DATE DE SORTIE PREVUE
26 août 2016 (USA)
5 octobre 2016 (France)REALISATEUR
Fede Alvarez (Evil Dead)
SCENARISTES
Fede Alvarez et Rodo Sayaguez
DISTRIBUTION
Dylan Minnette, Jane Levy, Stephen Lang, Daniel Zovatto…
INFOS
Long métrage américain
Genre : thriller/horreur
Titre original : Don’t breathe
Année de production : 2016SYNOPSIS
Trois adolescents procèdent à une descente parfaitement planifiée dans un chalet dont le propriétaire est un aveugle qui cache plusieurs millions de dollars chez lui, pensant qu’ils pourront commettre le crime parfait…
Ils se trompaient…
Les premiers visuels :
Don’t breathe sortira en France le 14 septembre…sous le titre In the Dark.
C’est à pleurer.
Jim
c’est le retour des titres « Francais » avec « Dark » parce que ca fait cool… ca faisait longtemps tiens
http://shittymovienight.com/wp-content/uploads/2010/05/IComeInPeace.jpg
Changement de titre : On oublie « In the Dark ». Le film de Fede Alvarez, qui réalise en ce moment un très bon démarrage au box-office U.S., sortira finalement en France sous le titre Don’t breathe - La Maison des Ténèbres.
http://www.cine-sanctuary.com/public/sanctuary/img/images_8/images8.2/Maison-768x1024.jpg
On l’a constaté à plusieurs reprises dans ces colonnes : l’été 2016 fut particulièrement décevant pour les blockbusters américains.
Les films d’horreur à petit budget ont par contre enregistré d’excellents résultats.
- The Conjuring 2 : $319,470,008 pour un budget de 40 millions
- Dans le noir / Lights out : $125.7 million pour un budget de 4,9 millions
- American Nightmare 3 - Elections : $102.4 million pour un budget de 10 millions
Et pour son premier week-end, Don’t breathe est numéro 1 du box-office U.S. avec 26 millions de dollars de recettes pour un budget de 9,9 millions.
J’ai visionné l’inquiétant Don’t Breathe hier soir. Autant le dire tout de suit, le titre n’est pas une invitation, c’est un pari. Un pari réussit puisque Fede Alvarez parvient à plonger le spectateur en apnée lors d’un Home Invasion dont il retourne la mécanique comme un gant pendant une bonne heure et demi.
Le film se paie le luxe d’être d’une efficacité rare, qu’il s’agisse de son introduction sans fioriture (la scène d’ouverture qui fait écho à la coccinelle est franchement bien vue) ou de sa mise en place rapide (j’apprécie particulièrement le concept de la caméra qui montre au spectateur les objets qui pourraient servir plus tard, reste à savoir par qui et sur qui !?!) mais c’est surtout dans la relance constante des péripéties qu’Alvarez et son co-scénariste Rodo Sayaguez tirent leur épingle du jeu. On aurait pu croire, vu le sujet, le casting, le terrain de jeu, et le croquemitaine aveugle (excellente prestation de Stephen Lang qui compose un « monstre » aussi inquiétant que vulnérable) que le film se repose sur de longues scènes d’attentes pesantes mais c’est bien entendu tout le contraire. Il n’y a rien dans le film (et de nombreux filmakers devraient en prendre de la graine) qui soit superflu jusque dans son twist tardif qui rajoute une bonne couche de malsanité.
Malsain, violent, stressant, Don’t Breathe est un peu de tout ça et pourtant Alvarez garde une certaine élégance dans l’horreur. Il ne sombre jamais dans le gore ni dans la torture excessive (torture porn, genre qui se prête plutôt bien à ce genre d’exercice en huis clos) et privilégie une ambiance à couper au couteau (on inspire un grand coup entre les absences de son et de musique).
Bref, non content d’être un jeune metteur en scène « à suivre » avec seulement deux longs métrages au compteur (et un seul de sa propre conception), Fede Alavarez est maintenant un réalisateur dont j’attends le prochain film de pied ferme.
Je serai moins enthousiaste, même si j’ai aimé énormément de choses dans ce « Don’t Breathe » de très bonne tenue ; décidément, ça fait deux films maintenant (avec son « Evil Dead ») où Fede Alvarez me laisse sur ma faim en faisant pourtant la démonstration d’un talent certain.
Je préfère néanmoins ce deuxième film au premier, à une restriction (de taille) près : son script, gros boulet à la cheville du réalisateur.
Ce script « problématique » (j’y reviens) n’est pourtant pas lui-même dénué de qualités, magnifiées par la rigueur de la mise en scène d’Alvarez. Il y a en effet tout un jeu savant de mise en place d’objets ou d’éléments du décor, qui reviennent plus tard dans le jeu, le tout rondement mené : l’exposition est en effet un modèle de concision et d’efficacité, sans sacrifier à un travail de caractérisation des personnages simple mais porteur. Toute la fibre « sociale » du script, sans être plus creusée que ça, n’est pas inintéressante, notamment ce portrait assez démoralisant de la ville de Detroit (à noter d’ailleurs que le film a été tourné en… Hongrie).
Et puis il y a aussi l’aspect « jeu sur les codes du genre », que Fede Alvarez qualifie lui-même « d’exercice de retournement » : non seulement le film inverse le principe du home-invasion (ce qui donne un sous-texte intéressant qui semble s’adresser à l’Amérique en tant que nation : il est facile de rentrer en territoire « ennemi », il est nettement plus compliqué d’en sortir…), genre « réactionnaire » presque par essence, mais en plus il façonne une figure de « boogeyman » intéressante, à la Zatoichi d’une certaine manière. Au lieu de conférer une dangerosité supplémentaire au « méchant » en l’affublant de caractéristiques presque surhumaines (taille, force, que sais-je encore), il est au contraire fragilisé par son handicap.
Tout ça est plutôt malin, mais ne serait peut-être pas grand chose sans le talent d’Alvarez pour la mise en scène, entre sobriété et éclats de virtuosité rarement (voire jamais) gratuite.
A ce titre, il faut voir comme le cinéaste a progressé en l’espace d’un film dans son utilisation des effets numériques. Outrés et mal dosés, ceux-ci étaient pour une bonne part dans l’impression désagréable laissé par son « Evil Dead » (dont le final graphiquement démentiel renouait justement avec des techniques old-school bien plus convaincantes). Ici, on utilise cette technique pour résoudre des problèmes de mise en scène, pas pour en poser ; l’utilisation discrète de ces effets dans les transitions par exemple joue pour beaucoup dans la fluidité du film.
Et en parlant de fluidité, il faut dire un mot du plan-séquence anthologique qui conclut l’exposition du film ; parfois, je me dis qu’une seule bonne idée peut sauver un métrage en entier. « Don’t Breathe » ne manque pas de bonnes idées, on l’a dit, mais même sans ça, ce seul plan-séquence (long de plusieurs minutes) rendrait le visionnage du film intéressant. Le plan-séquence lui-même est divisé en deux parties, l’une « naturelle » (long plan virevoltant au stead) et l’autre « factice » (raccords numériques entre les étages, mouvement de caméra impossibles sous le lit, etc…). La première partie est confondante de naturel et de virtuosité mêlés, avec ses passages de relais entre les persos qui « occupent la caméra » à tour de rôle ; elle présente aux persos comme au spectateur la topographie du film, avec une lisibilité exemplaire, et décrit la prise de contrôle du territoire par les intrus. La deuxième partie, truquée, présente au contraire les périls à venir (le flingue sous le lit, etc…), et se conclue par un cut en forme d’ellipse (le pauvre vieil aveugle présumé inoffensif s’est déjà réveillé et on ne l’a pas vu le faire).
Magistral : c’est pas tous les jours qu’on voit des plans comme ça ; non seulement il a demandé des réglages que l’on imagine immensément complexes, mais en plus il résume en substance la mécanique du film, installant l’idée des contre-pieds et de la structure duelle du récit.
Et je n’ai pas encore mentionné le travail sur le son, remarquable d’immersion et d’ingéniosité (malgré deux trois effets tonitruants que j’ai tendance à détester).
Que d’éloges !! Vous allez vous dire : mais qu’est-ce qu’il lui reproche à ce film, ce couillon… Eh bien une série de décisions scénaristiques extrêmement dommageables à un film pourtant remarquablement bien parti, je dirais.
A mi-parcours (presque exactement), une première révélation vient remettre des jetons dans la dynamique du récit ; pourquoi pas. Mauvaise pioche, cette révélation (bientôt suivie d’autres révélations tout aussi malvenues) déséquilibre totalement à mon sens la balance de l’ambiguité morale, qui faisait la force du film jusque-là. Il y aurait eu quelque chose de couillu, quoique risqué, à tenir tout le film avec le simple postulat de départ, quand le « boogeyman » (ça aurait été un pari, mais un pari intéressant) était encore presque en position de n’avoir rien à se reprocher. En choisissant de verser plus franchement dans l’invraisemblance la plus échevelée (pour rendre sympas les « héros »), le film s’assure de ne jamais être chiant (et c’est vrai qu’il est incroyablement tendu tout du long), mais il n’évite pas de sombrer dans le grotesque. Dommage, vraiment dommage ; je n’ai absolument pas mordu à ces développements « too much » à mon goût, à la frontière de la connerie en fait…
Du coup, à la fin du film, on ne sait plus trop quoi penser du destin des personnages, les péripéties les plus « croquignolesques » du film ayant totalement brouillé les cartes.
Un potentiel énorme, gâché par des choix d’écriture déplorables à mon sens, mais encore une fois, même avec un film pas vraiment abouti, Alvarez marque des points, c’est indéniable.
Ah tiens, je pensais avoir commenté…
Je l’avais vu en VO quelques mois après sa sortie, et j’ai profité d’une diffusion télé pour le revoir (ce qui permet de découvrir la VF, qui ne m’a pas choqué).
J’avais bien aimé la première fois (mais entre-temps, j’avais oublié quelques péripéties), et j’ai bien aimé cette fois-ci aussi. En m’attachant au balancement moral, dont j’étais bien sûr averti, j’ai davantage savouré cette histoire d’un homme brisé qui « turns evil » et à qui il faut pas braquer la baraque. Et je trouve que jusqu’au bout, jusqu’au dernier plan dans l’aéroport, le film ne parvient pas à exonérer l’héroïne de ses choix, contestables et qui vont la hanter. Même les plans sur la petite sœur ne lui donnent pas le beau rôle.
Photonik insistait sur le son. Ce qui, pour ma part, m’a emballé à cette deuxième vision, ce sont les plans nocturnes, traités en gris simili infra-rouge, qui jettent des ombres dans les coins et des marques sur les visages, transformés en faciès statuaires. La poursuite dans la cave, toutes lampes éteintes, est sidérante.
Ambigu et flippant, le film est assez chouette.
Jim
La suite de Don’t Breathe est tournée et sortira en août 2021. Le scénariste Rodo Sayagues a succédé à Fede Alvarez à la réalisation.
La première image de Don’t Breathe 2 :
Ah, pas mal, ce renversement des rôles.
Jim
Oui, à voir si ça tient la route jusqu’au bout et en espérant qu’ils nous en fassent pas une franchise…
Ah, ben maintenant, ils se sentent obligés d’indiquer que c’est seulement dans les salles de cinéma !
Tori.
Ben, tant mieux.
Tu as toute une industrie qui a mangé son pain noir pendant 1 an/1 an et demi.
Peut-être qu’il y aura pléthore de films et que celui-ci se noiera dans la masse.
Mais que les studios aillent dans ce sens et annoncent la couleur, c’est bien.
Les plateformes de streaming n’ont pas besoin de ces films pour avancer.
Et avec le covid, on navigue a vu d’œil.
Ah, oui, c’était un simple constat de ma part : c’est surtout le « exclusively » qui m’a fait réagir… Autrefois, c’était implicite : à la limite, tu mettais simplement « dans une salle près de chez vous ».
Tori.