Je l’ai souvent répété, mais je ne suis pas fan du tout de Jodorowsky. Je trouve ses fixettes infantiles (ou adolescentes) et ses thématiques new age complètement crétines. Sans parler de ses métaphores sexuelles lourdingues.
Seulement voilà, il a de super dessinateurs. Et donc, j’ai craqué il y a quelque temps et j’ai pris l’intégrale de Final Incal, dessiné par José Ladrönn.
Ce dessinateur mexicain, repéré par bien des lecteurs grâce à ses épisodes de Cable écrits par Joe Casey, se situe au croisement de deux influences particulièrement colossales dans le monde de la BD : d’un côté Jack Kirby, de l’autre Moebius. Dessiner une série située dans l’univers de l’Incal lui permet de croiser les deux et d’obtenir un résultat des plus saisissants.
Final Incal commence en gros là où commence et finit la série fondatrice dessinée par Moebius : John Difool tombe dans le précipice central de Cité-Puits. Mais il est recueilli par un escadron de robfliks qui fouillent dans sa mémoire afin de déterminer s’il est dangereux pour la société. Quand ils découvrent une information cruciale, ils décident de l’abattre. Mais il est sauvé par un insecte géant doué de parole.
Pendant ce temps, la population humaine est contaminée par un virus biophage qui transforme les humains en boue glougloutante. Le président se clone sous forme d’un double métallique afin de continuer son mandat, mais durant l’opération son corps est piraté par une intelligence artificielle disposée à tuer tous les humains.
Quant à John Difool, il se retrouve dans un monde ésotérique où il croise différents doubles de lui-même, et se lance dans un quête afin de se réunir avec son double féminin et de constituer une véritable arme contre les machines diaboliques.
Jodorowsky aborde donc le vieux thème éculé de la lutte entre l’homme et la machine, mais il associe cela à ses vieilles lunes, donc l’androgyne cosmique et ce genre d’âneries. Il nappe l’ensemble de dialogues théâtraux et ampoulés qui, je dois bien l’avouer, ont un charme désuet. Lourdingue, mais désuet. Donc un peu charmant.
Le gros avantage de sa narration, c’est que l’album est très rapide, ça court dans tous les sens, plein d’infos déferlent sur le lecteur, ce qui évite de s’interroger sur la naïveté de gourou du récit. Et puis bon, y a Ladrönn.
Jim