Le pitch :
Jack est un employé ce qu’il ya de plus banal. Il a un bon salaire, un bel appart, voyage beaucoup. Mais le souci c’est qu’il est seul. Son seul moyen de rencontrer du monde et de sentir bien c’est de squatter les groupes de thérapie (cancéreux, personnes en fin de vie…).
Mais son existence va prendre une tournure à 180° après sa rencontre avec Tyler Durden, anarchiste, philosophe vivant totalement en marge.
Avec ce dernier, il va fonder le fight club, club de lutte clandestin où il peut enfin se libérer des chaînes de la société. Mais Jack va bientôt être dépassé par sa nouvelle existence.
Mon avis :
Je vais peut être vous étonner mais jusqu’à aujourd’hui je n’avais jamais regardé Fight Club. Assez bizarrement j’étais passé à côté lors de sa sortie au ciné pour je ne sais quelles obscures raisons et je l’avais jusqu’à présent boycotté en dvd et lors de ses passages télés. En effet, tout le monde autour de moi en faisais un tel battage comme le film à voir absolument que, par pur esprit de contradiction (une de mes qualités principale), je m’étais interdit de le regarder.
Et là j’ai craqué, me demandez pas pourquoi car je ne le sais pas moi-même, mais j’ai enfourné (en tout bien tout honneur) Fight Club dans mon lecteur dvd et je l’ai maté du début à la fin !
Et au moment de me mettre à l’écriture de cette critique se pose alors à moi une question. Est-ce que je vais pouvoir le juger en toute objectivité ou alors mes années de rejet pur et dur ainsi que ma mauvaise foi légendaire (élevé au rang de qualité exceptionnelle chez moi) vont me faire le descendre quelque soient ses qualités ?
Bon au final ça donne quoi Fight Club ? Un film culte ? Un film coup de poing ? Un film homo ? Un film couillu ? Un film facho ? Un film à la violence gratuite ? Un putain de défouloir face à une société oppressante ? Un film libertaire ? Un film pessimiste ? Un film optimiste ?
Fight Club c’est tout ça et rien de tout cela à la fois, formule facile, je le reconnais, mais qui à mes yeux résume bien le film.
Fight Club a-t-il pour but de renvoyer à la gueule le misérabilisme et le consumérisme à deux balles dans lequel nous vivons ? Où alors se fout-il ouvertement de toutes les interprétations intellectuallo-branleuses qu’une partie de la critique a faite pour n’être qu’un film fun ?
C’est sûr qu’en faisant au départ d’Edward Norton la figure du rêve d’une grande majorité d’individu (cadre avec appart sympa, la collection complète ikéa, d’ailleurs combien de vos potes ont de ses putains de meubles aux noms à la con) mais qui n’en apprécie pas la vie, on se dit que Fincher nous fait là une critique acerbe de notre société. Et quand en plus le « Héros « (cette dénomination est elle vraiment appropriée pour ce film) semble prendre en fin son pied dans l’existence c’est en vivant dans un squat, en adoptant un comportement masochiste (se faire latter la gueule par ses potes, ya mieux comme petit plaisir de la vie, non ?) et en faisant du terrorisme sur les symboles de notre société.
Fight Club est donc un hymne à une contre culture.
Et bien là aussi je répondrai que j’en sais rien !
Pourquoi ? A cause du twist final du film.
D’ailleurs je vais faire là une vraie critique sur ce film c’est que ce twist est assez prévisible, au moins autant que celui de 6ème sens. A cause de la relation Edward Norton/Helena Bonham Carter, il est facile de se rendre compte de l’inexistence (enfin seulement dans la tête d’Edward Norton) du personnage de Tyler Durden.
Edward Norton n’est donc pas totalement conscient (actif) dans les actes qu’il commet ! C’est donc son inconscient qui l’a poussé à ce comportement ! Alors on va zappé les implications freudiennes (le Je, le Moi, le Surmoi et toutes ces merdes de psychologie à 2 balles) pour simplement dire que Fincher n’a pas les couilles d’aller au bout de son propos : l’individu ne va pas par lui-même foutre en l’air le système car il n’a pas le courage de le faire.de son propre chef.
Voilà là on vient d’analyser le thème du film et putain le film en lui-même il vaut quoi ?
Et bien c’est un film sympathique même si de multiples petits défauts en atténuent l’impact.
La mise en scène est nerveuse, effet accentué par la présence quasi-permanente d’une voix off interpellant le spectateur, et elle multiplie les effets de style, les séquences chocs, les répliques qui font mouche, bref c’est très rythmé. Le souci c’est que ça dure 2 H 15 et qu’au bout d’un moment ça m’a fatigué. A vouloir trop chercher la séquence/réplique choc j’ai décroché petit à petit, trouvant que ça tournait de plus en plus à vide.
Mais bon on se laisse quand même porter par ce film (je ne dirai pas par l’histoire car si au début on se demande où tout ça nous mène, on se rend assez vite compte que ce n’est qu’un enchainement de séquences et que l’histoire on s’en cogne un peu) et surtout par ses protagonistes. Les personnages décrits sont des freaks modernes superbement interprétés.
Avec ce film je comprends enfin pourquoi les filles mouillent leurs culottes en voyant Brad Pitt ! Avec son corps de statue grecque, ses attitudes et moues provocantes il est le mâle dans toute sa splendeur. Il incarne Tyler Durden, un mec hors du système, qui suit ses propres règles, avec une maestria que jusqu’alors je ne lui connaissais pas. Il démontre qu’il est plus qu’un beau gosse à la façade lisse mais qu’il peut être carrément barge, flippant pouvant provoquer chez le spectateur aussi bien du rejet que de l’attirance en l’espace d’une fraction de seconde.
Edward Norton est lui aussi génial, tour à tour dépassé par les évènements puis en rébellion, schizophrène, lâche ou courageux.
Fight Club est donc un film pétri de qualités (une réalisation nerveuse, un casting irréprochable, un humour noir plutôt corrosif) mais un twist final prévisible, une réalisation parfois nihiliste (Fincher se fait plaisir et rallonge articiellement la durée d’un film qui aurait gagné en impact à être plus court) une volonté de choquer un poil too much amoindrissent à mes yeux sa portée, lui faisant rater ainsi la place de film majeur.
Reste une expérience qui sort de l’ordinaire et qui vaut quad même le coup, la première heure étant de très grande qualité.