faire aux U.S.A., pour l’éditeur DC Comics, il est déjà un véritable couteau suisse de l’entertainment dont la réputation le précède.

L’un de ses romans a été adapté par Oliver Stone (U Turn/1997), il a écrit le scénario de Les Rois du désert avec George Clooney, et il fait partie des scénaristes de la série télévisée New York 911, pour ne citer que certaine de ses activités.

Bref un CV tout ce qu’il y a de plus engageant (qui s’est encore étoffé depuis).

…. Humains malgré tout, l’album qu’il scénarise s’insère quant à lui dans la franchise créée par Warren Ellis & Bryan Hitch en 1999 pour l’éditeur WildStorm, propriété depuis 1998 de l’un des Big Two de l’édition étasunienne ; autrement dit DC Comics.
Avec cette série intitulée The Authority, Warren Ellis a construit un nouveau type de super-héros, fruit de l’improbable rencontre entre l’idéologie managériale - ce sont des super-héros proactifs - et une sorte d’anarchisme prit au pied de la lettre puisqu’ils ne se reconnaissent « *ni dieu ni maître *».

Dans une certaine mesure The Authority est un groupe de super-héros qui dira en substance : « *la démocratie est pourrie, je ne peux plus compter sur la puissance publique – corrompue et inefficace – je vais donc me débrouiller tout seul. »
Ce groupe, dont la philosophie préfigure le point de départ de l’un des événements majeurs (events) de l’éditeur Marvel (l’autre Big Two) publié entre 2007 et 2008 et intitulé Civil War
, s’arroge le droit de composer sa propre morale puisqu’ il ne croit plus aux outils de l’intérêt général.
La démocratie est un instrument ringard, vive l’antisystème ; ce qui ne les empêchera pas de prendre le pouvoir et d’installer Jack Hawksmoor dans le « bureau ovale », mais ceci est une autre histoire (Pour en savoir +).
Cela dit The Authority ne fait pas partie d’une génération spontanée, ce groupe est selon moi, le digne héritier de Watchmen, l’une des plus influentes histoires de la bande dessinée mainstream étasunienne.

En effet, entre 1986 et 1987 Alan Moore & Dave Gibbons mettaient en scène des super héros dont l’heure de gloire était passée : désabusés, ivrognes, tueurs, ou au-dessus des contingences humaines mais surtout, les membres de Watchmen agissaient chacun en fonction de leur définition du Bien. Une définition non plus collective, mais individuelle.
Warren Ellis forme, 12 ans plus tard, un groupe sur les mêmes bases - individualités trop marquées et nihilisme - là où Moore éclatait l’unité du sien.
Un signe des temps ?

…. D’entrée de jeu John Ridley confronte l’équipe à un adversaire qui joue dans la catégorie mythologique, manière de l’installer dans la cours des grands, non sans lui avoir donné un peu avant l’occasion de rabaisser le caquet à l’un des plus puissants chefs d’état de la planète.
Bref en quelques pages il pose ses personnages – des gros calibres qui font ce qui leur plaît - et introduit plusieurs bonnes idées dont un maître es arts martiaux, et un ancien membre de feu Stormwatch – l’équipe sur les cendres de laquelle Warren Ellis a bâti son propre groupe – Jackson King alias Battalion.

La curiosité et le plaisir de lire une histoire intéressante durera 80 planches sur 99, ce qui n’est pas si mal.
Seulement, les dernières pages, très en deçà des promesses que laissaient attendre le CV du scénariste et le début de son histoire, achèvent de ternir l’intérêt de ces 80 pages et de rater le carré de l’apothéose.
Ainsi, la solution proposée au problème auquel se confronte The Authority, pourtant inattendue et originale, apparaît comme un deus ex machina du plus mauvais effet. Dommage !

Invité à jouer avec des personnages qui ne lui appartiennent pas, John Ridley, que l’on devine tout ce qu’il y a de plus urbain (vu ce qu’il en fait), les range bien sagement avant de partir.
Attention louable, mais dont les répercussions compte tenu des enjeux, terminent de gâcher le meilleur de son travail : Tout ça pour ça ?!

Le charme rompu, les faiblesses de certains de ses propres personnages sautent alors aux yeux, et l’usage qu’il fait d’une ancienne connaissance, qui tombe comme « *une douille vide *» une fois sa mission accomplie, est très frustrant.

…. **[size=150]S[/size]**i Humains malgré tout n’est pas une mauvaise histoire elle est très en dessous de ce que je pouvais en attendre.

Ben Oliver, le dessinateur de l’album, n’arrive pas à sauver les meubles quand bien même l’aurait-il voulu.
Son dessin un peu trop dépouillé, un sentiment de vide que ne parvient pas à minimiser la colorisation de Wendy Broome & Randy Mayor n’arrange pas les affaires d’un scénario qui souffre au final de la même vacuité.

Un album pour les completistes ou les curieux (traduit par Jérémy Manesse et lettré par RAM), qui propose à ce titre un bel historique de l’équipe de trois pages écrit par Olivier Jalabert.


*Et à plus forte raison la base du scénario de Captain America : Civil war.

Alors, une petite question : est-ce que le traducteur faisait référence à Daft Punk ?

Je ne sais pas. Où aurait-il dû le faire ?

Dans le titre de l’album !

Je ne sais pas si c’est une allusion à Daft Punk, rien dans le reste de l’album ne le laisse entendre ; mais ne connaissant pas plus que ça le groupe je ne suis sûrement pas le plus indiqué pour le dire. :slight_smile:

Et avec les paroles de Daft Punk, c’est difficile de se faire une idée ! :mrgreen:

« Human after all » ? J’y ai pensé en voyant le titre de l’album, perso. J’aurais donc tendance à penser que c’est volontaire…

Oui, voilà. A l’époque, ça m’avait fait le même effet !
J’avais bien aimé les dessins, aussi !

…. **[size=150]P[/size]**eut-être de manière erronée, évoquer Adam Warren impose à mon esprit un auteur influencé par la BD japonaise, et qui introduit d’une manière ou d’une autre un angle scientifique assez poussé dans ses histoires, avec un penchant pour ce qui touche à l’intelligence artificielle.
Ceci expliquant peut-être cela.

[size=85]Gen13 n°26 (SEMIC)[/size]

Ainsi est-il à ma connaissance l’un des premiers auteurs de BD - sinon le premier - à introduire dans une histoire la mémétique ; à une époque où celle-ci tentait de se construire comme une science molle crédible, mais échappait néanmoins encore au radar du « grand public ». D’où une traduction approximative en « même » au lieu de « mème ».

Hypervelocity n’échappe d’ailleurs ni à l’angle scientifique supposé, ni à l’influence de la bande dessinée japonaise.

Une influence japonaise qui touche la culture occidentale de façon suffisamment importante – et qui couvre un spectre bien plus large que la BD - pour je crois par exemple, utiliser le terme « mecha » sans avoir à l’expliquer, ou à le traduire assez maladroitement tantôt par « méca » ou par « robot » comme cela est fait dans l’édition **Panini **.
Ce qui en plus rend certains passages de l’histoire moins intuitifs qu’en américain.

Ou encore, et bien que je sois pour traduire le plus complètement possible dans la langue d’arrivée, de garder le mot « *ghost *» et ne pas le traduire littéralement par « fantôme ».
Surtout dans l’expression « *digital ghost *» qui donne malheureusement « fantôme numérique » ; alors que le « *ghost *» en question est plus près de l’idée d’âme ou d’esprit que de l’ectoplasme.
La traduction est d’ailleurs le point faible de cet arc en 6 numéros, publié dans les magazines Iron Man (du n° 12 au n° 15 - Juillet/septembre 2014).

[size=85]Ainsi Adam Warren dissémine-t-il dans l’histoire des titres de chansons par toujours facile à rendre[/size]

Par exemple « wardriving » n’est-il pas traduit (piratage dans ce contexte), ni « rail gun » qui est une pièce d’artillerie connue sous le nom de « canon électrique (à impulsion électromagnétique) ».
Un bel essai est tenté mais pas complètement transformé : « Tony ghost » (c’est-à-dire l’âme ou l’esprit numérique de Tony Stark) devient « Fanttonny », pour « fantôme Tony ».
Il aurait mieux valu à mon sens garder l’accent circonflexe pour ce mot-valise et en faire un « fantôny » plus explicite.
« Cape » devient dans la version française « crack » alors qu’il s’agit ici manifestement de désigner de façon péjorative les super-héros : encapé aurait dû s’imposer tout naturellement. Idem pour « capekillers » qui n’est pas traduit, et si « tueurs d’encapés » est certes un peu long cette traduction éclaire un peu au-delà de l’histoire qu’on nous raconte, en faisant du S.H.I.E.L.D. une organisation qui s’est dotée de moyens nécessaires afin de s’opposer aux super-héros, et explique bien des choses.

En outre, dans la version originale Adam Warren a glissé du français (ainsi que d’autres langues), il aurait donc été bien de le signaler (comme cela se fait souvent dans les romans par exemple) voire de traduire en anglais des phrases françaises pour donner le change, comme ici :

[size=85]D’autant que « belles ordures » est déjà en français, et que Beatiful Garbage est justement le titre d’un album de chansons[/size]

Même le titre de l’arc, qui est pourtant traduit dans un bel effort, passe à côté (me semble-t-il) de la connotation voulue par le scénariste.
En effet plutôt que À tombeau ouvert, « Haute vélocité » aurait je crois mieux convenu compte tenu de son utilisation en balistique (les munitions à haute vélocité) et du contexte de la mini-série.

Bref, je ne fais pas ici le procès de la traductrice, mais pour le coup tout cela manque un peu de souplesse à mon goût.

…. Mais qu’en est-il de l’histoire me direz-vous ?

Eh bien, Hypervelocity commence sur une très belle idée, joliment exploité, mais qui peine un peu à finir dans les temps.
Rien de répréhensible non plus, mais cet arc aurait mérité d’être un peu plus ramassé en faisant l’économie de quelques redondances et digressions qui d’après moi n’apportent pas grand-chose à l’histoire sinon à l’alourdir inutilement.

En tout cas ces 6 numéros donnent l’occasion à Iron Man de se confronter à un thème de science-fiction qui lui va comme un gant, et cet angle excuse sans conteste l’ankylose qui peut vous saisir lors de certains passages.

Pourtant, l’expression consacrée est, en français, « le fantôme dans la machine », pour traduire « the ghost in the machine », expression utilisée par Gilbert Ryle (même si le titre du roman d’Artúr Kösztler a été traduit « Le cheval dans la locomotive »)
Mais je suis d’accord avec toi qu’esprit conviendrait mieux (« âme » a une connotation religieuse, je trouve).

Concernant « hypervelocity », la traduction française est normalement « hypervitesse »… Ta proposition de « Haute vélocité » me paraît plus sympathique… De même que ton « Fantôny »…

Quant aux mèmes, tu as relevé « même », mais pas « mêmentique »… c’est un mélange entre « mémétique » et « sémantique » ?
D’ailleurs, on parle de « mémétique » pour l’étude des même, en se calquant sur le mot « gène », mais ne pourrait-on pas aussi se calquer sur le mot « sème », et utiliser « mèmantique » ?

Tori.