LA FORÊT D'ÉMERAUDE (John Boorman)

Aventures
Long métrage britannique
Réalisé par John Boorman
Scénarisé par Rospo Pallenberg
Avec Powers Boothe, Charley Boorman, Meg Foster, Ruy Polanah, Dira Paes…
Titre original : The Emerald Forest
Année de production : 1985

Si La Forêt d’Emeraude n’est pas à proprement parler un film fantastique, il en contient cependant des touches ce qui fait qu’il est naturellement considéré comme la dernière pierre du pan « mythologique » de l’oeuvre de John Boorman. Comme dans son Excalibur, une croyance ancestrale doit laisser sa place à l’avancée inexorable de l’homme et de ce qu’il apporte (ici, une certaine idée de la modernité au détriment de la nature)…le monde des habitants de la forêt amazonienne change et dans le processus, cela annonce la fin de leur univers, la perte de l’âme même de la planète…

L’idée à la base de La Forêt d’Emeraude a été apportée à John Boorman par son scénariste Rospo Pallenberg (L’Exorciste II, Excalibur…). Le fidèle collaborateur de Boorman a en effet inspiré par l’histoire vraie d’un bucheron péruvien dont le fils avait été enlevé par des indiens. Il l’avait retrouvé environ dix ans plus tard, devenu le chef de son peuple adoptif. Le parcours d’un certain Manuel Cordova-Rios, qui a co-signé le livre Wizard of the Upper Amazon, est identique puisqu’il a vécu plusieurs années au sein d’une tribu amazonienne après son enlèvement.

Bill Markham (le toujours impeccable Powers Boothe) est un ingénieur américain engagé pour participer à la construction d’un barrage hydraulique près de la Forêt Amazonienne. Il s’installe avec sa femme Jean (Meg Foster et son inoubliable regard) et ses enfants Heather et Tommy. Alors que la petite famille visite le chantier, Tommy est enlevé par une tribu d’indigènes locaux qui se font appeler les Invisibles. Dix ans plus tard, Bill et Jean recherchent toujours leur fils, alors que le barrage est presque terminé. Devenu Tomme, l’adolescent (Boorman voulait C.Thomas Howell pour le rôle mais devant l’indisponibilité de ce dernier, il a décidé de le confier à son fils Charley, que je trouve un peu falot sans que ce soit vraiment gênant) a été élevé par les Invisibles et se prépare à son rite de passage à l’âge adulte…

Après la scène d’introduction, la quête de Bill Markham prend la forme d’un film d’aventures dans des décors exotiques superbes magnifiés par la réalisation de John Boorman. La tension passe par le passage presque obligé avec la rencontre d’une tribu féroce aux tendances cannibales mais ce n’est pas gratuit (on n’est pas non plus dans Cannibal Holocaust) car ce peuple chassé de ses terres par la destruction de la forêt représente dans un certain sens la corruption par le colonialisme (ils succombent à l’alcool et aux armes fournis par des trafiquants d’êtres humains).

Après la reconnexion entre Bill et Tomme, assez touchante quand le père entre dans une phase d’acceptation de la nouvelle vie de son fils, ce qui ressemble presque à un paradis perdu devient un enfer suite à l’enlèvement des jeunes femmes de la tribu pour une exploitation sexuelle. Boorman laisse alors la place au suspense et à l’action mais sans oublier l’onirisme et la dimension mystique, au travers de scènes hypnotiques (efficacement soulignées par la musique des compositeurs Brian Gascoigne et Junior Homrich) et du spectaculaire final. L’aspect happy-end est tempéré par le message qui s’inscrit sur l’écran avant que le générique défile…et les choses ne se sont hélas pas arrangées les années suivantes…

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À ne pas confondre avec La vallée d’émeraude :

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Tori.

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Ce que j’adore dans le film, c’est que se baser sur le point de vue des indiens permet de faire du conte, de l’épique à partir d’un décor totalement réaliste et banal (pour nous) : le monde urbain avec ses arbres foudres étranges, ses portes imprenables et ses tours géantes à gravir … faut trouver le magicien pour qu’il nous file une paire de tenailles.

Ici la forêt c’est la vie/le monde, la lisière de la forêt le bout du monde (parfaitement représenté dans la scène où Tomme (le héros) quitte la forêt et où la dévastation et les arbres qui brûlent sont parfaitement mis en valeur), et le monde urbain c’est le « monde mort ».

Le contraste des systèmes de référence permet une magnifique scène où quand Powers Boothe demande au chef indien pourquoi il a kidnappé son fils ce dernier répond que quand il a vu un petit garçon si souriant, malgré la haine qu’il a pour son peuple, il n’a pas pu se résoudre à le laisser repartir dans le monde mort.

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La novellisation avait été confié à Robert Holdstock qui avait joué sur les ambiances pour renforcer certains aspects fantastiques , renvoyant un peu vers son grand œuvre qu’est La forêt des Mythagos.