Ben, tant pis pour elle.
Je lui préfère Ororo.
Cela fait longtemps que la continuité est devenue très relative.
On a déjà fait l historique des points clefs de ce changement de la starification de l auteur avec le passage de kirby chez dc au relance 6 mois plus tard jusqu à la formule à pitch.
Désormais il s agit surtout de donner une signification nouvelle à des termes tirés de la continuité comme les « brigades des jeunes » (?) dans immortal hulk reprenant le nom du groupe de rick jones.
L epoque est à la reinterpretation et plus à une continuité chronologique.
Si on remonte à ce niveau là, il n’y a jamais eu de continuités.
Quand à la formule du pitch elle existe depuis l’antiquité, c’est une formule de commerçant que l’on applique après à d’autres choses. A partir du moment ou tu dois venir convaincre ton éditeur de faire un bouquin avec toi tu dois pitcher, donc ça remonte bien avant le passage de Kirby chez DC même dans les comics.
Mis je pense que tu as en a une interprétation tout autre qui se livre plus à venir sur un titre avec une idée sans savoir la développer et n’avoir que ça. ce qui date des années 2000 à mon avis.
Je confirme.
J’apporte un complément d’info concernant la BD.
Quand tu connais l’éditeur et qu’il sait comment tu bosses, le pitch peut suffire pour signer. La confiance est réciproque.
Quand tu vas vers un éditeur avec qui tu as peu ou pas d’antécédents, le pitch précède un gros travail pour convaincre.
Et là, je ne parle que des éditeurs compétents.
J’exclue de l’équation les gros nuls qui font attendre des auteurs 6 mois ou 1 an (c’est hélas plus fréquent que l’on croit) avant la signature.
Pour un scénariste, ça n’a rien de dramatique. On est toujours sur plusieurs titres à la fois. Mais pour un dessinateur, c’est nettement plus complexe. Il faut être totalement à la masse pour espérer qu’il attende, même si certains, amoureux de leur projet ou protégés parce qu’ils ont d’autres activités, peuvent patienter.
À mon sens, c’est le propre des éditeurs « de surface ». Ils ont le job, mais soit ils n’ont pas l’influence pour faire passer des dossiers, soit ils se contentent de faire semblant. Ce serait dommage de s’engager et de prendre des risques, hein. Le siège est si confortable…
Il y a aussi la culture d’entreprise, bien sûr. Faire languir un auteur, c’est pouvoir le faire signer au prix à la planche le plus bas. S’il a attendu un an, il fera moins le difficile.
Je ne dis pas que tous les cas semblables sont concernés par cette pratique, mais il y en a.
J’ai la chance de n’avoir jamais été confronté à une telle situation chez Delcourt, Soleil et Le Lombard.
En effet, la continuité telle que nous l employons nait vraiment avec marvel et s eteint pas à coup dans les années 90/2010.
Aujourd’hui, il s agit d autre chose, d une chose beaucoup plus plastique.
Pourquoi sans savoir la développer ?
Ce dont je parle c est une relance au 1 avec un angle fort pour une nouvelle série.
Le statut quo est quasi à chaque fois réinventé.
Immortal hulk est un bon exemple, comme l etait les relances de marvel now.
Il s agit de faire coupure avec ce qui précède pour permettre aux « nouveaux venus » de prendre le train en marche.
C est tres éloigné du changement d equipes creatives dans les années 70/80 qui cherchaient surtout à se faire en douceur prenant la peine de boucler les trames narratives précédentes.
Aujourd’hui, il s agit de reinterpreter les persos, comme je le disais.
Ainsi, si tornade est appelée déesse, la mettre à la tête d une ceremonie religieuse a du sens qu importe si cela contredit des caracterisations précédentes.
C est l evolution logique de l ère prismatique : après avoir fait des variations de perso, le perso devient à lui même sa propre variation.
Immortal reinvente complètement tous les éléments de hulk en donnant à chacun une signification nouvelle.
Tu généralises trop.
Ça ne contredit aucune caractérisation.
Dès les premières images où on la voit, elle est présentée comme une déesse pour le peuple qui l’observe.
Et la vision extérieur que l’on fait d’un personnage (la perception d’un autre personnage, j’entends) ne participe en rien à sa caractérisation.
Sauf éventuellement s’il est défini à travers une voix off qui n’est pas la sienne. Et encore… Ça peut être piégeux. L’auteur peut s’en servir pour mener le lecteur par le bout du nez.
Pas sur d avoir compris.
De quelle cérémonie religieuse du parle ?
Celle de hox/pox
Elle se comporte très vite comme une fanatique.
Je vois mal en quoi ça peut être perçu comme une évolution de la caractérisation.
Ça ne s’appelle pas caractériser, ça… ça s’appelle modeler un personnage pour servir un dessein.
Ce n’est pas comme si c’était la première que Hickman le faisait.
Hickman ou d autres.
J explique simplement la logique à l oeuvre. La caracterisation d un perso n est plus tant déterminée par la chronologie passée de ses histoires que par des réinvention successive à partir des mots qui le definissent mais auquels sont données des sens nouveaux.
Tornade est appelée déesse, c est un élément de la " continuité " dans l acception actuelle de la continuité, ainsi aucun autre perso n etait plus légitime qu elle dans ce rôle.
Voilà comment fonctionne actuellement la continuité, il me semble.
Et cela fait dans les 20 ans que c est ainsi et toujours plus ainsi.
Lorsque brubaker reprend cap et t en fait un agent d un shield très militaire, on imagine bien que les lecteurs de la serie depuis englehart ont du y trouver beaucoup à redire.
Pas forcément.
Mais je crois sincèrement que nos appréciations divergent pour une raison simple.
Toi, tu aimes les idées, les concepts.
Ne le prends pas comme une attaque, mais tu intellectualises à un degré de finesse qui confine parfois à l’abstraction.
Moi, je n’intellectualise pas des masses. Ou pas aussi savamment.
Mais surtout, je suis intimement persuadé que tu es plot-driven, quand je suis définitivement character-driven.
Et pour le dire autrement, je déteste quand un auteur se voit plus grand que les personnages dont il prend le destin en main.
Où divergent t elles là, en l occurence ?
Parce que sur tornade, il me semble qu on est bien d accord qu il n y a aucun moyen de faire entrer la version hox/pox dans la continuité classique post x trem x men notamment.
Sourire.
Alors quel comics est un bijou du character driven selon toi ?
Et le pire du plot driven ?
Plot-driven ?
La période Hickman sur les Avengers/FF/Illuminatis.
Never mind the bollocks. Tout pour l’effondrement et l’avilissement des plus grands héros.
Pourquoi ? Parce que pour aller au bout du bout, ils doivent se salir les mains et commettre un crime de masse (de milliards d’individus) pour que ça casse avant que ça casse.
Ce n’est pas la seule issue possible.
C’est la seule issue dans l’esprit de l’auteur.
Un bijou de characters-driven ?
V for Vendetta peut-être.
Si on doit s en tenir à ces exemples, je suis plus character driven que plot driven même si j apprecie les deux.
Plus éclectique en somme.
Un autre chose sur laquelle on tombera d accord : si character driven veut dire une histoire où les personnages ont une réelle intériorité alors je ne vois que Moore pour s y hisser et miller parfois.
Rappelons tout de même que les illuminatis ne vont justement pas au bout, seul namor declenche par surprise la bombe et qu ils attendront sagement la prochaine excursion sans rien faire, refusant bien de se resoudre à la destruction d une planète sauf namor encore une fois mais qui ne tiendra sur ce choix qubun temps.
Pourtant, une planete contre deux univers, soit des millards et des milliards de planètes, le choix ne parait pas si hardu, pourrait on penser.
Le twist étant que non seulement il fallait oser mais même etre l origine de ce dilemme pour preserver une ultime chance, ce pourquoi seul fatalis pouvait etre l homme de la situation, ce qui n empechera pas que les super heros gagneront à la fin.
Donc, c etait bien la seule solution possible mais les super heros s y sont refusés et ils gagnent tout même au final.
L honneur n est il pas sauf ?
Je m amuse. Je pense que la figure super héroïque est suffisamment élastique pour qu une telle histoire ne l enterre pas. Et de fait, elle ne l a pas fait.
Est ce que cela dit quelque chose de notre epoque ? Peut-être que ; les super heros sont désormais lus par des grands dadets de plus de quarante ans ?
C’est oublier des tonnes de titres Nemo. Starman de James Robinson est l’une des séries les plus Character Driver qui existe, Arrowsmith, Superman de Byrne, le passage de Garth Ennis sur Hellblazer, Slott sur Spider-man, les FF de Waid…
C’était déjà le cas, et la plupart du temps ces grand dadais sont attaché aux personnages. Sinon ils serait partit depuis longtemps.
Mettons robinson et ennis de côté, tu trouves que les autres dépeignent de manière credible l intériorité humaine ?
Oui, attaché comme le junki à sa dose.
Non ça cest moi