DOMINION (Masamune Shirow)

Discutez de Dominion Tank Police

J’ai toujours eu un peu de mal avec les œuvres de Masamune Shirow. Je trouve ça particulièrement joli, très inventif en matière de designs, et assez narratif encore, mais je n’arrive pas à entrer dans ses univers. C’est souvent dû à sa propension à mélanger intrigue sérieuse et comédie débridée, notamment d’un point de vue graphique, le réalisme de son approche étant parasité, à mes yeux, par des cases au trait caricatural. Je viens de lire Dominion, dont j’ai l’édition Tonkam (je ne me revois pas l’acheter : soit je l’ai trouvé à franchement pas cher soit je l’ai récupéré dans une « boîte à radouilles » d’un copain…), et j’ai retrouvé ces sensations.

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L’action se déroule dans un univers futuriste où la pollution règne et où des excroissances rocheuses inexplicables ont colonisé la surface de la planète. Si le premier point fournit quelques rebondissements à l’intrigue de cet album divisé en quatre parties, le second n’est qu’un décor, ce qui en réduit considérablement l’intérêt (tout ce qui est fait autour de ces « bâtisses » pouvant être raconté avec des immeubles normaux).

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On suit les aventures de Leona, une pilote de char de police, en lutte perpétuelle contre le banditisme. Les trois premiers chapitres sont consacrés à la poursuite d’un gang dont le chef a pour but de quitter la planète polluée afin de vivre dans l’espace (et pour ce faire, il capture des nouveaux-nés qu’il veut échanger contre une navette spatiale), le quatrième tombant dans la comédie où le trait et surtout l’encrage anguleux de Shirow donne pour résultat une sorte de copie bancale et brouillonne de Toriyama.

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La lecture de ce recueil, qui à vue de nez arrive au début de l’existence de l’éditeur Tonkam, m’a conforté dans l’idée d’aller regarder, à l’occasion, du côté des éditions américaines, le cas échéant. D’une part parce qu’il me semble que la série est beaucoup plus longue que ça, et peut-être qu’elle propose d’autres choses. D’autre part parce que le lettrage de cette VF est assez médiocre : textes mal calés, police unique, italique d’office partout. Le contraste est d’autant plus saisissant avec les restes de lettrage américain, visible sur les onomatopées et les interjections : le travail outre-Atlantique semble vraiment splendide, je ne sais pas qui est le lettreur (sans doute un gars du studio Proteus), mais c’est un régal.

En fait, le point fort de cet album, ce sont les textes additionnels, qui proposent une plongée (un peu légère malgré le bavardage à mon goût, mais éclairantes) dans les coulisses, notamment autour du rôle à contre-emploi de Bonaparte, le petit char objet de l’affection immodérée de Leona, qui semble ridicule par rapport aux machines que déploie Shirow, mais qui n’en reste pas moins vaillant.

Jim