EXCALIBUR (John Boorman)

Aventures/fantastique
Long métrage britannique/américain
Réalisé par John Boorman
Scénarisé par John Boorman et Rospo Pallenberg, d’après Thomas Malory
Avec Nigel Terry, Nicol Williamson, Nicholas Clay, Cherie Lunghi, Helen Mirren, Paul Geoffrey, Gabriel Byrne, Patrick Stewart, Liam Neeson, Ciaran Hinds…
Année de production : 1981

Anál nathrach,
orth’ bháis’s bethad,
do chél dénmha

Excalibur est un projet que John Boorman a porté pendant plus de dix ans puisqu’il a commencé à travailler sur le scénario en 1969 avec un de ses collaborateurs habituels, Rospo Pallenberg. Le studio United Artists a reculé devant leur onéreux script de plus de trois heures et leur a confié une adaptation du Seigneur des Anneaux de J.R.R. Tolkien à la place (comme si la tâche allait être plus facile). Ce n’était bien évidemment pas encore le bon moment pour que la saga de Frodon Sacquet et de sa communauté soit portée à l’écran en prises de vues réelles et après s’y être attelé sans succès, John Boorman a enfin pu faire d’Excalibur son huitième long métrage après avoir trouvé les fonds et un nouveau partenaire de production chez Orion Pictures.

J’avoue que je n’ai jamais lu les textes du mythe arthurien, je ne connais ces histoires que par leurs différentes transpositions à l’écran. Pour structurer leur vision, John Boorman et Rospo Pallenberg se sont principalement inspirés du travail de Thomas Malory dans son oeuvre La Morte d’Arthur. Selon plusieurs sources, les auteurs ont également intégré dans Excalibur des éléments d’autres versions des contes, comme les textes de Chrétien de Troyes, afin d’en faire ressortir une sorte de « vérité mythique » pour reprendre le terme du réalisateur.

Les grandes étapes de la légende arthurienne sont racontées autour d’un cycle de naissance, de vie, de décadence et de restauration. Le premier scénario de Boorman et Pallenberg aurait donné un film de près de quatre heures, durée qu’ils ont du réduire pour aboutir à un métrage de plus de deux heures. Ce faisant, le déroulement est marqué par plusieurs ellipses qui peuvent parfois désarçonner tout en participant à l’atmosphère particulière qui se dégage de cette épopée opératique. La naissance d’Arthur survient dans un âge de ténèbres, où les hommes font encore appel aux forces occultes pour régler les conflits et laisser libre cours à leurs bas instincts. Le style baroque de Boorman éclate dès ces premières scènes pleines de bruit et de fureur, la chair se mêlant au métal avec frénésie…

La vie, c’est l’âge d’or de la chevalerie. L’écuyer Arthur retire l’épée de la pierre, sans être reconnu tout de suite comme le nouveau roi. Au terme d’affrontements intenses, c’est son humilité qui imposera le respect de ses futurs chevaliers. Les acteurs déclament leurs répliques avec un peu trop d’emphase mais cela correspond bien à la tonalité du récit choisie par John Boorman. La rencontre avec Lancelot du Lac, perdu dès qu’il pose le regard sur la reine Guenièvre, est la première étape de la future chute de Camelot, entretenue en secret par la vengeance de Morgane…un tourbillon de sentiments qui provoque un inéluctable destin…

Dominée par un Nicol Williamson impérial en Merlin, tantôt jovial, tantôt inquiété et inquiétant, la distribution d’Excalibur réunit aux côtés de Nigel Terry (l’interprète du roi Arthur) des visages familiers qui étaient alors dans les premières années de leur carrière. Il y a ainsi Gabriel Byrne en Uther Pendragon, Patrick Stewart en Leodegrance (le père de Guenièvre), Liam Neeson en Gauvain et surtout Helen Mirren, superbe et vénéneuse en Morgane, manipulatrice et provocatrice d’un puissant et hypnotique dernier acte, suite de tableaux au symbolisme onirique pour mettre en scène la quête du Graal, métaphore d’une terre qui se meurt avant de renaître pour une dernière bataille sur fond du Carmina Burana de Carl Orff.

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Pareil.
Merci pour ce billet sur ce film qui m’a marqué enfant. Je le reverrais bien avec des yeux d’adulte.

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Bob Peak :

Daniel Suárez Pérez

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Dave Stokes

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Juapi Coffee

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Variante par Bob Peak

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George Todorovski

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Je l’ai revu il y a quelques jours à peine, et je dois dire que malgré ses défauts, je kiffe toujours autant l’épopée de Boorman, très représentative de tout un pan de son corpus, orienté vers une sorte de paganisme/animisme qui a des relents de « vérité » (vérité mythique en effet) car on sent Boorman très investi sur ce plan.
Alors certes, le film a ses faiblesses (dont le jeu très limité de l’interprète principal, Nigel Terry, qui a le physique du rôle mais joue de façon très raide) mais elles sont balayées par le souffle singulier du métrage, superbement illustré musicalement par Orff et Wagner (le générique du film sur fond de « Götterdämmerung » me fout le frisson à chaque fois).

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