GAROU-GAROU, LE PASSE-MURAILLE (Jean Boyer)

Comédie fantastique
Long métrage français
Réalisé par Jean Boyer
Scénarisé par Jean Boyer et Michel Audiard, d’après la nouvelle de Marcel Aymé
Avec Bourvil, Joan Greenwood, Raymond Souplex, Gérard Oury…
Année de production : 1951

Garou-Garou, Le Passe-Muraille est l’adaptation d’une nouvelle de Marcel Aymé (à qui l’on doit notamment l’histoire qui a inspiré le film La Traversée de Paris) parue à l’origine dans une revue en 1941 avant d’être inclue dans un recueil de l’auteur en 1943. Ce récit, que je n’ai jamais lu, met en scène un petit employé du nom de Dutilleul qui découvre un jour qu’il a la capacité de passer à travers les murs. Il décide alors de s’amuser aux dépens de son chef de service avant de commettre des vols en les signant du pseudonyme Garou-Garou. Pour prouver à ses collègues qu’il est bien Garou-Garou, Dutilleul se fait arrêter volontairement et vu que les murs ne peuvent le retenir, il fait tourner en bourrique le directeur de la prison. Après s’être définitivement évadé, il tombe amoureux d’une femme croisée dans la rue avant de connaître une fin dramatique…

La première version ciné du Passe-Muraille a été réalisée par Jean Boyer, un spécialiste des comédies, romances et opérettes (Circonstances atténuantes avec Arletty, Romance de Paris avec Charles Trénet…). Boyer a travaillé sur le scénario avec un certain Michel Audiard, qui était alors dans les premières années de sa carrière et déjà auteur de dialogues pétillants. En ne jugeant que sur le résumé disponible sur le net (et aussi en survolant quelques avis), j’ai remarqué que Boyer et Audiard ont repris les grandes lignes de la nouvelle de Marcel Aymé tout en modifiant plusieurs éléments pour les adapter à la personnalité de leur acteur principal.

En effet, il me semble que le Dutilleul incarné par Bourvil est plus sympathique que sa contrepartie papier, plus en phase avec les rôles de gentils, de braves gars un peu naïfs campés habituellement par l’acteur. Léon Dutilleul découvre son don, dont l’origine n’est pas expliquée, par hasard et s’empresse de tout révéler à son ami peintre (Raymond « Bon Dieu…mais c’est bien sûr ! » Souplex). Un peu gêné, Léon accepte la suggestion de Jean-Paul d’aller espionner le grand monde…et lors d’une virée nocturne dans un grand hôtel, il découvre les agissements de Susan, une voleuse venue de Grande-Bretagne (Joan Greenwood et son joli accent) qui va ravir son coeur…

Si certains trucages peuvent être considérés de nos jours comme assez rudimentaires, ils ont tout de même gardé un certain charme et Jean Boyer et son responsable des effets spéciaux ont concocté de bonnes petites astuces visuelles pour illustrer les pouvoirs de Dutilleul. Les situations amusantes ne manquent pas dans la première heure (notamment lorsque Léon ridiculise son beau-frère et son patron), le scénario s’essoufflant juste un peu dans sa dernière ligne droite (tout ce qui tourne autour de la prison est un chouïa répétitif). La relation entre Dutilleul et Susan est touchante, le bonhomme au grand coeur ne devenant le cambrioleur Garou-Garou que pour lui montrer que la vie de crime ne peut mener que derrière les barreaux et la remettre dans le droit chemin…

Après cette (très) sympathique comédie menée par un excellent Bourvil, Le Passe-Muraille a connu d’autres transpositions sur le grand (le film allemand L’Homme-Miracle en 1959) et le petit écran (des téléfilms avec Michel Serrault et Denys Podalydès en 1977 et 2016). Garou-Garou, Le Passe-Muraille a même été tourné simultanément en anglais sous le titre Mister Peek-a-boo pour l’exploitation dans les pays anglophones, certains seconds rôles (comme l’ami peintre) étant remplacés par des acteurs britanniques.

1 « J'aime »

Je l’ai vu il y a des années (des décennies, peut-être…) et j’avais beaucoup aimé.

Jim

C’est aussi dans ce film que Bourvil a rencontré Gérard Oury, qui était alors acteur, plusieurs années avant que les compères se retrouvent pour Le Corniaud, La Grande Vadrouille et Le Cerveau. Gérard Oury se souvenait du tournage :

« … le Passe-muraille, c’était Bourvil, et il devait m’asséner des claques au travers des cloisons […] j’avais la tête comme une calebasse. Naturellement, après un certain nombre de prises, je ne pouvais plus me défendre d’un réflexe d’appréhension. Cela dura deux jours et fut à l’origine de vingt ans d’amitiés. »

La version anglaise est dispo ici, avec Bourvil et son fort accent. Le film est plus court, j’ai juste jeté un oeil à la première scène et on peut voir que le personnage du peintre est présenté plus rapidement et a moins de dialogues que dans la version française avec Raymond Souplex.

1713861