Perso, je n’ai pas aimé du tout.
Je précise d’ailleurs que je n’avais pas vraiment goûté non plus au film de Fede Alvarez il y a une bonne dizaine d’années maintenant (tout en reconnaissant le talent du bonhomme, confirmé depuis sur « Don’t Breathe », ou même déjà sur le climax très graphique et spectaculaire de son « Evil Dead »).
Je vais utiliser un argument que je n’aime pas trop en théorie mais qui se vérifie très souvent en pratique, quand on s’attaque à un truc aussi emblématique que la saga de Sam Raimi : « Evil Dead Rise » n’est pas un bon film car ce n’est pas un bon « Evil Dead ».
En effet, si le film s’appelait « The Devil machin chose » et se « contentait » d’être un film de possession un peu vénère et dérangeant sur les bords (ce qu’est le film de Lee Cronin, mais j’y reviens), j’aurais très certainement adhéré, dans un certaine mesure, à sa proposition.
Mais y’a marqué « Evil Dead », et il faut donc bien juger le film à l’aune de cette appartenance à la franchise chérie des fans d’horreur.
On commence par les bons points ? Un final très (très) généreux en gore, et un climat de réel malaise qui plane sur tout le métrage, du fait de cette idée empruntée aux films de Raimi, mais dans un contexte privé de toute gaudriole et au sérieux papal : le fait que ce sont ses proches que l’on démembre allégrement. Malaise au carré : il y a des enfants dans cet appartement…
C’est très glauque, mais aussi très efficace, et perso j’attends qu’un film d’horreur m’emmène dans ces zones inconfortables. De ce point de vue-là, c’est réussi.
Mais pour le reste…
Passé un prologue passable mais loin d’être honteux (je le préfère à celui du film d’Alvarez, complètement raté), et qui a le bon goût de s’achever sur un beau plan où s’affiche le titre en toute majesté, on s’emmerde ferme pendant… 45 mn !!! C’est une blague ? Mais où est passé la folie et le côté « non stop action horror movie » des originaux ?
Et bon, Lee Cronin n’est pas Sam Raimi non plus, quoi.
Il y avait certainement un vice à la base, à travers des choix un peu hasardeux qui s’avèrent très peu payants au final : un « Evil Dead » urbain, pourquoi pas (même si on perd de la veine paganiste/animiste de la franchise), mais peut-être pas confiné à un appart’, le palier et un parking souterrain, merde ! Idem pour la tonalité très sérieuse et premier degré, qui à mon avis plombait déjà le film d’Alvarez ; je me demande dans quelle mesure l’humour n’est pas une composante indispensable du cocktail « Evil Dead » (ce que la série « Ash vs Evil Dead », malgré ses limites formelles, avait très bien compris).
Quant au rattachement presque in extremis du film aux passages obligés de la franchise (fusil, tronçonneuse et répliques cultes à la « Dead By Dawn !! » sont bien au menu), la façon totalement artificielle voire à côté de la plaque dont tout cela est intégré fait rire, mais pas comme il faudrait.
Et le final d’achever tout ça sur une note très mineure, en bouclant la boucle avec le prologue qu’on avait malheureusement déjà oublié (et quel plan final à la con).
Dommage !! Si le film n’est pas totalement inepte, il n’est tout simplement pas à la hauteur du mythe qu’il cherche à relancer… ce qu’il échoue totalement à faire.