ELIAS LE MAUDIT t.1-3 (Sylviane Corgiat / Corrado Mastantuono)

Discutez de Elias le maudit

Mastantuono, aussi bon en réaliste qu’en disneyeries.

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Le Roi Elias est un conquérant. Mais bien sûr, il finit un jour par tomber sur un os, en la personne du sorcier Melchior. Ce dernier dispose de cartes magiques (un jeu complet, alors qu’Elias n’en brandit qu’une seule) et parvient à vaincre le monarque, profitant de l’occasion pour échanger leurs corps.

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Tel est le sujet de la longue scène d’intro du premier tome, qui pose à la fois les personnages et les enjeux. Une fois cette présentation passée, nous retrouvons une troupe de marchands, disposés à pendre un nain qu’ils prennent pour une créature maléfique. Un chevalier mystérieux apparaît, les dissuade d’aller jusqu’au bout, en échange de sa protection. Le lecteur reconnaît le tatouage du chevalier et comprend qu’il s’agit de Melchior. Enfin, du corps de Melchior. Donc de l’esprit d’Elias.
Vous suivez ?
Cet équipage hétéroclite s’ébranle ensuite vers la grande ville du coin, qui est frappée par la peste rouge. Après une attaque de bandit, ils arrivent dans la cité, et Evangele, une savante versée dans les arcanes de la médecine, tente de convaincre les gardes de ne pas jeter les corps des pestiférés dans la rivière. En vain. Après une confrontation avec un serpent géant qui se nourrit des cadavres, Elias se lance à l’assaut d’un des conseillers du roi, en qui il reconnaît Melchior (puisqu’il porte son visage, vous suivez toujours ?). Mais il est arrêté par les gardes.

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Fin du premier tome. L’ensemble est classique (un voyage, une initiation, des rencontres, une quête), reprenant les fondamentaux de l’heroic fantasy. Au point que l’intrigue n’est pas la force du récit, mais que celle-ci réside plutôt dans les personnages, qui composent une équipe intéressante. On n’évite aucun cliché, mais les auteurs savent en tirer un certain sel.

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Il faut dire que l’élément fort de ce tome, et de la série, c’est Corrado Mastantuono, un dessinateur italien aussi doué pour les séries Disney que pour une approche plus réaliste, comme il l’a démontré sur quelques épisodes de Tex. Dans la série, il renvoie à ses bases, ses influences, qui comportent John Buscema, Joe Kubert ou Moebius, bref, que du bon. Il transcende son histoire qui, pour sympathique qu’elle soit, ne dépasse pas toujours le cadre du genre dans lequel elle s’inscrit.

Jim

Elias, capturé, croupit dans les douves. Evangele, vantant les mérites de la science et de la médecine, tente de lutter contre la Peste Rousse à la cour du roi Saval, mais le sorcier Melchior (sous les anciens traits d’Elias) a hélas l’oreille du roi. Quant à Bertil le nain et Araneo le géant, ils survivent dans les bas-fonds, se nourrissant de poissons morts. Bref, c’est un peu la panade.

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Le deuxième tome est consacré à l’évasion : Elias parvient à faire passer, par l’entremise d’Evangele, des informations que Bertil et Araneo utilisent afin de forcer les murs de la citadelle. Mais la jeune femme, qui travaille à un vaccin depuis longtemps, a contracté la terrible maladie. C’est donc un aréopage affaibli qui affronte un oiseau mécanique créé par Melchior et lancé à leurs trousses, puis qui emprunte les chemins souterrains des thermes, avant de se retrouver coincés. Evangele est mourante. Fin de l’épisode.

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La construction de ce volet est semblable à celle du précédent : un long flash-back, qui permet d’expliquer les liens entre Elias et le géant Araneo, mais également d’humaniser quelque peu le conquérant, et donc de faire le lieu entre le monarque cruel du passé et le noble chevalier du présent.

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L’ensemble se lit très agréablement, et les héros, s’ils sont sortis du système de la quête qui caractérisait le premier volume, se retrouvent dans la peau de hors-la-loi qui doivent fuir. L’album n’est qu’une course-poursuite, savamment rythmée et très bien mise en scène par Mastantuono, qui fait oublier les quelques séquences un peu bavardes de confrontation entre personnages.

Jim

Dans les sous-sols, interminables et labyrinthiques, Elias et son équipe tentent de protéger Evangele, atteinte de la Peste Rousse, et de retrouver la source souterraine du fleuve, d’où provient, selon l’ancien roi, la maladie. En chemin, ils font une étrange rencontre, celle du peuple des Woloofs, des canidés humanoïdes occupés à une guerre de succession. Ils s’allient bientôt à l’une d’entre elles, que Bertil baptise Matilda, et qui sera d’une grande aide face à l’ultime assaut de Melchior et de ses troupes.

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L’album s’ouvre sur un flash-forward, à l’inverse de ce qui a été fait pour les deux tomes précédents. La séquence est plus courte, et cette fois-ci consacrée à Evangele. Ensuite, Sylviane Corgiat résout son intrigue en agrémentant la quête des héros de beaucoup d’humour. Là encore, rien de bien novateur, puisque tout tourne autour des chamailleries entre Bertil le nain et Araneo le géant. La confrontation avec Melchior fournit son lot de surprises, jusqu’au dernier moment où Elias découvre que son adversaire lui a joué un tour. Ce qui permet une fin ouverte.

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La scénariste prend le temps de boucler les différents aspects de son récit, consacrant les dernières pages à évoquer la situation des personnages. Question dessin, Mastantuono fournit des décors vraiment impressionnant, apparemment motivé par la description des royaumes souterrains. Ses grandes cases sont de toute beauté.

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La trilogie a été rééditée en petit format, dans la très agréable collection « Humano Pocket », qui a déjà accueilli de nombreuses séries de l’éditeur.

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