DEUX YEUX MALÉFIQUES (George A. Romero et Dario Argento)

REALISATEURS

George A. Romero et Dario Argento

SCENARISTES

George A. Romero, Franco Ferrini et Dario Argento, d’après Edgar Allan Poe

DISTRIBUTION

Adrienne Barbeau, Ramy Zada, Tom Atkins, Harvey Keitel, John Amos…

INFOS

Long métrage italien/américain
Genre : horreur
Titre original : Due occhi diabolici
Année de production : 1990

À la fin des années 80, Dario Argento développe une anthologie cinématographique inspirée par l’oeuvre de Edgar Allan Poe. Selon la structure habituelle de ce genre de films, il aurait du y avoir quatre segments reliés par un fil rouge. Dario Argento avait convié George A. Romero (qu’il connaissait depuis leur expérience sur Zombie), John Carpenter et Wes Craven mais pour diverses raisons, ces deux derniers se sont éloignés du projet et la recherche de remplaçants n’a rien donné. Argento a décidé de se recentrer sur deux histoires d’une heure chacune accolées sans trame narrative supplémentaire…Deux Yeux Maléfiques est donc composé de deux « moyens métrages », inégales visions de l’oeuvre de Poe aux styles très différents.

Avec La Vérité sur le cas de Monsieur Valdemar, on est loin de l’horreur cartoonesque à la Creepshow, le film à sketches pour lequel Romero est le plus connu. Même si le générique permet de retrouver quelques acteurs de l’hommage aux EC Comics (Adrienne Barbeau, E.G. Marshall, Tom Atkins), le ton est presque plus sage pendant la première moitié avec son intrigue très classique qui voit une femme et son amant tenter d’extorquer l’argent du richissime mari mourant avant que celui ne passe de vie à trépas. Pour ce faire, ils utilisent l’hypnose afin de manipuler le vieillard…

Valdemar meurt avant que sa femme puisse toucher la totalité de l’argent mais son état d’hypnose le fait dériver entre deux mondes. C’est la partie du récit qui se rapproche le plus de la nouvelle de Poe…la ressemblance s’arrête pourtant là car pour le reste, le réalisateur/scénariste s’en est considérablement écarté et a profité pour orienter le dernier acte vers le film de zombie (on ne se refait pas). La Vérité sur le cas de Monsieur Valdemar, ce n’est pas du Romero à son meilleur mais malgré quelques lenteurs, la distribution est solide et les effets assez efficaces, surtout dans les dernières minutes.

Dario Argento a quant à lui choisi un récit déjà porté plusieurs fois à l’écran, Le Chat Noir, en se montrant un peu plus fidèle que Romero. Tout en la modernisant, il a en effet repris plusieurs détails et scènes emblématiques de la nouvelle et avec son complice Franco Ferrini (co-scénariste de Phenomena et Opéra, entre autres choses) il s’est amusé à glisser de nombreuses références aux écrits de Poe, à commencer par le nom du personnage joué par Harvey Keitel, Rod Usher, un photographe au goût prononcé pour le macabre, un homme violent et alccolique qui sombre dans la folie…

Plus glauque que le précédent segment, Le Chat Noir entretient une atmosphère morbide, un suspense accrocheur qui se marie bien avec les délires bis du scénario (comme la grotesque scène de cauchemar) et quelques sympathiques pointes d’humour (noir). La réalisation de Dario Argento met également bien en valeur les très bons effets gores signés Tom Savini (impliqué sur les deux parties de Deux Yeux Maléfiques) qui a droit à un inquiétant caméo en maniaque arrêté dans un cimetière alors qu’il arrachait les dents d’un cadavre.

Niveau qualité, Le Chat Noir est donc un cran au-dessus de La Vérité sur le cas de Mr Valdemar…il est juste dommage que la fin soit aussi bâclée…

1 « J'aime »

J’en garde plutôt un bon souvenir, mais c’est clair qu’on est loin de leurs sommets respectifs, à Argento et Romero…

Ah ouais, je me souviens d’une perforation de thorax assez spectaculaire.