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C’est marrant parce que, finalement, la situation qu’il décrit, on peut l’appliquer au franco-belge : les ventes sont pas bonnes, tous les éditeurs sont dans les mêmes fourchettes, les locomotives financent le reste et compensent les pertes…
Bon, très bien.
Sauf que, pour connaître un brin l’édition de comics, je sais que les réimpressions des meilleurs titres (forcément : ils vendent bien, donc on les réimprime) atteignent des tirages qui sont bien souvent aussi élevés voire plus que les ventes de plein d’albums franco-belge. Un Batman ou un Star Wars réimprimé, c’est 2000, 4000, 5000 exemplaires. Sans évoquer les intégrales. Et on sait qu’il y a plein d’albums qui vendent mille exemplaires. Ou deux mille. Ou, au contraire, moins.
Donc déjà, faire du marché des comics l’enfant pauvre de l’édition BD, c’est un peu rapide. Et il a donc parfaitement raison de bien faire le distinguo entre « les indés » et « les super-héros » (c’est un peu rapide comme répartition : Star Wars n’est plus un indé mais pas un super-héros, mais vous voyez l’idée, et il fait bien de pointer cette disparité dans la perception du public. Les comics sont complètement dans la logique de l’arbre et de la forêt.
Très bien.
Mais c’est aussi un marché où l’investissement est moindre. Une page de franco-belge coûte plus cher qu’une page de comics. Logique. Et ensuite, il faut payer le papier, la reliure, le façonnage, le stock. Ouais, les comics ont une pagination souvent plus élevée, et justifie des prix élevés aussi, mais le rapport quantité / prix joue en leur faveur.
Du coup, la situation tendue n’est-elle pas, en définitive, celle de la bande dessinée en général ? Car oui, les chiffres ont augmenté, mais en grande partie grâce aux mangas, comme il le souligne, là encore à raison. Donc le manga serait le seul à avoir tiré ses marrons du feu ? C’est pas impossible.
Mais moi qui ai un pied dans le milieu des comics et l’autre dans celui du franco-belge, je pense que la situation d’un auteur qui évolue dans ce dernier n’est pas rose du tout. Un auteur franco-belge qui fait 400 exemplaires, il n’existe plus. Visiblement, un comic à 400 exemplaires peut avoir un tome 2. Nuff said, comme dirait un sage.
Autre idée intéressante de Sullivan, et qui là aussi pourrait s’appliquer au franco-belge, c’est celle d’une table ronde. Parce que ce qu’il a cité (la recherche des formats, le travail sur les coûts, le mercato constant des auteurs à succès), voilà autant de points qui méritent réflexion.
En gros, son podcast, il est d’autant plus valable qu’il s’applique au-delà des comics.

Jim

En revanche, il semble fermé au format souple…
Alors que ça permet de faire des économies, et donc de vendre moins cher.
C’est peut-être une voie à explorer pour éditer les titres plus confidentiels : en passant en souple, on abaisse le prix et, ainsi, on peut peut-être attirer plus de monde.
Je sais que certains ne jurent que par le cartonné, mais le souple a des avantages : c’est moins encombrant et c’est moins lourd. C’est à la fois un avantage du côté du client : plus facile à transporter et ça prend moins de place dans les bibliothèques, mais, du point de vue de la chaîne du livre, ça réduit aussi les coûts de transport et de stockage…

Tori.

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Euh…

Et dans la case comics, y a bien tous les comics ?

Blacki, il y a combien de titres en BD et combien de titres en comics, histoire de comparer ce qui est comparable ?

Tori.

GFK n’indiquent que les chiffres de vente :

La BD Jeunesse atteint ainsi les 18 Mios exemplaires achetés en 2021 . Les jeunes lecteurs sont toujours férus de leurs personnages emblématiques : parmi les 20 séries BD les plus vendues en 2021, 4 sont des séries Jeunesse avec Mortelle Adèle en tête (près de 3 Mios ex.), devant Astérix (2,5 Mios), Les Sisters (plus de 600 000 ex.) et Les Légendaires (+500 000 ex.).

Les BD de genre frôlent les 17 Mios de ventes , boostées par plus de 3 Mios exemplaires vendus respectivement en Non-Fiction/Documents (+56%) et en Science-Fiction/Fantastique (+19%). Des titres représentatifs de cette dynamique sont Goldorak (Kana), les Aventures de V.Lacoste au cinéma (Les livres du futur), Le monde sans fin (Dargaud).

Les Comics représentent toujours des volumes plus modérés avec 3,6 Mios d’exemplaires achetés cette année (+18%), portés par les aventures Marvel et Star Wars en tête.

Je parlais de titres sortis, hein, pas d’albums vendus (je ne sais pas si j’étais clair sur mon message précédent).
Parce que si les comics représentent dix fois moins de ventes que les BD, mais qu’il y a vingt fois moins de titres, ça veut dire qu’ils se vendent en moyenne deux fois mieux…
Et je crois que c’est un peu ce que veut dire Jim : certes, les comics sont un marché de niche, mais en moyenne, chaque titre se vend mieux qu’en BD franco-belge (surtout si on enlève la BD jeunesse).

Tori.

Si si

Et pas que. Donc ca peut biaiser.

Sisi d’où le fait que je dise :

mais bon faut croire que j’ai été trop subtile

Souvent crumb, sacco, clowes…corben ne sont pas du comic…

Pour le souple, il a l air de penser que le oublic n en veut pas

Voilà, déjà, ça, faudrai le résoudre.
Les décomptes en « bd jeunesse » et « bd de genres », c’est d’un flou total. Signe que ce camembert, c’est un peu la foire.

C’est ce que je dis. Merci Tori.
Sullivan ne parle pas tellement de camembert, il parle de vente par titre. Et il cite un titre (que d’ailleurs je ne connais pas, mais je ne suis plus tellement au fait de la diversité du marché) qui semble plafonner à 400 exemplaires.
Sauf que mon seul désaccord dans son analyse, c’est de dire qu’il y a d’un côté Batman / Fortnite, et de l’autre le reste, qui ne vend pas. Il va jusqu’à dire que Batman (en général : déjà, faire de Batman un catalogue fourre-tout, c’est un peu rapide) ne vend pas en comparaison. Sauf que, pour ne rester qu’à Batman, il y a des titres qui font partie du fonds de catalogue, et qui vendent par dizaines de milliers d’exemplaires. La singularité de Batman / Fortnite, c’est son démarrage, le fait qu’il accède très rapidement à 40 000 ou 50 000 exemplaires. Mais ce seuil, pas mal de titres Batman l’ont atteint, en général parce qu’il s’agit de séries (la sortie du nouveau tome entretenant les ventes du précédent, phénomène connu), mais l’ont atteint plus lentement.
Et sur le marché, il y a toute une variété de titres, tout un éventail de chiffres de ventes, entre 40 000 exemplaires et 400 exemplaires.
L’arbre et la forêt, comme toujours.
Mais l’existence de très bons succès semble perturber la perception d’à peu près tout le monde, les journalistes, les commentateurs et les éditeurs. Tout le monde se braque sur Batman / Fortnite aujourd’hui, comme hier on s’est braqués sur Walking Dead, pour dire que les comics, ça vend du feu de dieu (ou pour dire qu’à part ces titres, c’est la sinistrose, ce qui revient un peu au même, dans le mécanisme d’analyse).
La grosse différence, c’est qu’il n’y a quasiment pas de titres qui dépassent les 100 000, et sans doute aucun qui dépasse les 200 000. Il n’y a donc pas d’Astérix, par exemple, ou autre succès stratosphérique. C’est Astérix et consorts qui donnent cette allure au camembert.
Mais le marché des comics, c’est un ou deux échappés, quelques traînards qui ne survivent pas (ou alors à la faveur de l’acharnement de l’éditeur), et un peloton énorme de ventes moyennes. Et paradoxalement, ce sont ces ventes moyennes qui pérennisent l’activité et justifient l’existence de locomotives qui financent le reste.
Sur les autres points de l’analyse, je suis d’accord : les super-héros (et productions entrant dans la même sphère, je pense à Star Wars à cause de son côté grand public, au catalogue Vertigo bien connu du public depuis des décennies…) trustent le marché. Et les surenchères d’achat de droit des années récentes n’ont pas arrangé les choses.
Sullivan le dit en creux, aussi : hors le format cartonné, point de salut. Je trouve déjà miraculeux qu’Urban ait pu imposer un format moins cher et plus souple pour leur catalogue « kids ». Et pourtant, le retour à des formules à couverture souple, évoqué à mi-mots dans son intervention, serait-il envisageable ? Moins, personnellement, je trouverais ça cool (tout ce carton qui encombre les étagères, sérieux).

Jim

Désolé, j’ai lu trop vite : je n’ai lu que ta phrase et pas ce que tu mettais en-dessous… Je n’avais pas vu que les chiffres donnés étaient bien en volumes et non en valeurs.

Tori.

Genre … par exemple. … les Disney de Glénat et les Simpson. Ou Rick & Morty.

Ouais c’est ce que je sous-entendais pour l’indé.

Tout ça, c’est classé dans quoi ?

Jim

C’est justement la question.

Ah, je croyais que tu savais.

Jim

Je ne suis pas celui qui a des sources, ici.

Rick & Morty, je pense que c’est bien positionné en comics, mais les Simpsons et, surtout, les Disney, je pense que c’est en BD jeunesse.

Tori.