FEAR AND DESIRE (Stanley Kubrick)

REALISATEUR

Stanley Kubrick

SCENARISTE

Howard Sackler

DISTRIBUTION

Frank Silvera, Kenneth Harp, Paul Mazursky, Stephen Coit, Virginia Leith…

INFOS

Long métrage américain
Genre : drame/guerre
Année de production : 1953

Il y a eu une guerre dans cette forêt. Pas une guerre qui a eu lieu, ni une guerre qui aura lieu, seulement une guerre. Et les ennemis qui luttent ici n’existent que si nous leur donnons un caractère humain.

Dès les premières images de Fear and Desire, le tout premier long métrage mis en scène par Stanley Kubrick (le futur réalisateur de 2001, L’Odyssée de l’Espace n’avait juste que là signé que des courts métrages documentaires), une voix-off établit la nature allégorique du récit qui va se dérouler : les quatre militaires perdus derrière les lignes ennemis après le crash de leur avion sont engagés dans une guerre qui est censée évoquer toutes les guerres, dans une histoire qui se déroule en dehors de l’Histoire pour en souligner l’universalité.

Un Kubrick âgé d’à peine 25 ans et son scénariste Howard Sackler (qui écrira par la suite L’Insurgé…et Les Dents de la Mer 2 !) analysent alors le tourbillon d’émotions contradictoires qui forment la tapisserie d’un théâtre de guerre. Et cela donne une oeuvre de jeunesse (financée en partie grâce aux proches de Kubrick) certes imparfaite mais aussi souvent intéressante, jusque dans ses défauts (et il y en a beaucoup).

La production est terriblement cheap, le jeu d’acteur est très limite (cela va du passable à l’exécrable…Paul Mazursky, qui deviendra par la suite réalisateur et qui fait ici ses débuts dans le rôle du soldat qui pète les plombs, est absolument lamentable) et le symbolisme est beaucoup trop appuyé. Fear and Desire a souvent été qualifié de « prétentieux », et même par Kubrick lui-même qui a renié ce premier essai, et ce qualificatif peut en effet s’appliquer à certains aspects de ce modeste film indépendant dont la durée dépasse à peine une heure.

Et pourtant, même s’il a du mal à se dépêtrer d’un bourbier d’abstraction, Fear and Desire compte plusieurs passages assez fascinants et des compositions formelles de toute beauté. Dans la scène de la bagarre dans la cabine contre deux soldats ennemis (pour obtenir leurs armes et leur nourriture), Kubrick opte pour une suite de plans de coupe un peu décousus mais qui obtiennent l’effet voulu en insistant sur la brutalité désordonnée de l’assaut.
Les protagonistes font ensuite prisonnière une jeune femme pour éviter qu’elle ne révèle leur position. La aussi en privilégiant les gros plans sur le visage de l’actrice, Kubrick instaure une atmosphère troublante, hélas plombée par l’interprétation de Paul Mazursky.

Le dernier acte, qui voit les soldats attaquer un camp ennemi pour tuer un général, baigne dans une atmosphère quasi-fantastique. Et tout cela parce que Kubrick n’avait pas assez d’acteurs à sa disposition. Les acteurs Kenneth Harp et Stephen Coit interprètent donc deux rôles…ils sont ceux qui sont assaillis (le général et son aide de camp) et les assaillants (le capitaine et son soldat)…deux camps qui se ressemblent plus qu’ils ne le croient…

Oui, il est toujours intéressant de découvrir le premier film d’un grand cinéaste…même s’il est aussi terriblement inégal que ce Fear and Desire

Il n’y a que les formes inaltérables de la peur, du doute et de la mort qui soient de notre monde. Ces soldats que vous voyez parlent notre langue et sont de notre temps…mais n’ont pas d’autre patrie que l’esprit…

Doc,
même si le film est imparfait, il semble intéressant. J’essaierai de le voir si je peux le trouver.
ginevra