ELMER, LE REMUE MENINGES (Frank Henenlotter)

Horreur
Long métrage américain
Ecrit et réalisé par Frank Henenlotter
Avec Rick Hearst, Jennifer Lowry, Gordon McDonald…
Titre original : Brain Damage
Année de production : 1988

Dans un premier temps, Brian, le héros de Elmer le Remue Méninges (très bon titre français de Brain Damage), ne ressemble pas vraiment aux autres personnages des longs métrages de Frank Henenlotter. Le jeune homme a un boulot stable, il vit en colocation avec son frère et il a une petite amie. Mais sa vie calme va être complètement bouleversée le jour où il entre en contact avec une étrange créature qui va prendre possession de lui.

Doué de parole, le parasite veineux à la forme phallique (et qui ressemble aussi vaguement à un étron) vient de l’appartement du dessus. En passant par les conduites d’eau, il a échappé à ses anciens propriétaires qui ne le nourrissaient pas assez bien à son goût…et le monstre pense avoir trouvé en Brian l’hôte parfait…

Elmer a la capacité d’injecter dans le cerveau humain une drogue surpuissante. Pendant qu’il est sous l’influence de ce « jus bleu », Brian est incohérent et sujet à des hallucinations visuelles. Il ne voit donc pas que Elmer s’attaque aux personnes qui s’approchent de lui avant de leur dévorer le cerveau. Un gardien de nuit est la première victime d’Elmer, puis une femme peu farouche rencontrée dans un concert punk et qui ne s’attendait pas à une fellation aussi…dévorante…

Le gore est très efficace et bien cradingue. Le budget modeste se ressent surtout sur l’animation de Elmer, souvent maladroite avec sa tronche un peu ridicule, mais son allure et sa voix doucereuse forment un bon contraste avec l’horreur de ses actes. Elmer, c’est le grand tentateur, le Faust de Brian, ce dernier passant littéralement un pacte avec le diable pour avoir sa dose de bonheur artificiel. La descente aux enfers de Brian peut également se voir comme une métaphore sur les méfaits de la drogue, avec des étapes obligées comme la tentative de sevrage qui tourne à l’échec…

Brian va tout apprendre sur la nature d’Elmer de la bouche de ses anciens propriétaires, un couple de vieillards pathétiques devenus des drogués en manque. Pour éviter de s’en prendre à son frère et à sa petite amie, Brian va s’éloigner d’eux et plonger cette fois dans le New York des autres longs métrages peuplés de freaks de Frank Henenlotter (Basket Case…dont l’acteur principal fait ici une apparition pour un amusant caméo sans quitter son fameux panier d’osier…et Frankenhooker), celui de la 42ème Rue, des hôtels miteux, des prostituées et des junkies…

Si certains effets sont très datés (comme les visions colorées des trips de Brian), Frank Henenlotter sait mettre mal à l’aise (le cauchemar vécu par son personnage principal ne manque pas de passages bien corsés dégoulinants de sang et autres fluides…avec tout de même quelques pointes d’humour trash) et va jusqu’au bout de son concept dans un dernier acte tendu, dramatique, qui se termine sur l’étonnante vision d’une overdose particulièrement destructrice !

4 « J'aime »

Vu à sa sortie car j’ai une grande tendresse pour Henenlotter et son cinéma. La scène de sevrage m’avait profondément marqué. En dépit du fantastique et du grotesque, il y a un côté quasiment naturaliste comme si le réalisateur retranscrivait le quotidien d’un junkie de la 42ème.