Horreur
Long métrage américain
Réalisé par Patrick Lussier
Scénarisé par Joel Soisson, d’après une histoire de Patrick Lussier et Joel Soisson
Avec Jonny Lee Miller, Christopher Plummer, Gerard Butler, Justine Waddell, Jennifer Esposito, Jeri Ryan, Nathan Fillion, Colleen Ann Fitzpatrick…
Titre original : Dracula 2000
Année de production : 2000
Relecture du mythe de Dracula à la sauce Dimension Films (la branche film de genre de la société Miramax des frères Weinstein), Dracula 2000 (connu chez nous sous le titre Dracula 2001 à cause de sa date de sortie, situation qui rappelle celle de Dracula '73) est le deuxième long métrage réalisé par Patrick Lussier, à l’époque monteur régulier des pelloches de Wes Craven. Lussier avait déjà dirigé pour Dimension le direct-to-video The Prophecy III avec Christopher Walken et quand Weinstein a appris l’envie du bonhomme de dépoussiérer le comte transylvanien, le producteur/distributeur/gros tas de m…de a accepté de financer le projet, avec un titre tout trouvé…Dracula 2000 ! Seulement voilà, avec un tel titre, il fallait le sortir en 2000 et à la fin de l’année 1999, il n’y avait toujours pas de scénario…
Patrick Lussier et ses équipes ont donc eu une année 2000 très chargée. En janvier 2000, Joel Soisson (The Prophecy 3, Highlander Endgame…ouch…) a livré son premier script. Comme Weinstein voulait des changements, plusieurs réécritures ont suivi et comme cela ne suffisait toujours pas, Scott Derrickson et Ehren Kruger (Scream 3) ont joué au script-doctor alors que la production était sur le point de commencer. En juin, la distribution était presque complète mais il manquait toujours le plus important…Dracula. Gerard Butler, alors en début de carrière, a été choisi à peine deux jours avant les premières prises de vue le concernant. Le tournage principal s’est étendu de juin à septembre 2000, avec quelques reshoots en octobre et la post-production complétée le 12 décembre 2000, soit dix jours avant la sortie le 22 décembre. Une expérience comme les autres chez Dimension Films (Wes Craven, ici crédité en tant que producteur exécutif, a également du boucler très rapidement Scream 2 par exemple).
Dracula 2000 n’a pas vraiment une bonne réputation mais même si ce n’est pas une franche réussite, on est loin de la catastrophe. La première partie est la plus intéressante. En 2000, l’abbaye de Carfax est devenu un immeuble appartenant à l’antiquaire Matthew Van Helsing (Christopher Plummer), l’un des descendants de Abraham Van Helsing. Matthew aime à répéter à son associé Simon (Jonny Lee Miller) que son ancêtre n’a rien à voir avec le chasseur de vampires décrit par Bram Stoker dans son oeuvre la plus connue. Une nuit, un groupe de voleurs arrive à s’introduire dans la chambre forte de Van Helsing. Au lieu des richesses attendues, ils ne trouvent qu’un cercueil gardé par un système de défense mortel. Après avoir perdu deux de leurs membres, les criminels arrivent à s’enfuir avec leur trouvaille et s’envolent pour la Nouvelle-Orléans…sans se douter qu’ils volent en compagnie du plus célèbre des vampires…
Cette entame est rythmée et efficace. Le retour de Dracula est bien orchestré et on ne tarde pas à découvrir que Matthew Van Helsing est en réalité Abraham, le chasseur ayant allongé sa durée de vie en s’injectant du sang de son pire ennemi afin de le veiller pendant toutes ces années et d’empêcher qu’il revienne à la vie. Christopher Plummer livre une interprétation solide en Van Helsing fatigué, dont la « fontaine de jouvence » fait de lui l’équivalent d’un junkie. Dommage que sa confrontation avec Dracula n’ait pas le niveau de celles des légendaires Peter Cushing et Christopher Lee…
Car là où ça se gâte, c’est quand Dracula retrouve sa forme définitive. Démonstration de ce qu’est une jolie erreur de casting, Gerard Butler, alors peu connu (et qui n’avait pas encore la tronche burinée que lui donneront les années et la prise de muscles pour le 300 de Zack Snyder), manque de charisme et doit se classer parmi les interprètes les plus fades du vampire. Sa présence pas très magnétique réduit l’intensité de la menace…et la révélation de sa véritable identité et de la raison de son rejet des représentations de la chrétienté sont loin d’être convaincantes. Il y a tout de même quelques bonnes scènes dans cette deuxième moitié du métrage plus inégale, notamment lorsque les très sexy « fiancées » du vampire (Jennifer Esposito, Colleen Ann Fitzpatrick et Jeri Ryan) sont à l’écran…
Dracula 2001 ne fut pas un succès en salles mais les recettes des VHS et DVD furent suffisantes pour que Patrick Lussier et Joel Soisson reforment leur duo pour deux suites tournées pour le direct-to-video, Dracula II : Ascension et Dracula III : L’Héritage.